Muriel Penicaud, ministre du Travail, le 7 janvier, à l’Assemblée nationale. Thierry Stefanopoulos/© Thierry Stefanopoulos / KCS PRESSE
Par Stéphane Kovacs
Le rejet à l’Assemblée nationale d’une proposition de loi permettant un congé de 12 jours en cas de disparition d’un enfant a indigné tous les membres de l’opposition ainsi que le Medef, qui y est favorable.
Comment parvenir à reprendre le travail cinq jours seulement après la mort de son enfant?
La proposition du groupe UDI-Agir d’allonger à 12 jours le congé pour la perte d’un enfant mineur a pourtant été rejetée, jeudi, de justesse.
Pour ne pas le faire «payer à 100 % par l’entreprise», selon les mots de la ministre du Travail, Muriel Pénicaud.
Ce refus de la majorité d’étendre le congé de deuil a choqué dans tous les groupes politiques, et jusqu’au patronat: vendredi, le président du Medef, Geoffroy Roux de Bézieux, a lui-même réclamé un nouveau vote.
«C’est une évidence et c’est lancé», a-t-il répondu dans un tweet à l’ancienne présidente de l’organisation patronale, Laurence Parisot, qui avait estimé un peu plus tôt que «le Medef s’honorerait à demander un nouveau vote de cette proposition».
Président du syndicat des cadres (CFE-CGC), François Hommeril s’en était également ému: «Mon cœur se soulève à lire l’argument du rejet :“S’acheter de la générosité sur le dos des entreprises”, avait-il tweeté. Ceux qui ont voté contre cette mesure sont invités à “s’acheter un peu de dignité” et à pleurer de honte encore longtemps.»
«Une humanité à géométrie variable»
Au Royaume-Uni, plaide Guy Bricout, le congé pour le deuil d’un enfant est de 15 jours. Pour lui, il est « choquant » que ce congé soit d’une durée inférieure au congé paternité, qui est de 11 jours
Dans l’hémicycle, jeudi, le débat s’était rapidement envenimé.
«Quand on s’achète de la générosité à bon prix sur le dos des entreprises, c’est quand même un peu facile !», a soutenu la députée LREM Sereine Mauborgne, défendant la «possibilité pour l’employeur de créer un compte de don de RTT pour un collègue endeuillé».
Les oppositions sont toutes montées au créneau, clamant leur «honte», à l’instar de Pierre Cordier (apparenté LR).
«On parle de la tragédie des tragédies: douze jours, je pensais que ça passerait comme une lettre à la poste», a lancé l’Insoumis François Ruffin, dénonçant une majorité «mesquine».
«Je pensais que sur ce dossier-là, on marcherait tous main dans la main», a-t-il souligné.
Tandis que l’ex-LREM Agnès Thill a raillé «une humanité à géométrie variable» chez ses anciens collègues.
«Tous les chefs d’entreprise que j’avais rencontrés ont approuvé mon idée, insiste le rapporteur du texte, Guy Bricout.
Ils m’ont dit qu’ils préféraient que le salarié prenne 12 jours plutôt qu’un congé maladie d’un mois… De toute façon, s’il revient trop tôt, le salarié - fatigué et perturbé - n’est légitimement plus motivé par son travail. En général, les parents endeuillés prennent sur leurs congés payés ou ont recours à un congé maladie, en étant pénalisés par trois jours de carence.»
Au Royaume-Uni, plaide le député UDI du Nord, le congé pour le deuil d’un enfant est de 15 jours. Pour lui, il est «choquant» que ce congé soit d’une durée inférieure au congé paternité, qui est de 11 jours.
«Il y a 700.000 naissances par an, et 70 % des pères prennent un congé paternité, avance Guy Bricout. Ce qui fait 500.000 congés de 11 jours supportés par les entreprises. Environ 4500 enfants de moins de 18 ans meurent chaque année et les entreprises ne seraient pas capables de supporter le poids de cet allongement de quelques jours du congé pour deuil accordé à leurs parents? Et qui sait: peut-être qu’un jour ce pourrait être pris en charge par la sécurité sociale…»
.lefigaro
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