Le 05/02/2016
Quand on regarde les photos de Natacha Bouchart, maire de Calais depuis 2008 et réélue en 2014, on se dit que la carrière politique n’est pas un métier de tout repos.
Entre deux mandats, ces gens-là prennent aisément vingt ans dans le portrait…
Il faut reconnaître que maire de Calais n’est pas une sinécure.
La dame, si l’on ose dire, se tape les migrants et tout ce qui va avec.
Et va mal, très mal même.
C’est dire qu’elle est très très très occupée.
Il faut croire, toutefois, que cela ne lui suffit pas car elle a récemment brigué d’autres fonctions, fort chronophages elles aussi.
Elle vient, en effet, d’être élue vice-présidente de la région Nord-Pas-de-Calais-Picardie aux côtés de son ami des Républicains, le sieur Xavier Bertrand.
Grosse région, et donc grosses responsabilités pour peu qu’on veuille s’atteler sérieusement à la tâche.
D’autant (remarque en passant) que monsieur Bertrand prétend gouverner avec le shadow cabinet constitué à l’extérieur par les non-élus de la gauche déconfite plutôt qu’avec les 54 élus du Front national.
C’est ce que les Républicains et leurs amis PS appellent les valeurs républicaines et la démocratie. Mais madame Bouchart était également sénatrice depuis 2011.
Alors, entre deux, il lui a fallu choisir, trancher ce nœud gordien qu’est le cumul des mandats.
Pauvre Natacha !
Se dévouer pour la communauté, oui, mais pas, toutefois, jusqu’au martyre…
Elle a donc démissionné de son mandat de sénatrice le 11 janvier dernier.
En toute logique électorale, c’est son suppléant Jean-François Rapin qui l’a remplacée.
Jusque-là, tout va bien.
C’est après que ça se corse.
Ah, bien sûr, Xavier Bertrand, son président de région qui clame sa vertu républicaine dès qu’il ouvre la bouche, assure qu’il n’en savait rien.
« L’entourage » de la dame non plus. Jusqu’à ce que, preuves sous le nez, il leur faille reconnaître la supercherie. Comme l’a avoué Natacha Bouchart sur le plateau de Public Sénat : Jean-François Rapin et elle ont « échangé ».
C’est un concept que l’électeur ignore, et pourtant…
« Oui, a dit la dame, ce n’est pas un secret. J’ai démissionné le 11 janvier. Jean-François Rapin a échangé avec moi. Les situations ne sont pas simples et il cherchait quelqu’un pour transmettre les dossiers. Effectivement, je suis son assistante depuis le 14 ou le 15 janvier dernier. »
Un coup c’est toi, un coup c’est moi… un peu comme Poutine et Medvedev.
Également interrogé, Rapin-Medvedev a fourni des explications pour le moins lacunaires : Natacha Bouchart a « rejoint mes trois autres collaborateurs, à ma demande. J’ai besoin d’elle pour prendre connaissance des dossiers, notamment celui sur Calais. »
Ce qui ne pouvait sans doute pas se faire simplement dans le bureau de l’un ou de l’autre, et laisse supposer que le « suppléant », n’était en fait au courant de rien, et que donc il n’avait jamais secondé Mme Bouchart.
À la question sur le salaire de l’échangiste, il concède qu’elle « est rémunérée » mais « refuse de révéler son salaire ».
En toute clarté républicaine, cela s’entend.
Enfin, il jure que « cette embauche est provisoire », mais comme les bâtiments préfabriqués de l’Éducation nationale, c’est sans doute du provisoire destiné à durer puisque M. Rapin ne donne, non plus, aucune date pour la fin du contrat.
Bref, madame Bouchart, qu’on se prend parfois à plaindre pour le sort fait aux Calaisiens, est bien de l’espèce Homo politicus : persuadée que les promesses n’engagent que ceux qui les entendent.
Dans le monde ordinaire, ça s’appelle une escroquerie.
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