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samedi 2 décembre 2023

Montargis : quand la France bien élevée relève la tête


 

 

Gabrielle Cluzel 1 décembre 2023

 

Un extrait de l’émission Envoyé spécial du jeudi 30 novembre a rencontré un vif succès sur les réseaux sociaux. 

Le sujet ? Les émeutes de juin dernier, avec une étude de cas : la petite ville de Montargis, dans le Loiret, 15.000 habitants. Avec son commissariat, sa mairie et sa rue commerçante saccagés et incendiés, elle est « devenue l’un des symboles de ces violences urbaines sans précédent », des violences dont on nous explique qu’elles « ont profondément marqué la ville ».

Parmi les personnes interrogées, un chef d’entreprise, qui habite une maison en centre-ville. Des émeutiers, la nuit du 29 au 30 juin, sont entrés chez lui. Dans le reportage, il explique être descendu de l’étage où il était couché, prenant la précaution de se saisir au passage d’une épée médiévale (très lourde mais peu tranchante) datant des cours d’escrime médiévale de sa jeunesse. Muni de cette arme d’un autre âge, il a réussi à faire fuir les intrus. Il a passé le reste de la nuit à monter la garde chez lui, avec ses deux fils de 15 et 13 ans et un neveu, chacun muni d’une épée… médiévale.


 

Quand on lui fait remarquer qu’il aurait pu tuer ou blesser l’un de ses cambrioleurs, il rétorque que dans la rubrique faits divers, il « préfère être le mec qui bute un salopard pour se défendre que le mec qu’on enterre avec une petite marche blanche parce que le pauvre, il s’est fait agresser par des racailles ».

À la question presque accusatrice « vous vous êtes fait justice vous-même », il répond en invoquant l'article 122.6 du Code pénal : « Non, il faut juste se défendre. C’est prévu dans le droit. » D’ailleurs, ni la police ni la Justice ne sont venues lui demander des comptes. « Je défendais ma femme, je défendais mes enfants, je défendais ma maison », conclut-il tranquillement. Ses réponses sans détour, simples et sereines, ont réjoui les réseaux sociaux. Comme si cette incarnation d’une France bien élevée relevant enfin la tête redonnait espoir.

Joint, ce vendredi, par téléphone, ce père de famille de cinq enfants confie à BV être étonné mais heureux des réactions positives que son témoignage suscite.

Il se souvient très bien de cette soirée. Quand, à minuit, il entend du bruit, il pense à la sortie d’un concert, sur la petite place toujours très animée à proximité. D’autant que Montargis est réputé être calme… même si, depuis quelques années, comme beaucoup d’autres villes, elle change de physionomie. Soudain, des vibrations anormales l’alertent : il y a un attroupement en bas, en train de défoncer son portail !

En caleçon et l'épée à la main !

Il demande à son épouse d’appeler la police, et c’est en caleçon qu’il descend. Sept jeunes originaires d’Afrique subsaharienne sont en train de faire démarrer sa Tesla - sur laquelle il a laissé sa carte. N’arrivant pas à maîtriser le véhicule qui est nerveux, ils enfoncent le porche XVIIIe en face d’eux - c’est ce que Cédric Gallineau déplore le plus. Jusque-là, il avait traversé les siècles et il lui était confié ! Comme la vitre conducteur est à moitié ouverte, Cédric peut faire passer son épée. Les intrus prennent peur, ils se bousculent pour fuir de l’autre côté. Comme ils ont tout cassé, ils sont obligés de passer sur le capot… et d’y laisser donc leurs empreintes. Cest sur ces traces que le père de famille compte pour l’enquête.

Le portail étant défoncé, impossible de le fermer. Et la police que sa femme a appelée, très occupée par les émeutes tout autour, a d’ores et déjà annoncé ne pas pouvoir arriver avant plusieurs heures. Il faut bien surveiller. Il s’organise avec les enfants. Au milieu de la nuit, un trentenaire, africain lui aussi, qui passe par là, accompagné d’un ami originaire du Maghreb, lui propose de l’aide pour bloquer son entrée de façon à pouvoir la rendre hermétique. Tous trois finissent par y arriver. Il a noté que durant cette nuit d’émeutes, il y avait beaucoup de circulation dans la ville, essentiellement issue de la diversité, mais de trois types différents, facilement identifiables : les émeutiers, clairement organisés. Les délinquants d’opportunité, venus pour piller et voler. Et des curieux, déplorant la situation.

Ses agresseurs n’ont, pour le moment, pas été arrêtés. Est-il inquiet ? Pas vraiment, même si ceux-ci l’ont menacé de le retrouver (« Quels abrutis ! Évidemment qu’ils connaissent mon adresse, puisqu’ils sont venus chez moi ! »), il veut continuer à vivre normalement. Les premiers temps, leurs enfants sont allés se mettre au vert. Puis ils sont revenus. Vivre normalement, oui, mais en anticipant et s’organisant. Ses épées médiévales, la prochaine fois, ne suffiront peut-être pas.

C’est cette nécessité de se préparer, ressentie par nombre de bons pères de famille comme lui, qui signe la bascule d’un État français devenu incapable de protéger ses administrés.

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