Au début, il y avait les Dix Commandements.
C’était assez simple à comprendre : tu ne feras pas ci, tu ne feras pas ça. Point barre.
Comme on gravait tout ça dans la pierre, il n’était pas question d’y revenir avec des amendements tous les trois matins. C’était du « pour durer ». Puis, pour faire court et en zappant quelques millénaires, on a inventé les édits, les ordonnances, les lois, d’où découlèrent décrets, circulaires et autres dépêches, arrêtés ministériels, préfectoraux, municipaux, etc. Et, au bout du bout, le règlement intérieur, punaisé avec trois punaises – faute d’avoir trouvé la quatrième au fond de l’armoire à fournitures de bureau – sur le panneau de liège, près de la machine à café.
Jadis, donc, une loi, s’écrivait en quelques lignes. Sujet, verbe complément. Nul n’était censé ignoré la loi, d’autant qu’elle était assez facile à comprendre : « Tout condamné à mort aura la tête tranchée », récitait le Schpountz sur tous les tons. Avec le développement du traitement de texte et de cette merveille que l’on appelle le copier-coller, véritable machine à débiter de la diarrhée verbale, tout s’est emballé de façon exponentielle alors que, curieusement, l’on supprime le papier… Ajoutez à cela les alinéas de loi ou décret supprimant tel bout de phrase de telle loi ou tel décret, plus la pratique de la double négation, s’adonner à la lecture d’un texte législatif ou réglementaire relève aujourd’hui d’un véritable jeu de piste. Avec l’instauration du passe sanitaire, nul doute que l’on va atteindre des sommets dans l’extase administrato-sado-masochiste.
On ne reviendra pas sur la nécessité du passe sanitaire dans le TGV dont est exempt le métro. Notons, d’ailleurs, que le ministre des Transports, Jean-Baptiste Djebarri, a prévenu que les contrôles seraient « assez systématiques ». C’est-à-dire ? Demi-sec ou demi-doux, aurait dit Louis de Funès. Passons sur l’obligation, pour les campings, d’exiger un passe sanitaire s’ils ont un bar, un restaurant ou un espace aquatique (on dit piscine, en français lambda), obligation qui ne concerne pas les campings ne proposant que l’hébergement. Une question nous taraude. Dans l’hébergement, en général, on compte les douches et les toilettes où l’on se rend régulièrement avec son rouleau dans la main gauche et sa serviette sur le bras droit (l’inverse est autorisé, bien sûr). N’y a-t-il pas un vide, non pas sanitaire, mais juridique, dans ce qu’il est courant d’appeler les parties communes ? En effet, ne risque-t-on pas plus de se contaminer en se brossant les dents le soir au lavabo après la soirée mousse, avec son voisin de tente, qu’en allant au cinéma dans une salle où le passe sanitaire est exigé si la jauge est maintenue à 50 ?
Notez encore que si la jauge du cinéma est à 50 et que vous êtes seul dans la salle, vous devrez quand même présenter votre passe, alors que si vous entrez dans une salle dont la jauge a été fixée à 49 et que vous êtes le 49e (le 48e, c’est du pareil au même), on ne vous demandera rien. C’est ce qu’on appelle les effets de seuil. On n’en voudra pas au législateur et à l’administration qui conseille l’exécutif de n’avoir pas pensé à tout. Ainsi n’a pas été abordée la question des « vaccinodromes ». En effet, généralement, ces lieux reçoivent instantanément plus de 50 personnes. D’autant qu’ils connaissent, nous dit-on, un franc succès. Ne faudrait-il pas envisager d’exiger un passe sanitaire pour y accéder ? Je pose la question.
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