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jeudi 6 juin 2024

France 2 : quand Lassalle, Asselineau et Philippot dynamitent le débat


Capture d’écran (42)

 

Ce 5 juin, Pascal Praud évoquait, dans son émission matinale L’Heure des pros, le débat des « petits » candidats diffusé ce 4 juin, sur France 2, en deuxième partie de soirée, rassemblant huit têtes de liste que les réseaux sociaux qualifient de « seconds couteaux ».

 « On aurait dû ne retransmettre que les petits candidats, estime Pascal Praud, séduit. Car je vous assure, Asselineau, Lassalle, on en pense ce qu’on veut, mais il y a quelque chose d’original et de très intéressant, justement, à écouter. »

Pas faux. Les antennes du service audiovisuel public diffusent là un air inédit, très loin du macronisme béat, du « LFisme » pour les nuls et du mondialisme bêtassou habituels. Sous les projecteurs de France Télévisions, tard le soir, s’expriment sans doute les porte-parole de ces 50 % de Français qui ne se déplaceront pas aux urnes. Il y en a pour tous les goûts. De l’extrême gauche de Nathalie Arthaud (Lutte ouvrière), revenue du diable Vauvert, aux très solides Frexiters Florian Philippot (Les Patriotes) et François Asselineau (UPF), tous deux énarques, en passant par l’écolo centriste Jean-Marc Governatori, l’inénarrable berger Jean Lassalle (L’Alliance rurale) ou Hélène Thouy (Parti animaliste), aussi sensible au sort des animaux qu'indifférente voire franchement hostile aux éleveurs français.

« Renverser cette société capitaliste »

Robinets d’eau tiède, s’abstenir. Tiré au sort, Asselineau ouvre le bal : « Tout ce que je dis depuis 17 ans s’est révélé exact », commence le patron de l’UPR. Il propose « la libération de l’UE », qualifiée de « dictature antisociale », la « libération de l’euro », qui nous ruine et provoque un endettement croissant, et la sortie de l’OTAN. Au moins, c’est clair. Mêmes thématiques et convictions proches du côté de Philippot, à tel point qu’on se demande pourquoi ils ne font pas liste commune. 

Pour éviter la Troisième Guerre mondiale qui vient, l’ancien lieutenant de Marine Le Pen veut quitter l’UE et l’OTAN. Asselineau et Philippot exploitent, sans prendre de moufles, le terrain abandonné par le RN.

À gauche, c’est plus folklo. Le centriste vert Jean-Marc Governatori en a contre Marie Toussaint, la candidate d’EELV, et contre Sandrine Rousseau, sans que l’on comprenne très bien pourquoi, mais son animosité est communicative. Pour Pierre Larrouturou (Changer l’Europe), la France fait du… « dumping fiscal », Macron et Le Maire ont donc la main molle sur les impôts ! Lui a trouvé un moyen de ramener 57 milliards d’euros de plus dans les caisses, rien qu’en taxant la spéculation… dans le pays le plus taxé de l’OCDE !

Nathalie Artaud se fiche bien des impôts : elle veut « renverser cette société capitaliste ». Elle est furieuse, Nathalie Artaud, contre « ce cirque politique, cette comédie ». « Le Parlement européen comme le Parlement français sont des paillassons sur lesquels s’essuie les pieds le grand capital. » Elle veut des objectifs de lutte. « Les travailleurs, l’Europe ne peut rien pour eux », dit-elle. Tellement vintage, un air d'Union soviétique ou d'Hugo Chávez, une madeleine de Proust…

Dans ce chaos d’idées, les deux candidats du Frexit ne lâchent rien sur l’Europe : les partis de droite opposés à l’Europe actuelle - RN, Reconquête et même Bellamy - « ne feront rien du tout car ils ne le pourront pas : la Commission a le monopole des initiatives, tranche Philippot. Il faut sortir de l’UE, tout le reste, c’est du pipeau. » Asselineau confirme. On ne changera jamais les textes des traités européens, puisqu’il faudrait mettre 27 pays d’accord : « Impossible », dit-il. Il faut claquer la porte, voilà tout. Rafraîchissant, dirait Pascal Praud.

« Une dictature qui ne dit pas son nom »

Du reste, le journaliste de France Télévisions Guillaume Daret alimente nos deux Frexiters en rappelant que la France est la nation la plus critique vis-à-vis de l’UE : 27 % des Français ont une opinion positive du Parlement européen. Un sur quatre, c’est peu...

Alors, les deux Frexiters ne cachent pas leur colère sur le déroulé et les règles de cette campagne. « Huit candidats ont eu 92 % du temps de parole, ce n’est le cas dans aucun pays démocratique », tempête Asselineau, qui affirme avoir saisi les observateurs de l’OSCE. La télévision publique diffuse ce débat « à une heure où personne ne regarde », peste-t-il. Et « la façon dont se déroulent ces élections » est, pour lui, « un scandale ». Lorsque Asselineau dénonce « une dictature qui ne dit pas son nom », Jean Lassalle applaudit de nouveau. Ambiance... Les murs de France Télévisions tremblent.

Philippot prend le relais : « L’UE saccage notre industrie, nos libertés, l’énergie, la santé. » Du reste, au Royaume-Uni, le Brexit donne des fruits : le pouvoir d’achat des Britanniques a été multiplié par quinze, assure-t-il, le SMIC britannique a crû de 10 % et l’immigration est en baisse. Un air soumis aux « vérificateurs » de Libération. Ils ont le temps : on n'entendra plus tous les jours ce type de propos sur les antennes publiques. « Tuons l’UE avant qu’elle ne nous tue ! », conclut Asselineau. Jean Lassalle se réveille. Remonté contre les journalistes, furieux d’être là si tard, le candidat berger considère qu’il ne sert à rien de se donner trop de mal. « L’Europe va s’effondrer d’elle-même, ce sont les dernières élections européennes : tout le monde s’en fout, au niveau national et au niveau européen, c’est pareil. » « Original et intéressant », dit Pascal Praud. Rafraîchissant, même.

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