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dimanche 17 novembre 2024

Scholz parle à Poutine : Zelensky est furieux, mais c’est un nouveau tournant


© European Union via Wikimedia commons 
 
 © European Union via Wikimedia commons

 

Olaf Scholz ne sera peut-être plus chancelier, dans quelques mois. 

Mais l'Histoire retiendra que, parmi les dirigeants européens, c'est ce chancelier social-démocrate qui aura été à l'origine de la fin de la guerre en Ukraine. En effet, après toute une série d'initiatives tempérant les surenchères va-t-en-guerre des pro-Ukraine et souhaitant des négociations de paix avec la Russie, comme ses déclarations de début septembre commentées par Georges Michel, il vient de franchir un nouveau pas : il a téléphoné à Poutine, deux ans après la rupture des contacts. Le Monde souligne l'importance du geste : « Il s’agit du premier échange formel depuis deux ans, non seulement entre le chancelier et le président russe, mais aussi entre un dirigeant occidental et le chef du Kremlin. »

La teneur de l'entretien

Le chancelier a réitéré la condamnation de l'agression russe et la mobilisation de troupes nord-coréennes, mais ausi demandé à la Russie de démontrer qu’elle serait « prête à des négociations sérieuses avec l’Ukraine dans le but de parvenir à une paix juste et durable ». Un appel pour la paix, donc. De son côté, Poutine a mis en avant les « nouvelles réalités territoriales », avec une progression continue des troupes russes : « De potentiels accords doivent tenir compte des intérêts de la Fédération de Russie concernant la sécurité, se fonder sur les nouvelles réalités territoriales et, surtout, s’attaquer aux causes profondes du conflit », selon les propos du porte-parole du Kremlin rapportés par les agences de presse russes. Il a répété que la « crise en Ukraine était le résultat direct de nombreuses années de politique agressive de l’OTAN ».

Quoi qu'en pensent certains dirigeants occidentaux, il va bien falloir entendre enfin cette lecture des événements. Évidemment, Zelensky a condamné l'initiative allemande : pour lui, Scholz a « ouvert la boîte de Pandore » avec cette « tentative d’apaisement » envers Moscou, utilisant la rhétorique des années 30 face à Hitler. Il était dans son rôle.

Les raisons de Scholz

L'initiative de Scholz était prévisible et s'inscrit au carrefour de trois logiques convergentes, et convergentes vers des négociations de paix. D'abord, bien sûr, l'élection historique de Trump, et sa promesse de mettre fin rapidement à cette guerre. Zelensky lui-même l'a reconnu : « Il est certain que la guerre se terminera plus tôt avec les politiques de l’équipe qui va maintenant diriger la Maison-Blanche. C’est leur approche, leur promesse à leur société. » Même si Le Monde a raison de souligner que « personne ne sait encore ce que le 47e président des États-Unis veut réellement faire », il a probablement encouragé Scholz dans son initiative. Ensuite, le chancelier a été poussé par des considérations intérieures : le soutien à l'Ukraine, très coûteux pour l'économe allemande, y est moins populaire, et il va au devant d'élections difficiles, dans un contexte de poussée de l'Afd. Dans un pays longtemps dominé par l'idéologie pacifiste, il y a là un moyen de redorer une image dégradée. Enfin, il y a la réalité du terrain : celui du front, que l'armée russe grignote village après village ; et celui de la géopolitique : l'Allemagne a tout intérêt (et l'Union européenne, évidemment) à une pacification durable de cette Osteuropa indispensable à sa puissance. Avec cet alignement des planètes, en ces lendemains de 11 novembre, il n'est pas interdit de penser que Scholz ait aussi perçu à quel point un nouvel hiver de guerre - et d'une guerre qui ressemble parfois autant à 14-18, avec ses dizaines de milliers de morts et de blessés, qu'à la Guerre des étoiles - serait une nouvelle honte pour l'Europe.

Évidemment, pour nous Français, ce coup de fil Scholz-Poutine souligne douloureusement l'absence de la France : un chancelier allemand, même affaibli intérieurement, pèse donc plus sur la scène européenne et mondiale que notre Président français, aux positions erratiques et à la parole démonétisée. Comme le redoutait Georges Michel, il y a deux mois, on peut craindre « que la France, [...] n’ait à se contenter d’un strapontin à la table des négociations et de miettes lorsqu’il s’agira de penser reconstruction et gros sous ».

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