C’est la fin du suspense. Ce mardi, les élèves de terminale prennent connaissance des résultats du baccalauréat.
La première session du nouveau bac Blanquer, bien aménagée en raison de la crise sanitaire. La dernière, aussi, puisqu’il va de nouveau être transformé, l’an prochain, avec la disparition des épreuves communes et une augmentation du poids du contrôle continu. Mais c’est un suspense très relatif : avant même la publication des statistiques officielles, la seule interrogation est de savoir si l’on battra le record de 2020.
Cette session a connu de nombreux cafouillages, plus ou moins surmontés, qui ne serviront pas la cause du baccalauréat, mais ce n’est pas le plus grave. On se demande de plus en plus à quoi il sert. Il est censé ouvrir les portes de l’enseignement supérieur, mais la plupart des élèves y sont affectés sur dossier sans qu’on prenne en compte ses résultats. Elle est loin, l’époque, dont les plus anciens se souviennent, où le bac de première conditionnait le passage dans la classe supérieure et qu’un second bac ouvrait aux plus méritants les portes de l’université et des grandes écoles !
En outre, le recours grandissant au contrôle continu dans l’évaluation des élèves, lié à la diminution des exigences, dévalorise l’examen. Il favorise les pressions des élèves et des familles – voire de la hiérarchie – sur les professeurs, pour les pousser à rehausser des moyennes jugées trop faibles. Le « bac national » n’a plus grand-chose de national, progressivement remplacé par un « bac local », dont la valeur dépend de la réputation de l’établissement qui le décerne. Il n’est qu’un passeport pour nulle part.
Tous les élèves, ou presque, s’engouffrent dans l’enseignement supérieur comme si c’était une fin en soi. Les meilleurs y réussissent, beaucoup sont confrontés à l’échec. Quand une juste sélection ne se pratique pas au lycée, elle s’exerce de manière impitoyable dans les universités, contraintes elles-mêmes de baisser leur niveau pour sauver les apparences. C’est le résultat d’une politique menée, depuis des décennies, par des gouvernements qui, par démagogie ou par idéologie, confondent la démocratisation nécessaire de l’enseignement avec sa massification. Le baccalauréat n’est plus la récompense de l’effort et du mérite : c’est devenu un droit.
D’aucuns préconisent avec raison le retour à un examen exigeant, mais comment remonter la pente ? Quel gouvernement prendrait le risque de passer d’un taux de réussite avoisinant les 90 % à un taux plus raisonnable ? Il faudrait renforcer tout le système éducatif, de l’école primaire au lycée, revaloriser les filières techniques et l’apprentissage : on n’en prend pas le chemin. Faut-il instaurer des examens d’entrée dans l’enseignement supérieur ? C’est une autre piste, qui n’est pas à exclure mais n’est pas, pour le moment, envisagée. Le plus probable est le statu quo, les établissements les plus sérieux cherchant à pratiquer une sélection inavouable.
Il ne sert à rien de se lamenter sur le niveau du bac tant que l’Éducation nationale se soumettra aux préjugés de la pensée unique, qui ne l’épargnent guère. La sélection, fondée sur l’exigence, l’effort et le mérite, n’est pourtant pas un gros mot : seule elle permet aux élèves, de toute origine sociale, d’échapper au moule de la médiocrité. Rien ne sera possible sans un changement radical de politique. En attendant, les élèves poussent des cris de joie en voyant leur nom sur les listes des reçus, mais cette joie se transformera vite, pour beaucoup, en aigreur et désillusion.
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