Marie Delarue
Les forces de police sont fâchées avec beaucoup de choses. En vrac : l’orthographe, les ordinateurs, le vouvoiement, et puis les chiffres.
Dans l’exercice quotidien de leur sacerdoce, les forces de police, c’est un fait constaté, sont fâchées avec beaucoup de choses.
En vrac : l’orthographe, les ordinateurs, le vouvoiement, et puis les chiffres.
Ah, les chiffres…
C’est leur bête noire.
Surtout depuis qu’un ministre de l’Intérieur nommé Sarkozy leur a imposé « la politique du chiffre ».
Avec ses sourires grimaçants et son épaule qui remonte, l’énervé leur a fichu la trouille.
Depuis, allez comprendre pourquoi, c’est la java dans les commissariats.
Surtout à Paris.
Bien sûr, on peut comprendre : fin 2005, les « émeutes de banlieue ».
Moi qui habite un-arrondissement-populaire-de-Paris, je peux vous le dire : malgré l’hiver, il faisait aussi très chaud dans la capitale.
Mais chuutttt !
Fallait pas affoler les touristes avec les feux de poubelles et de bagnoles, quand ce n’était pas d’immeubles.
Et Sarko y pensait déjà en se rasant : dans 17 mois, il ferait président.
Alors en prévision de son nouveau job, il a pondu courant 2006 deux directives pour la maréchaussée dans le but de « minorer les statistiques ».
L’une en février et l’autre en décembre, pour suggérer au fonctionnaire qui reçoit la plainte « d’ajuster la qualification pénale des dégradations délictuelles ».
C’est comme on vous le dit.
Une fois arrivée au pouvoir, la gauche a commandé un rapport, pointé les chiffres, dénoncé les dérives qui avaient permis aux uns et aux autres d’afficher « de bons résultats » et à Super Sarko de quitter la place Beauvau pour passer cinq ans à l’Élysée tout proche.
Et puis… et puis tout cela a continué.
Particulièrement à Paris.
Un document de l’IGA (Inspection générale de l’administration) vient d’être rendu public, reprenant le rapport en question.
On savait déjà que 130.000 « faits de délinquance », environ, avaient disparu des fichiers, évaporés entre 2007 et 2012 sur tout le territoire.
On sait aujourd’hui que 15.000 ont été gommés à Paris pour la seule année 2011. Et que cela a perduré sous Manuel Valls.
À la préfecture de police de Paris, la fameuse politique du chiffre est bien rôdée.
Primo : le classement vertical.
De 10.000 à 13.000 faits par an partent directement au panier.
Dans le même ordre d’idées, on peut « modifier l’unité de compte pour certaines infractions ». Exemple : prenons un jeune homme à capuche qui, pour rompre l’ennui, casse – ou incendie – dix voitures dans une rue.
Eh bien, au lieu d’enregistrer dix faits, « on peut n’en compter qu’un ». « Cette pratique est courante », souligne l’IGA.
Secundo : reporter les chiffres. « Dès que les objectifs assignés à un commissariat étaient atteints pour le mois, une fois le quota de plaintes rempli, les policiers arrêtaient d’entrer statistiquement tous les autres actes, jusqu’au mois suivant », lit-on dans le rapport.
Dit autrement : à partir du 25 ou du 26, c’est « circulez, y a rien à voir ».
Pas de bol si vous vous faites agresser le 27, hein, z’aviez qu’à faire attention.
Tertio : renommer les faits.
Et là, c’est du grand art.
De la poésie. La porte ouverte à l’imagination.
On a arraché votre porte au pied-de-biche pour mieux vous cambrioler ?
C’est une simple « dégradation de matériel ».
Un malfaisant a agressé dans l’ascenseur la petite mémé du troisième pour lui faire les poches ?
C’est juste une « escroquerie à la carte bancaire »…
Comme le dit un commentateur : « Il faut éviter de faire grimper les chiffres dans les rubriques qui indisposent l’opinion. »
Officiellement, donc, « de 10.000 à 13.000 faits par an partent directement au panier ».
Et ce sont là des faits « enregistrés ».
Mais combien ne le sont pas ?
Combien de cambriolages, de vols à la tire, d’agressions ne seront jamais déclarés par des victimes qui se disent « à quoi bon » ?
J’évoquais déjà, l’autre jour, la méchante histoire – loin d’être isolée – que mon immeuble a connue en 2005.
Je cite le P.-V. : « Un incendie volontaire a été allumé à 4 heures du matin sur la nourrice d’alimentation de gaz sur rue […] Cet incendie a eu pour conséquence de faire exploser la chaufferie de l’immeuble […] Les dégâts sont très importants ».
Par miracle, il n’y eut heureusement pas de morts.
Tout le monde, dans la rue, connaissait les auteurs des faits.
Et que croyez-vous qu’il advint ? Ce fut classé « sans suite ». Il est vrai que c’était le… 26 novembre.
En vrac : l’orthographe, les ordinateurs, le vouvoiement, et puis les chiffres.
Ah, les chiffres…
C’est leur bête noire.
Surtout depuis qu’un ministre de l’Intérieur nommé Sarkozy leur a imposé « la politique du chiffre ».
Avec ses sourires grimaçants et son épaule qui remonte, l’énervé leur a fichu la trouille.
Depuis, allez comprendre pourquoi, c’est la java dans les commissariats.
Surtout à Paris.
Bien sûr, on peut comprendre : fin 2005, les « émeutes de banlieue ».
Moi qui habite un-arrondissement-populaire-de-Paris, je peux vous le dire : malgré l’hiver, il faisait aussi très chaud dans la capitale.
Mais chuutttt !
Fallait pas affoler les touristes avec les feux de poubelles et de bagnoles, quand ce n’était pas d’immeubles.
Et Sarko y pensait déjà en se rasant : dans 17 mois, il ferait président.
Alors en prévision de son nouveau job, il a pondu courant 2006 deux directives pour la maréchaussée dans le but de « minorer les statistiques ».
L’une en février et l’autre en décembre, pour suggérer au fonctionnaire qui reçoit la plainte « d’ajuster la qualification pénale des dégradations délictuelles ».
C’est comme on vous le dit.
Une fois arrivée au pouvoir, la gauche a commandé un rapport, pointé les chiffres, dénoncé les dérives qui avaient permis aux uns et aux autres d’afficher « de bons résultats » et à Super Sarko de quitter la place Beauvau pour passer cinq ans à l’Élysée tout proche.
Et puis… et puis tout cela a continué.
Particulièrement à Paris.
Un document de l’IGA (Inspection générale de l’administration) vient d’être rendu public, reprenant le rapport en question.
On savait déjà que 130.000 « faits de délinquance », environ, avaient disparu des fichiers, évaporés entre 2007 et 2012 sur tout le territoire.
On sait aujourd’hui que 15.000 ont été gommés à Paris pour la seule année 2011. Et que cela a perduré sous Manuel Valls.
À la préfecture de police de Paris, la fameuse politique du chiffre est bien rôdée.
Primo : le classement vertical.
De 10.000 à 13.000 faits par an partent directement au panier.
Dans le même ordre d’idées, on peut « modifier l’unité de compte pour certaines infractions ». Exemple : prenons un jeune homme à capuche qui, pour rompre l’ennui, casse – ou incendie – dix voitures dans une rue.
Eh bien, au lieu d’enregistrer dix faits, « on peut n’en compter qu’un ». « Cette pratique est courante », souligne l’IGA.
Secundo : reporter les chiffres. « Dès que les objectifs assignés à un commissariat étaient atteints pour le mois, une fois le quota de plaintes rempli, les policiers arrêtaient d’entrer statistiquement tous les autres actes, jusqu’au mois suivant », lit-on dans le rapport.
Dit autrement : à partir du 25 ou du 26, c’est « circulez, y a rien à voir ».
Pas de bol si vous vous faites agresser le 27, hein, z’aviez qu’à faire attention.
Tertio : renommer les faits.
Et là, c’est du grand art.
De la poésie. La porte ouverte à l’imagination.
On a arraché votre porte au pied-de-biche pour mieux vous cambrioler ?
C’est une simple « dégradation de matériel ».
Un malfaisant a agressé dans l’ascenseur la petite mémé du troisième pour lui faire les poches ?
C’est juste une « escroquerie à la carte bancaire »…
Comme le dit un commentateur : « Il faut éviter de faire grimper les chiffres dans les rubriques qui indisposent l’opinion. »
Officiellement, donc, « de 10.000 à 13.000 faits par an partent directement au panier ».
Et ce sont là des faits « enregistrés ».
Mais combien ne le sont pas ?
Combien de cambriolages, de vols à la tire, d’agressions ne seront jamais déclarés par des victimes qui se disent « à quoi bon » ?
J’évoquais déjà, l’autre jour, la méchante histoire – loin d’être isolée – que mon immeuble a connue en 2005.
Je cite le P.-V. : « Un incendie volontaire a été allumé à 4 heures du matin sur la nourrice d’alimentation de gaz sur rue […] Cet incendie a eu pour conséquence de faire exploser la chaufferie de l’immeuble […] Les dégâts sont très importants ».
Par miracle, il n’y eut heureusement pas de morts.
Tout le monde, dans la rue, connaissait les auteurs des faits.
Et que croyez-vous qu’il advint ? Ce fut classé « sans suite ». Il est vrai que c’était le… 26 novembre.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Ici, les commentaires sont libres.
Libres ne veut pas dire insultants, injurieux, diffamatoires.
À chacun de s’appliquer cette règle qui fera la richesse et l’intérêt de nos débats.
Les commentaires injurieux seront supprimés par le modérateur.
Merci d’avance.