La question des laboratoires américains de recherche revient
régulièrement dans les inquiétudes exprimées sur la poursuite des
combats en Ukraine. Non seulement l’Ukraine abrite des laboratoires de
ce type, mais le phénomène concerne l’ensemble des anciennes républiques
soviétiques.
Il faut ici rappeler les raisons pour lesquelles,
de façon tout à fait officielle, les Etats-Unis ont pris possession de
ces anciens laboratoires de l’Armée Rouge.
Le très officiel Nunn-Lugar Project
Pour comprendre le phénomène, il suffit de consulter le site de la National Security Archive, dépendant de l’université George Washington,
pour avoir tous les détails sur un certain Nunn-Lugar Project, qui a
consisté à confier aux autorités américaines des laboratoires de l’Armée
Rouge spécialisé dans la guerre bactériologique. On le voit, ce dossier
n’a rien de secret, du moins pour ce qui concerne le transfert de ces
laboratoires aux autorités américaines à la chute du Rideau de Fer.
Nunn et Lugar étaient des sénateurs américains, qui ont piloté le Soviet Nuclear Threat Reduction Act of 1991
par lequel les Etats-Unis prévoyaient un transfert des stocks d’armes
soviétiques dangereuses à l’OTAN… Ce dispositif a essentiellement
concerné les armes nucléaires installées dans les anciennes républiques
soviétiques devenues indépendantes après l’effondrement de l’URSS, mais
il a aussi englobé des laboratoires d’armes chimiques ou
bactériologiques.
Les pays concernés sont ceux de l’ancienne URSS : l’Ukraine, le Kazakhstan, la Biélorussie, notamment.
L’évolution de ces laboratoires pose question
Ce qui pose problème, c’est l’évolution progressive de ce processus. Comme l’indique la Carnegie Endowment International Peace, dont je parle beaucoup ces jours-ci,
une fois les laboratoires transférés aux autorités américaines, un
programme de réduction, mais aussi de modernisation, s’est mis en place.
De l’aveu même des autorités américaines, ces laboratoires ont
travaillé sur les coronavirus, pour mettre au point des tests.
Dès
cette époque, les Russes ont accusé les Américains d’utiliser ces
laboratoires pour mener des recherches sur des armes bactériologiques.
C’était donc deux ans avant l’invasion de l’Ukraine. Et, il y a deux
ans, les Américains répondaient déjà qu’il s’agissait de fantasmes,
rappelant que les laboratoires en question étaient contrôlés par l’OMS.
On
notera toutefois qu’une grande partie des réponses américaines consiste
à qualifier les accusations russes de “complotistes” sans apporter
d’élément absolument convaincant à l’appui de ce rejet. L’utilisation
malicieuse de ces laboratoires militaires tombés du ciel a dû pourtant
constituer, à un moment ou à un autre, une tentation facile pour de
nombreux responsables civils et militaires américains.
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