Il y a tout juste une semaine, José Gonzalez, doyen de l’Assemblée nationale, évoquait avec émotion dans son discours inaugural à la XVIe législature, son passé de pied-noir.
La gauche s’étranglait et certains allaient jusqu’à parler de discours « révisionniste ».
Reprenez mot pour mot ce discours, on vous met au défit d’y trouver la moindre once de révisionnisme, sauf à considérer que la nostalgie est désormais un délit !
En ce 5 juillet, nous commémorons le triste anniversaire des massacres d’Oran. « Cette journée sera une journée dont l’histoire restera à jamais écrite avec le sang d’innocents, lynchés sur la place d’armes d’Oran, tués à coup de fusils ou de couteaux », écrivaient huit députés LR, dont Eric Ciotti, le 27 septembre 2017, dans l’exposé des motifs d’une proposition de loi visant à ce que la République française reconnaisse « le massacre de la population française survenu le 5 juillet 1962 à Oran ». Cette proposition de loi est restée lettre morte jusqu’à ce jour. Et, en ce 5 juillet 2022, jour anniversaire de ce massacre, L’Humanité titre : « En France, le retour éhonté des nostalgiques de l’Algérie française ». « Avec le renforcement de l’extrême droite au plan local et national, les discours et opérations de réhabilitation du passé colonial n’ont jamais atteint un tel niveau », dénonce le quotidien communiste en évoquant le discours de José Gonzalez. « Dignes héritiers des porteurs de valises », s’exclamait un lecteur de Boulevard Voltaire la semaine dernière au sujet des réactions de la gauche après le discours du doyen d’âge.
Alors, est-ce verser dans une nostalgie éhontée que d’évoquer ce 5 juillet 1962 « où hommes, femmes, enfants furent lapidés, égorgés, torturés, sur la place publique », comme le rappelait le texte des députés ?
Qui, jusqu’à aujourd’hui, a traité cet événement de façon éhontée, sinon l’État algérien ? Car, il faut le rappeler, ces massacres eurent lieu le jour même de l’indépendance de l’Algérie. Cette indépendance que l’Algérie, toujours aux mains du FLN, commémore aujourd’hui avec faste à travers un défilé militaire grandiose. Qui, jusqu’à aujourd’hui, a traité cet événement de façon éhontée, sinon l’Etat français ? Car, comme le rappelaient encore les députés dans leur proposition de loi, « ce massacre collectif, rendu possible par une passivité coupable au plus haut niveau de l’Etat [le gaulliste Ciotti n’ose pas nommer le général de Gaulle], a volontairement été occulté par les protagonistes qui n’avaient aucun intérêt à la vérité ». Ce massacre fut une véritable chasse aux pieds-noirs et l'armée française laissa faire car elle en avait reçu l'ordre.En janvier dernier, à quelques mois des élections, Emmanuel Macron avait qualifié d’ « impardonnable pour la République » la fusillade de la rue d’Isly à Alger en mars 1962 et avait déclaré que le massacre d’Oran devait être « reconnu ». Ce 5 juillet, le président de la République a effectivement fait déposer en son nom une gerbe au Mémorial national de la Guerre d’Algérie et des Combats du Maroc et de la Tunisie, quai Branly à Paris, en hommage aux victimes du massacre d’Oran. Toutefois, dans les symboles, tout compte. Rappelons que le 17 octobre 2021, il avait accompli en personne ce geste d’un dépôt de gerbe, sur les bords de la Seine, en mémoire des victimes algériennes de la répression ordonnée par le préfet Papon. N’est-on pas là dans un « en même temps » quelque peu asymétrique ?
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