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vendredi 25 avril 2014

PS, la fin approche…Pas sûr qu’il meure dans la dignité .

Publié le 24 avril 2014 à 9:00 
Régis de Castelnau

Le calendrier des primaires provoque un désaccord entre François Hollande, d'une part, et DSK et Martine Aubry, de l'autre.


L’Histoire tient parfois à peu de choses.
 
 Ce qui s’est produit dans la suite numéro 2806 du Sofitel de New York le 14 mai 2011 a-t-il été le facteur déclenchant de la destruction du Parti socialiste qui se déroule aujourd’hui sous nos yeux ?
La mise hors-jeu de Dominique Strauss-Kahn à partir de ce jour-là a bouleversé un scénario qui devait permettre la réélection de Nicolas Sarkozy sans trop de difficultés.
 Le lancement par la médiacratie parisienne de la candidature de DSK était destiné à le faire triompher à la primaire socialiste.
 Les participants à celle-ci, comme autant de moutons de Panurge, ne votant pas pour le plus proche de leurs idées, mais celui que les sondages leur désignent.
 L’expérience de l’automne 2006 avec Ségolène Royal et la catastrophe qui s’en est suivie n’a pas servi de leçon.
 Je suis personnellement persuadé que pronostiquer Dominique Strauss-Kahn Président était une prophétie autoréalisatrice.
 
 Comme pour Jacques Chaban-Delmas, Raymond Barre, Édouard Balladur, Jacques Delors (lui, au moins l’avait compris), Ségolène Royal, tous élus un an avant le scrutin…
Et ce d’autant que l’affaire dite du « Carlton de Lille » était sous contrôle depuis un moment.
« On» avait prévu de la rendre publique en février 2012. Une mise en examen pour « proxénétisme aggravé » ne constituant pas un argument électoral particulièrement enthousiasmant.
  Le parti socialiste n’ayant plus alors le temps de se retourner.

Las, Nafissatou Diallo a mis à bas ce bel édifice.
À la stupéfaction de ses camarades qui le pratiquaient depuis longtemps et connaissaient donc sa piètre envergure, François Hollande adoubé à son tour par les médias parisiens, fut choisi à la primaire.
On connaît la suite.
 
 Une campagne sans contenu pour une élection de justesse qui ne fut jamais autre chose que la défaite de Nicolas Sarkozy.


L’arrivée aux manettes d’une équipe d’amateurs a produit, compte tenu de l’état politique du Parti Socialiste, ce à quoi on pouvait s’attendre.
Mais en pire.
Inutile de reprendre la litanie des contresens, des approximations, des mensonges, des capitulations. Le sommet de l’aveuglement politique fut atteint dans la façon dont fut conduite l’affaire du « mariage pour tous ».
Gaël Brüstier et Hervé Le bras, deux hommes de gauche, l’ont qualifiée « d’épouvantable ».
À force de bêtise et d’arrogance, sur une question, somme toute secondaire, qu’il n’aurait pas été très compliqué de régler avec de la mesure et de la pédagogie, le pouvoir socialiste a réussi à se mettre à dos l’électorat démocrate-chrétien provincial.
 
 Qu’il avait mis 30 ans à conquérir.
 Cette perte constitue une énorme catastrophe politique.
Que le comportement erratique postérieur ne risque pas d’arranger.
 Capitulation en rase campagne sur la loi famille, envoyant aux chrétiens un message de faiblesse. Envoi intempestif du premier ministre aux cérémonies vaticanes de canonisation qui ne concerne que les croyants.
Et pour finir, initiatives nombreuses et spectaculaires en direction des musulmans au moment de la fête de Pâques.
En omettant soigneusement de la saluer, au contraire de ce qui fut fait pour l’Aïd ou Kippour.
 N’en jetez plus.

Il y a eu tant d’autres occasions de consternation incrédule.

Les choses auraient-elles pu se passer autrement ?
  La réponse est non.
 
 Le PS était vermoulu politiquement, sans théorie, sans doctrine et sans chef.
 Il ne s’est jamais remis de la fracture du référendum de 2005.
 Ceux des dirigeants qui voyant le danger avaient choisi le Non (Fabius, Emmanuelli, Valls, Montebourg, Aquilino Morelle…) ont gagné dans les urnes mais perdu dans l’appareil.
 
 Désemparé par la bataille picrocholine et indécente entre Martine Aubry et Ségolène Royal, le parti a fini par s’en remettre à celui dont chacun s’accorde pourtant à considérer qu’il fut pendant 10 ans un catastrophique premier secrétaire.
 Porteur jusqu’à la caricature d’une ligne politique qui est celle de la soumission technocratique à l’ordre financier européen et la mondialisation libérale.
 Ce que l’on peut parfaitement appeler « la droite complexée ».
Or, le socle électoral de la gauche, ce sont bien des électeurs de gauche…
 Et là, on dirait qu’ils sont un peu contrariés.

Le résultat des élections municipales qui se caractérise par l’effondrement du socialisme municipal n’avait semble-t-il, absolument pas été prévu.
 Ni par le Président de la République ni par tous ceux qui l’entourent.
C’est absolument sidérant.
Comme le disait au mois de janvier le politologue Laurent Bouvet, « je ne vois rien qui puisse éviter au parti socialiste la déroute électorale ».
 Comment ont-ils pu à ce point s’aveugler et s’imaginer qu’ils allaient « enjamber » le scrutin?
 Ont-ils depuis simplement pris la mesure de la nature de la catastrophe ?
 Il faut croire que non.
 Les élections européennes peuvent être terribles, les électeurs de gauche continuant à voter avec leurs pieds.
 Les sénatoriales sont déjà perdues, ce qui entraînera, bien évidemment, un nouveau plan social pour les élus et les collaborateurs.
 Quant aux régionales et aux départementales de l’année prochaine, on vient d’offrir aux militants des arguments électoraux confondants : « vous allez voter pour des conseils départementaux que nous allons supprimer.
 Vous allez voter pour des Régions dont une sur deux va disparaître pour se recomposer on ne sait comment. »
 Plus mobilisateur, tu meurs…
 
 Supprimons la « clause de compétence générale » ajoute Manuel Valls.
C’est celle qui permet surtout aux collectivités d’intervenir dans le domaine social.
Bonne idée !
Et puis, on va leur faire supporter la plus grosse part de la purge de 50 milliards.
Pendant ce temps, une étude rapporte que pour « réparer la démocratie » 69 % des Français veulent que l’on donne plus de pouvoir aux collectivités locales

Nouveau plan social à prévoir en mars de l’année prochaine.
 Une petite projection des résultats des municipales donne la perte par la gauche de 30 Conseils Généraux sur les 60 qu’elle contrôle et de la totalité des Régions !
 À part peut-être le Nord-Pas-de-Calais.
 Compter entre 1500 et 2000 personnes en rade (élus vivant de leurs indemnités, emplois de cabinet, fonctionnaires d’autorité).

Et pour bien montrer à tous ces gens qu’il s’en fiche, le Président leur a bien précisé qu’il allait enjamber toutes ces échéances et faire « tapis » sur la baisse du chômage.
 Condition pour qu’il se représente en 2017…

Les parlementaires socialistes peuvent grommeler, gémir, protester, ils sont dans la nasse et ne peuvent rien faire. Ils n’ont pas été élus pour eux-mêmes. Le système mis en place par Lionel Jospin fait qu’ils ne doivent leur élection qu’à celle, antérieure de quelques semaines, de François Hollande.
 Voter la censure ?
Ce serait la dissolution et de 300 ils reviendraient à 50.
 Et ne pourraient pas aller se réfugier dans les collectivités locales en attendant le retour du beau temps.
Ce serait donc Pôle Emploi.
 Et espérer un miracle en 2017 ?
Soyons sérieux, même pas en rêve.

La disparition de ce Parti Socialiste là apparaît inéluctable.
 Et si finalement ce n’était pas pour la gauche une bonne chose ?
Cette démonstration irréfutable que le roi était nu n’était-elle pas le préalable à la reconstruction d’une véritable force de gauche héritière de celle qui existe dans ce pays depuis plus de 200 ans ? Capable à nouveau de penser la société et le monde qui vient et de croire à la possibilité de le transformer.

J’avais, au début de cet article relevé la dimension stochastique de « l’événement Nafissatou Diallo ». Qui avait permis par enchaînement la défaite de Nicolas Sarkozy et la victoire de François Hollande. Pour aboutir à la destruction du Parti Socialiste.

En fait, non, c’est peut-être la providence.
La providence ?
 Comme disait le prix Nobel de physique Richard Feynman, autre solide matérialiste, face aux interrogations sur le fer à cheval porte-bonheur qui ornait son bureau : « Il paraît que ça marche même quand on n’y croit pas. »

*Photo : Bernard BISSON/JDD/SIPA. 00674846_000028.

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