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dimanche 11 juillet 2021

Thionville (57): Un père de famille accusé d’inceste par sa fille : "Tous les soirs pendant onze ans"


      
 
« Nous avons toutes souffert. Nous avons été malheureuses toute notre vie », a déclaré la femme du prévenu.  Photo RL /Pierre HECKLER
Par Catherine ROEDER
 

Un père de famille comparaissait le 8 juillet pour violences intrafamiliales et agressions sexuelles sur sa fille aînée. 

Or, à l’audience, cette dernière est sortie de sa réserve et l’a accusé d’inceste. Le prévenu a reconnu les faits. Condamné pour violences, il devra répondre de viol devant la cour d’assises.

« Je n’ai rien dit parce que j’avais honte. J’avais peur ». En mai dernier, une jeune femme de 24 ans s’est rendue à la gendarmerie de Hettange-Grande pour dénoncer les violences exercées par un père tyrannique. Elle décrit le climat de terreur dans lequel toute la famille vit. Ou plutôt survit. Des coups, des insultes, un couteau jamais loin pour les faire taire, ses sœurs et elle, des agressions sexuelles qu’elle subit. Ce père, leur bourreau, comparaissait devant le tribunal de Thionville, jeudi 8 juillet pour répondre de ses actes. Des actes dont la gravité est montée d’un cran lors de l’audience. Serrées les unes contre les autres, les quatre filles et leur mère, osaient à peine respirer lorsque leur père et mari est apparu. Regards baissés pour ne pas croiser le sien, noir, assassin. Appelée à la barre, la fille aînée, en dépit de problèmes d’élocution liés au traumatisme subi, va parler et révéler l’inavouable. Elle raconte que son père « tous les soirs pendant onze ans » se glisse dans son lit et lui impose des actes et des rapports sexuels, un couteau à la main. Ses sœurs confirment avoir vu, à maintes reprises, leur père s’introduire dans la pièce et en ressortir 20 à 30 minutes plus tard en caleçon.

« Un inceste comme il en existe peu »

La plus jeune de la fratrie qui, un temps partageait la même chambre, indique qu’elle se tournait « du côté du mur » et se « bouchait les oreilles » pour ne pas entendre les plaintes de sa sœur aînée. « J’ai toujours espéré que ma mère se lève la nuit et qu’elle le surprenne », lâche la victime effondrée. La mère, femme battue, humiliée et malentendante ne dormait plus avec son mari depuis des années. « Nous avons toutes souffert. Nous avons été malheureuses toute notre vie », souffle cette dernière. Le père nie les coups et les atteintes sexuelles. « Je t’ai baisé comme une vache et je recommencerai » : C’est bien le message que vous avez envoyé à votre fille ? » coupe le président du tribunal, François-Xavier Koehl.

Mis au pied du mur, il reconnaît avoir eu des relations sexuelles avec sa fille « juste une fois » et parce que « c’est elle qui le voulait ». Et d’ajouter : « Je ne savais pas qu’en France, avoir un rapport sexuel avec sa fille était puni par la loi ». Silence dans la salle.

« Sommes-nous transportés dans une autre dimension ? C’est irréel. Monsieur nous parle de récupérer sa voiture et sa carte bancaire pendant que sa fille, elle, nous fait part de sa souffrance, sa honte. Nous sommes en face de viols depuis onze ans, un inceste comme il en existe peu. Cela relève de la cour d’assises ! », assène maître Marie-Cécile Felici, pour la partie civile. Jugé uniquement pour les faits de violences sur sa femme et sa plus jeune fille, l’homme* a été condamné à douze mois de prison avec maintien en détention. Un mandat de dépôt a également été prononcé à son encontre tout comme une interdiction de territoire français pendant cinq ans. Une nouvelle enquête concernant les faits de viol sur l’aînée va être menée à la demande du Parquet et transmise ensuite au pôle de l’instruction de Metz.

* Afin de préserver l’anonymat de la victime, l’identité du prévenu n’est pas dévoilée.

1 commentaire:

  1. Un jour ou l'autre on doit répondre d'actes ignobles c'est juste que cela ne prévient pas mais je remarque que cette société accepte cet état de fait.Mais son futur calvaire sera à venir semble t'il......

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