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dimanche 3 novembre 2024

[Point de vue] Guerre d’Algérie : Macron, le repentant. Et pendant ce temps…


Capture d'écran présidence de la République
Capture d'écran présidence de la République

 

Un Président de cohabitation s'estime déchargé des affaires intérieures et n'a d'yeux que pour l'étranger.

 Et l'étranger, pour Macron, c'est d'abord, encore et toujours, le Maghreb. 

Une visite officielle au Maroc, devenue indispensable vu les mauvaises manières du gouvernement algérien à notre égard, est immédiatement rééquilibrée par une énième déclaration de repentance en faveur de l'Algérie. Pour les familles des dizaines de victimes françaises de la Toussaint rouge du 1er novembre 1954, qui n'auront eu droit à aucune parole mémorielle, l'affront est double : Macron, appliquant scrupuleusement le plan de repentance dicté par son conseiller Benjamin Stora, a donc reconnu, dans un communiqué très officiel publié sur le site de la présidence de la République, qu'un dirigeant du FLN à l'origine de l'insurrection de 1954 avait été assassiné par l'armée française : « [le président de la République] reconnaît ce jour que Larbi Ben M’hidi, héros national pour l’Algérie et l’un des six dirigeants du FLN qui lancèrent l’insurrection du 1er novembre 1954, a été assassiné par des militaires français placés sous le commandement du général Aussaresses. » En revanche, pas un mot dans ce communiqué sur les victimes civiles massacrées par le FLN, ce 1er novembre 1954.

La question n'est pas tellement celle des faits, que les historiens ont établis, et le principal protagoniste (le général Aussaresses) reconnus. Encore faudrait-il qu'ils soient « recontextualisés », comme aiment à le dire les historiens de gauche, quand ça les arrange : il s'agissait d'une guerre, où les civils français étaient des cibles, et frapper l'organisation ennemie à sa tête faisait partie des choix les plus économes en vies humaines.

Non, ce qu'il y a de gênant, dans ce nouvel acte de repentance, c'est le contexte actuel dans lequel Emmanuel Macron le fait. D'abord, il apporte de l'eau au moulin insatiable de la haine antifrançaise qui est devenue le carburant du régime algérien. Et on peut être certain que la France n'en retirera aucune contrepartie. Il devrait le savoir, au bout de sept ans d'affronts... Ensuite, cet auto-dénigrement de la France et de son Histoire par son Président alimente évidemment le sentiment antifrançais au sein de l'immigration algérienne, et plus largement arabo-musulmane, de France, et de ses descendants.

Est-ce vraiment judicieux, en 2024, plus d'un an après les émeutes consécutives à la mort de Nahel ? Enfin, cette reconnaissance des ombres côté français serait acceptable si elle ne fonctionnait pas toujours à sens unique et ne se doublait du rappel des horreurs du FLN, celles du 1er novembre 1954 comme celles qui ont suivi jusqu'en 1962.

Un acte de reconnaissance, qu'on imagine préparé avec soin depuis plusieurs jours, mais qui tombe au moment même où la France a connu une nuit de violences dans plusieurs villes, violences visiblement dues au narco-trafic : Poitiers, dont le symbole a été rappelé par Gabrielle Cluzel et Marc Baudriller, mais aussi Rennes, Clermont-Ferrand, Valence, etc. D'un côté, un Président, déconnecté, tout à ses obsessions mémorielles. De l'autre, la réalité de notre société française d'aujourd'hui.

Or, ces règlements de comptes, monnaie courante à Marseille et Grenoble, semblent susciter une certaine prise de conscience. Même le maire écologiste de Poitiers, Léonore Moncond’huy, a évoqué « un épisode inédit » qui « témoigne d’une évolution assez lourde de la société ». Pas si inédit, d'ailleurs, puisqu'elle a reconnu que le quartier avait beaucoup pâti des violences urbaines de l’été 2023 après la mort de Nahel. Le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, qui s'est rendu à Rennes, s'est montré plus direct : « Les "narcoracailles" n’ont plus de limites […]. Ces fusillades, ça ne se passe pas en Amérique du Sud, ça se passe à Rennes, à Poitiers […]. On est à un point de bascule. » Évoquant une France en voie de « mexicanisation », il a ajouté : « Moi, je vois bien d’ailleurs, sur le territoire français, des enclaves, des mini-États, des narco-enclaves qui sont en train de se constituer. Je vois bien, dans les rapports qu’on me fait, s’étendre la toile de la corruption qui menace jusqu’à notre souveraineté. » Tout cela devrait préoccuper au plus haut point un président de la République digne de ce nom.

Son rôle n'est pas de refaire l'Histoire, soixante-dix ans après, pour vainement complaire à un régime étranger inamical, une immigration mal intégrée et une gauche embourbée dans son idéologie, mais de nous prémunir contre les dangers qu'il a laissés s'installer ici et qui ont franchi, depuis hier, un nouveau cap. Pour le moment, le soldat Retailleau semble bien seul, au sommet de l'État, sur le front...

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