La guerre en Ukraine
+ Tout d’abord, il faut signaler ce thread de Scott Ritter, que nous reproduisons intégralement car il éclaire singulièrement la stratégie russe:
“Pour
tous ceux qui se grattent la tête en signe de confusion, ou qui
dépoussièrent leurs uniformes pour le défilé de la victoire ukrainienne à
Kiev, à la suite de l’annonce du “changement stratégique” de la Russie,
il serait bon de se familiariser à nouveau avec les concepts militaires
de base.
La guerre de manœuvre est un bon point de départ.
Comprenez que la Russie a commencé son “opération militaire spéciale”
avec un grave déficit en effectifs – 200 000 attaquants pour quelque 600
000 défenseurs (ou plus). Un conflit classique d’attrition n’était pas
envisageable. La victoire russe a nécessité des manœuvres.
La
guerre de manœuvre est plus psychologique que physique et se concentre
davantage sur le niveau opérationnel que sur le niveau tactique. La
manœuvre est un mouvement relationnel – comment vous déployez et
déplacez vos forces par rapport à votre adversaire. La manœuvre russe
dans la première phase de son opération va dans ce sens.
Les
Russes avaient besoin de façonner le champ de bataille à leur avantage.
Pour ce faire, ils devaient contrôler la manière dont l’Ukraine
employait ses forces numériquement supérieures, tout en répartissant
leur propre puissance de combat, moins importante, pour atteindre au
mieux cet objectif.
Sur le plan stratégique, pour faciliter
la capacité de manœuvrer entre les fronts sud, centre et nord, la Russie
devait sécuriser un pont terrestre entre la Crimée et la Russie. La
prise de la ville côtière de Mariupol était essentielle à cet effort. La
Russie a accompli cette tâche.
Pendant que cette opération
complexe se déroulait, la Russie devait empêcher l’Ukraine de manœuvrer
ses forces numériquement supérieures de manière à perturber l’opération
de Marioupol. Pour ce faire, elle a eu recours à plusieurs opérations de
soutien stratégique : feintes, opérations de fixation et attaque en
profondeur.
Le concept de la feinte est simple : une force
militaire est perçue comme se préparant à attaquer un endroit donné, ou
mène effectivement une attaque, dans le but de tromper un adversaire et
de l’amener à engager des ressources en réponse aux actions perçues ou
réelles.
L’utilisation de la
feinte a joué un rôle majeur dans l’opération Tempête du désert {en
1991 en Irak], où les forces amphibies des Marines ont menacé la côte
koweïtienne, obligeant l’Irak à se défendre contre une attaque qui n’est
jamais venue, et où la 1ère division de cavalerie a réellement attaqué
Wadi Al Batin pour coincer la Garde républicaine.
Les Russes
ont fait un usage intensif de la feinte en Ukraine, avec des forces
amphibies au large d’Odessa gelant les forces ukrainiennes sur place, et
une attaque majeure de feinte vers Kiev obligeant l’Ukraine à renforcer
ses forces sur place. L’Ukraine n’a jamais été en mesure de renforcer
ses forces à l’est.
Les opérations de fixation étaient également cruciales. L’Ukraine avait rassemblé quelque 60 000 à 100 000 soldats à l’est, en face de Donbass. La Russie a mené une vaste attaque de fixation destinée à maintenir ces forces pleinement engagées et incapables de manœuvrer par rapport aux autres opérations russes.
Pendant l’opération Tempête du désert [en Irak en 1991], deux divisions de Marines avaient reçu l’ordre de mener des attaques de fixation similaires contre les forces irakiennes déployées le long de la frontière entre le Koweït et l’Arabie saoudite, immobilisant ainsi un nombre important d’hommes et de matériels qui ne pouvaient pas être utilisés pour contrer l’attaque principale des États-Unis à l’ouest.
L’attaque russe de fixation a immobilisé la principale concentration de forces ukrainiennes à l’est et l’a éloignée de Mariupol, qui a été investie et réduite. Les opérations de soutien menées depuis la Crimée contre Kherson ont permis d’étendre le pont terrestre russe. Cette phase est maintenant terminée
La Russie s’est également engagée dans une campagne d’attaque stratégique en profondeur visant à perturber et à détruire la logistique, le commandement et le contrôle, la puissance aérienne et l’appui-feu à longue portée de l’Ukraine. L’Ukraine est à court de carburant et de munitions, ne peut pas coordonner ses manœuvres et ne dispose pas d’une force aérienne significative.
La Russie est en train de redéployer certaines de ses principales unités, qui étaient engagées dans des opérations de feinte dans le nord de Kiev, afin qu’elles puissent soutenir la prochaine phase de l’opération, à savoir la libération du Donbas et la destruction de la principales force ukrainienne à l’est.
Il s’agit d’une guerre de manœuvre classique. La Russie va maintenant tenir l’Ukraine au nord et au sud pendant que ses forces principales, renforcées par les unités du nord, les Marines et les forces libérées par la prise de Mariupol, chercheront à envelopper et à détruire 60 000 forces ukrainiennes à l’est.
C’est la guerre “des grandes flèches” à son meilleur, quelque chose que les Américains connaissaient mais qu’ils ont oublié dans les déserts et les montagnes d’Afghanistan et d’Irak. Cela explique également comment 200 000 Russes ont pu vaincre 600 000 Ukrainiens”.
+ Le retrait de l’armée russe des environs de Kiev n’empêche pas de maintenir les frappes balistiques. Un dépôt de munitions de l’armée ukrainienne a ainsi été détruit à Tchernigov.
+ Si les médias occidentaux faisaient leur travail, ils montreraient par exemple la longue colonne de chars ukrainiens détruits sur la route de Kiev à Jitomir.
+ Les désertions sont de plus en plus nombreuses dans l’armée ukrainienne.
+ Le 501è bataillon de marine de l’armée ukrainienne s’est rendu à Marioupol. 200 hommes qui se retirent du combat – à la différence des miliciens fanatiques d’Azov.
Toujours à Marioupol, un nouveau maire aurait été désigné et la vie administrative et politique reprendrait doucement sous protection russe.
Y a-t-il eu des volontaires français anciens militaires, à combattre du côté ukrainien à Marioupol?
+ Sur l’épisode de Bucha, nous renvoyons aux deux articles publiés le 4 avril au matin par Eric Verhaeghe (ici et ici). Nous ne pouvons que recommander la plus grande prudence avant de porter un jugement. Comme le souligne très bien Verhaeghe: (1) le nombre de vidéos est limité et provient seulement des Ukrainiens. (2) Il s’est passé plusieurs jours entre le départ des troupes russes de la partie de Butcha qu’elles contrôlaient, et la découverte des cadavres. (3) Les vidéos visant à incriminer la Russie sont plus particulièrement relayées par des idéologues, en particulier ukrainiens, qui exaltent les Ukrainiens blancs contre “les Russes, les Mongols et les Sémites”‘ (sic!)
Dans tous les cas, la propagande de guerre devient proprement sordide au moment où il devient clair que la défaite militaire ukrainienne est une question de quelques semaines.
Nous ajouterons quelques points:
– On nous a fait remarquer très justement que des violences comme celles de Bucha sont à placer en perspective de la distribution massive d’armes par les autorités ukrainiennes depuis le début de la guerre.
-Notre familiarité avec ce conflit nous conduit à tester la possibilité de représailles commises par les militaires ou paramilitaires ukrainiens contre des individus jugés collaborateurs des Russes; avant de présenter les cadavres comme des victimes des Russes. Peut-être les faits nous démentiront-ils. Mais l’hypothèse n’est a priori ni plus ni moins contestable que celle d’un massacre commis par l’armée russe.
– On n’a jamais vu d’émotion publique ni d’indignation politique quand des vidéos de prisonniers russes très maltraités par les Ukrainiens ont été diffusées il y a quelques jours. Pour que la France soit crédible sur le plan diplomatique, elle devrait se garder de donner l’impression qu’il y aurait des victimes plus intéressantes que d’autres.
– Visiblement nos politiques et nos médias n’ont rien appris des manipulations des trente dernières années, en particulier au cours des guerres d’Irak et de Yougoslavie.
– les Ukrainiens sont en train de perdre la guerre. Le conseiller du président ukrainien Alexeï Arestovitch l’a reconnu. Doit-on penser qu’il leur reste ce type de manipulations comme tentative désespérée d’attirer les Occidentaux dans la guerre au nom de la prévention d’un “génocide”? La visite de Zelenski à Bucha ce jour relève plus de la tentative désespérée d’entraîner l’Occident dans la guerre qu’autre chose.
– je suis étonné du manque de sang-froid sur ce sujet des adversaires d’Emmanuel Macron à l’élection présidentielle (ici, ici,).
– d’une manière générale, les Occidentaux se rendent-ils compte que le reste du monde n’entre pas du tout dans le storytelling ukrainien? (voir par exemple la présentation très neutre du Times of India).
+ une source elle aussi neutre me dit que lors des échanges de prisonniers russes et ukrainiens, les Russes ont récupérés les leurs avec des traces de torture sur le corps.
+ Le sujet d’éventuels trafics d’enfants ou d’adolescents ukrainiens est posé par la presse espagnole.
+ Faut-il rappeler que toute guerre déchaîne les pires des instincts? C’est ce que redit régulièrement ces jours-ci le pape François – qui refuse de prendre parti dans la guerre et est pour cela soumis à d’énormes pressions ou à la désinformation occidentale.
+ Le ministre des Affaires étrangères chinois s’est entretenu avec son homologue ukrainien et lui a rappelé l’importance des négociations de paix et d’une sécurité européenne incluant la Russie.
L'économie allemande déjà victime des sanctions anti-russes?
+ L’économie allemande est-elle au bord de l’auto-destruction?
– malgré la pression de nombreuses grandes entreprises et banques, le gouvernement donne l’impression de ne pas prendre au sérieux l’urgence de l’ouverture d’un compte dans une banque russe pour régler le gaz russe. D’un côté, le Chancelier parle de nouvelles sanctions; de l’autre le Ministre des Finances Christian Lindner explique que l’Allemagne ne peut pas se passer “à court terme” du gaz russe. Pourtant l’Allemagne prend prétexte de Butcha pour envisager des sanctions énergétiques et expulser 40 diplomates russes. La nationalisation des branches allemandes de Gazprom et Rosneft est plus symbolique qu’autre chose mais elle dénote l’agressivité du gouvernement allemand.
– L’inflation a été de 7 % en mars en Allemagne et la grande distribution annonce une augmentation des prix alimentaires pouvant aller de 30 à 50% à partir du 4 avril 2022.
– L’institut économique de Cologne parle d’un possible effondrement de l’industrie automobile allemande qui a beaucoup misé sur des chaines de fabrication européennes allant jusqu’en Ukraine et des routes de livraison mondiales. Dans l’immédiat, la fermeture de sites de productions ukrainiens et la mobilisation (au moins théorique) par l’armée ukrainienne de 100 000 chauffeurs routiers ukrainiens pèsent déjà sur la production en Allemagne.
– Le comité des cinq “sages” qui conseillent le gouvernement allemand en matière économique fait baisser les perspectives de croissance pour l’ année 2021 de 4,5 à moins de 2%.
– L’institut de l’économie de Cologne, toujours lui, souligne que tout cela prend place dans un recul sur deux décennies de la part de l’Union Européenne dans la production et le commerce mondial.
+ Le Global Times, journal de langue anglaise proche du Parti Communiste chinois a du mal à comprendre comment l’Union Européenne peut se laisser à ce point mener par le bout du nez par les Américains qui continuent à importer des engrais de Russie (reclassés en biens de première nécessité) et qui ont fait augmenter leurs importations de pétrole russe en mars 2022.
Alors, la crise ukrainienne, un moyen pour les Américains de casser l’économie allemande et européenne?
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