En démocratie, il n’existe pas de « petits » ou de « grands » candidats, et Jean Lassalle ne s’est pas privé de le rappeler, lors de son passage à France 2, ce 6 avril, assurant à Nathalie Saint-Cricq « résister au système qui se serait emparé d’elle », sa parfaite incarnation, mais qu’il a autrefois connue « si libre ».
Bref, pour Jean Lassalle, il s’agit de « résister au système » et de contester cette élection présidentielle qui serait, à l’en croire, « jouée d’avance ».
Il va sans dire que nous ne le suivrons pas forcément sur ce terrain, tant les contours de ce même « système » ne sont pas toujours bien définis. Certes, Emmanuel Macron en est l’un des représentants les plus éminents, ayant assuré qu’il en était la dernière chance et que s’il échouait au terme de son quinquennat, un candidat ou une candidate populiste ne tarderait pas à lui succéder. Nonobstant, et quitte à se faire l’avocat du diable, il est un fait indéniable que le « système » donne plus de surface médiatique aux « grands » candidats qu’aux « petits » et que tout cela est, somme toute, bien logique.
Ensuite, et quitte à se montrer jésuite, on constatera qu’en se faisant l’avocat des « petits », le turbulent député des Pyrénées-Atlantiques se fait aussi celui des « grands » de naguère, telle une Anne Hidalgo portant les couleurs du Parti socialiste – celui des deux François, Hollande et Mitterrand –, dont les intentions de vote sont de deux fois inférieures à celles promises à ce même Jean Lassalle. S’il n’avait servi qu’à ça, le patron du mouvement Résistons devrait être illico déclaré d’utilité publique.
Eh oui, cet homme nous fait du bien, disant parfois très fort ce que d’autres disent plus bas, tel Jean-Marie Le Pen en son temps et Éric Zemmour aujourd’hui. Tel est le luxe d’une campagne de premier tour, alors que Marine Le Pen, préparant déjà celle du second, est tenue à une tout autre tempérance verbale. Des voix qui se complètent plus qu’elles ne s’annulent, dirons-nous.
Mais Jean-Lassalle, c’est aussi le candidat de la France des champs et ce n’est pas pour rien qu’il pointe en tête de ce sondage ayant demandé avec qui les Français rêveraient de partager un barbecue. Non sans surprise, Yannick Jadot est loin de la tête du peloton. Et puis, Jean Lassalle est un homme qui se tient droit debout, malgré son soutien de naguère à François Bayrou. Il est surtout un homme libre, capable de donner son parrainage à Philippe Poutou (Nouveau Parti anticapitaliste), en 2017, tout en étant rallié par un autre trotskiste, Gérard Schivardi, issu de la tendance lambertiste ; celle de Lionel Jospin, Jean-Christophe Cambadélis et Jean-Luc Mélenchon. Trois ans avant, il vote contre le mariage homosexuel au Parlement, tout en soutenant le mouvement Nuit debout et en se prononçant contre la PMA. Jean Lassalle, à l’instar de son Béarn natal, est un homme fait de contrastes.
Ce qui lui a peut-être évité de sombrer dans la macronite aiguë d’il y a cinq ans, se refusant à donner des consignes de vote pour le second tour opposant Emmanuel Macron à Marine Le Pen, sauvant ainsi son honneur et celui de la gauche, tandis qu’un François Fillon appelait à voter pour l’actuel Président alors que les premiers résultats n’avaient même pas été confirmés par le ministère de l’Intérieur.
Pour le reste, Jean Lassalle demeure un homme mieux que bien, défenseur de la « France authentique » et appelant à « mettre un coup de pied au cul des politiques » et « un coup de boule à la presse ». Le journaliste que je suis ne peut, paradoxalement, qu’adhérer à ce projet de salubrité citoyenne.
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