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samedi 2 novembre 2013

Panne tragique à l'Elysée.

François Hollande, le 23 février 2013. (AFP PHOTO/POOL/THIBAULT CAMUS)
 François Hollande, le 23 février 2013. (AFP PHOTO/POOL/THIBAULT CAMUS)

Il faut sans doute remonter à la nomination d'Edith Cresson à Matignon pour trouver un tel chaos au sommet de l'Etat.
 
Les retraites ? Dites plutôt la retraite. L'Histoire, qui est farceuse, retiendra peut-être que le seul dossier que Hollande ait réussi à mener à bon port, cet automne, est précisément celui pour lequel on lui promettait le pire.
En abattant ses cartes, dès la fin août, avec une réforme réglée au millimètre, le chef de l'Etat pensait pouvoir entamer le chemin de la reconquête.
 Toute la stratégie hollandaise était fondée sur un seul mot : "résultat". Après l'effort, le réconfort.
 Avec en toile de fond la reprise de la croissance et l'inversion promise de la courbe du chômage. Tout cela est aujourd'hui à l'eau.

"Sont-ils si nuls ?"

La séquence tragique qui a fait exploser le hollandisme présidentiel a commencé avec la reculade en Syrie.
 Elle vient de trouver son point d'aboutissement, en à peine deux week-ends, avec l'affaire Leonarda et l'aller-retour sur la taxation de l'épargne.
 Qui dit mieux ? "Sont-ils si nuls ?" titrait "le Nouvel Obs" à la rentrée 2012. Aujourd'hui, la seule retouche à cette manchette serait d'en enlever le point d'interrogation.
Il faut remonter très loin pour retrouver pareil chaos au sommet de l'Etat.
 Edith Cresson, dans le genre, avait installé un modèle.
 Mais elle n'était que Premier ministre et son mandat n'avait pas duré plus d'un an.
 Le problème de Hollande est d'être président pour près de trois ans et demi encore. Son crédit est au plus bas et il ne faut pas chercher plus loin les causes de tous ses nouveaux malheurs.
Au pouvoir, la faiblesse est synonyme d'impuissance et l'extrême faiblesse conduit à l'impuissance absolue.
 Il n'existe plus la moindre initiative ou le moindre geste qui ne se retourne contre celui qui l'a pris. Plus de confiance, plus d'obéissance.
 La loi du chacun pour soi est désormais la règle.
Celle des députés affolés comme des citoyens déboussolés ou des lobbys déchaînés.
C'est ainsi que la panne devient totale.

L'erreur de Hollande

L'écotaxe avait été votée, sous Sarkozy, dans un beau consensus de la droite et de gauche.
 C'est le même qui exige désormais son retrait, en Bretagne.
 Dans un récent sondage BVA, on a appris que pour 47% des Français, la remise en cause des 35 heures serait "une mesure courageuse".
 Dans une proportion identique, ils estiment pourtant que cette loi, adoptée sous Jospin, a été "l'une des plus courageuses" de ces trente dernières années.
Comprenne qui pourra... L'erreur de Hollande, dans une période de crise où le pays attendait une boussole, a été de croire que l'équilibre était un idéal, que l'arbitrage était un signe de justice, et la synthèse, une forme de rassemblement.
 Il est parfois dangereux d'être trop subtil. Quand l'opinion s'emballe à force d'angoisses accumulées, elle ne voit dans pareille méthode qu'art de la défausse ou goût immodéré de la non-décision.
Pour se venger de ne plus rien comprendre, les Français organisent une résistance qui est encore passive faute d'avoir su trouver une mesure contre laquelle ils pourraient se fédérer.
 C'est sans doute pour cela qu'à l'Elysée reculade et déminage sont désormais de mise. Tous aux abris.
 Cela permet peut-être d'attendre. Sûrement plus de gouverner.

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