L’insécurité étant de plus en plus inquiétante, les Français s’organisent.
Ainsi, à en croire une enquête d’opinion d’Odoxa pour Le Figaro, « 74 % » de nos compatriotes se « déclarent peu confiants quant à la capacité du gouvernement d’assurer leur sécurité ». Et sont « 85 % à comprendre les associations de voisins », même si 71 % craignent que ces associations informelles d’autodéfense puissent « dégénérer ».
Toujours selon la même source, les ventes de bombes lacrymogènes explosent, tout comme les inscriptions aux cours de sports de combat et aux stands de tir sont en hausse exponentielle. Inutile de préciser que la motivation principale n’a généralement que peu à voir avec le goût de la compétition.
Des Français légalistes mais inquiets
Pourtant, et ce, à rebours des fantasmes d’une certaine extrême gauche, les Français demeurent légalistes, « 75 % » estimant que « c’est à la Justice de rendre la justice et pas aux Français eux-mêmes et entre eux », à en croire un autre sondage, réalisé par Elabe pour BFM TV. Ce qui n’empêche pas nos compatriotes d’estimer, toujours selon cette même étude, que « 91 % des Français se disent inquiets à l’idée qu’il y ait plus de violences et d’affrontements entre groupes sociaux à l’avenir ».
Voilà qui, à la fois, n’est pas plus réjouissant qu’étonnant. Certes, l’insécurité n’est pas un phénomène nouveau. Sous l’Ancien Régime, alors qu’un roi tel que Louis XIV n’était pas particulièrement connu pour son laxisme en matière judiciaire, il y avait déjà des endroits, dans les villes et les campagnes, où il ne faisait pas bon se promener dès la nuit tombée. La différence, c’est qu’à l’époque, la Justice ne mégotait pas à l’honnête citoyen le droit de se défendre, saine tradition par ailleurs reprise par les régimes républicains qui s’ensuivirent.
D’ailleurs, quand la France était encore une société paysanne et qu’il y avait un si ce n’est plusieurs fusils par ferme, et autant de chiens pas toujours gentils, la question de l’insécurité ne se posait pas avec autant d’acuité. Quant aux zones urbaines, les cannes-épées des hommes n’étaient pas faites que pour épingler les papillons, pas plus que les mini-pistolets que les femmes dissimulaient dans leurs sacs à main ne servaient à chasser les mouches.
La chronique des fait divers de l’époque en témoigne : les honnêtes gens, hommes ou femmes, qui défendaient vie, biens et vertu étaient alors tenus pour héros et non point suspects, comme trop souvent aujourd’hui.
La preuve par ce paysan de Charente-Maritime mis en examen pour avoir tué le cambrioleur s’étant invité chez lui, en juillet 2022, et qui, pour seule défense, n’a que ces mots : « Je voulais protéger ma fille de trois ans et demi. »
Cette légitime défense à laquelle Macron est opposé
Mais que dit alors Emmanuel Macron ? « Je suis opposé à la légitime défense ! Donc ça, c’est clair et c’est intraitable, parce que sinon, ça devient le Far West. » Touchante naïveté… Mais le Far West, nous y sommes déjà depuis belle lurette. À cette différence près qu’en France, seuls les « gentils » sont désarmés, au contraire des « méchants ». Et si les premiers tentent de se raccrocher aux fédérations de tir, de ball-trap et de chasse, tout en exhumant la pétoire à pépé du grenier, c’est juste pour tenter de se remettre au niveau des seconds, généralement moins à cheval sur les réglementations.
Et pourtant, cette « légitime défense » demeure malgré tout inscrite dans notre législation, quoi qu’en dise Emmanuel Macron, alors contredit par Jacques-Henri Robert, professeur émérite de l’université Paris-Panthéon-Assas, qui rappelle que s’il fallait véritablement être contre cette fameuse « légitime défense », il faudrait au moins « en finir avec les articles 122-5 et 122-6 du Code pénal ».
Lesquels stipulent, respectivement :
« N’est pas pénalement responsable la personne qui, devant une atteinte injustifiée envers elle-même ou autrui, accomplit, dans le même temps, un acte commandé par la nécessité de la légitime défense d’elle-même ou d’autrui, sauf s’il y a disproportion entre les moyens de défense employés et la gravité de l’atteinte. »
« N’est pas pénalement responsable la personne qui, pour interrompre l’exécution d’un crime ou d’un délit contre un bien, accomplit un acte de défense, autre qu’un homicide volontaire, lorsque cet acte est strictement nécessaire au but poursuivi dès lors que les moyens employés sont proportionnés à la gravité de l’infraction. »
En attendant, à défaut de se sentir défendus, les Français entendent pouvoir se défendre. C’est bien le moins.
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