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dimanche 11 août 2024

JO : Macron offre un « after » à son peuple. Tout n’est que fête


Capture d'écran Ben-Hur Capture d'écran Ben-Hur

 

 

Le GO en chef des JO l’a annoncé lui-même, sur X : « 14 septembre 2024. Avenue des Champs-Élysées. Rendez-vous pour célébrer nos athlètes. » 

 C’est le petit plus commercial offert par la maison Macron. La surprise du chef : une grande parade sur « la plus belle avenue du monde ». Passons sur le français approximatif : on célèbre une victoire, un événement ; pas certain que l'on célèbre des personnes. Mais, bon... Comment, en tout cas, ne pas adhérer à cette belle idée au risque de passer pour un rabat-joie, un pisse-froid et, pour tout dire, un mauvais Français ? Le bon peuple sera en liesse et Macron distribuera les accolades à tour de bras. De bien belles images en perspective.


Prolonger la « magie » des JO

Avec cette annonce faite à son peuple, le Président imagine sans doute poursuivre la « magie » de ces Jeux au-delà de la trêve olympique qu’il a souverainement instituée et enjamber les réalités. Cela fait bientôt un mois que le pays est dirigé par un gouvernement démissionnaire – un record olympique sous la Ve République -, qu’en principe, ce gouvernement n’a le droit que d’expédier les affaires courantes, que la France est sous le coup d’une procédure de l’Union européenne pour déficit excessif, mais il ne faudrait surtout pas gâcher la fête. Faites le compte : entre le « before », le show proprement dit et maintenant l’« after », la France aura vécu plus de deux mois sous perfusion des JO. Un record, là aussi. Certes, ce n’est pas tous les jours qu’on organise un tel événement, mais l’exploitation qui en est faite par Macron frôle désormais la pornographie, notamment dans le contexte politique et social que l’on sait.

Du pain et des jeux

Emmanuel Macron, à plusieurs reprises, a été comparé à Néron.

On relira la chronique de notre confrère Stéphane Buffetaut. C’est peut-être prêter au huitième président de la Ve République des talents qu’il n’a pas. Quoique. Cependant, comment ne pas voir, toutes proportions gardées, une certaine similitude entre les événements actuels et ceux que connut Rome sous le cinquième et dernier empereur de la dynastie des Julio-Claudiens. Dans la Vie des douze Césars, Suétone nous raconte que Néron « donna des spectacles nombreux et variés ; tels que des jeux appelés Juvénaux, des fêtes dans le Cirque, des représentations théâtrales, des combats de gladiateurs… » La fête devait être belle puisque, poursuit Suétone, « chaque jour, on distribua au peuple des provisions et des présents de toute espèce : des oiseaux par milliers, des mets à profusion, des bons payables en blé… » Néron, du reste, n’hésitait pas à s'impliquer personnellement, comme on dit aujourd'hui. « Il regarda ces jeux du haut de l'avant-scène. Il fit construire, en moins d'un an, près du Champ de Mars, un amphithéâtre en bois, pour un spectacle de gladiateurs, où il ne laissa mettre à mort aucun des combattants, même parmi les criminels. » Grâce à lui, le sport prit une grande place dans la vie de la cité. En effet, « il fut le premier qui établit à Rome des jeux quinquennaux, composés, comme chez les Grecs, de trois genres de divertissements, de musique, de courses à cheval et d'exercices gymniques, et il les appela Néroniens ». Néron aimait aussi se donner en spectacle. « Il descendit ensuite dans l'orchestre, au milieu du Sénat, et reçut la couronne d'éloquence et de poésie latine, de l'avis unanime de ses concurrents mêmes, qui étaient les plus illustres citoyens de Rome. » Bref, du pain et des jeux.

Et, accessoirement, son boulot d’empereur ? « Il ne répondait guère aux demandes des plaideurs que le lendemain, et par écrit. Quand il se retirait pour délibérer, il n'opinait ni en commun ni devant tout le monde ; mais, sans rien dire, il lisait à l'écart les opinions écrites par chacun des juges, et il prononçait la sentence qui lui plaisait, comme si elle eût été l'expression de la majorité des avis. » Vous avez dit majorité ? Pour finir, « il n'épargna pas même le peuple de Rome ni les murs de sa patrie. Un de ses familiers ayant cité, dans la conversation, ce vers grec : "Que tout s'embrase et périsse après moi", "Non, répondit-il, que ce soit de mon vivant" ; et il accomplit sa menace. » On devrait lire plus souvent Suétone. Mais que la fête continue...

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