Le 29/03/2017
Gabrielle Cluzel
Gageons qu’à la prochaine commémoration, Macron évoquera « celles et ceux » dont le nom figure sur le monument aux morts de 14-18…
Après sa désastreuse « Île » de Guyane, Emmanuel Macron a dû rétropédaler.
« Je sais où vous êtes ! » a-t-il déclaré aux Guyanais, comme il avait dit « Je vous ai compris ! » aux pieds-noirs après avoir assimilé la colonisation à un crime contre l’humanité.
Il est vrai que les réseaux sociaux se sont déchaînés : on voit Macron manquant se noyer en tentant de rallier Nice à Bastia au volant de sa voiture, Macron dans une pirogue, en train de pagayer, pour rejoindre l’Île-de-France, etc.
Le problème est que le galopin n’en est pas à son coup d’essai.
Comme le rapporte Jean-Marc Morandini sur son blog, « la presse s’amuse des bourdes de Macron » : toujours dans le registre géographique, les uns rappellent que, dans son livre Révolution – pour lequel il a perçu la modique avance de 350.000 € (Gala), qui aurait pu lui permettre de s’offrir les services d’un correcteur -, il a déménagé [de] Villeurbanne (dans la banlieue lyonnaise) chez les Ch’tis : « Lorsqu’on habite Stains en région parisienne ou Villeurbanne en région lilloise (sic), il est plus simple de créer son entreprise […] »
Les autres soulignent qu’au mois de décembre, il a déjà fait montre d’un intérêt relatif pour les DOM-TOM, voulant les exiler à l’étranger.
Postant, sur Twitter, un selfie pris avec un gamin dans un avion, il commentait : « Avec Mathias, lycéen à Bourg-en-Bresse. Il rejoint sa mère expatriée (sic) en Guadeloupe pour Noël. »
Mais les réseaux sociaux viennent de déterrer une autre énormité, historique celle-là, datant de février et que la « grande presse » ne semble pas avoir remarquée, liée à l’inénarrable fayotage féministe d’Emmanuel Macron.
On se souvient de sa déclaration à la Journée de la femme – qui, il est vrai, est un passage obligé dans la campagne : comme le Salon de l’agriculture, pas moyen d’y couper, il faut flatter le flanc des vaches et des femmes si l’on veut y arriver : Macron, l’œil humide, avait émis le souhait d’avoir l’une d’entre elles (une femme, pas une vache) Premier ministre.
C’était beau.
Nul ne lui a soufflé qu’il pouvait faire mieux en se retirant de la course pour laisser une femme – on en connaît une qui y aspire – devenir président de la République.
Mais son féminisme échevelé ne pousse pas l’abnégation jusque-là.
Il l’affiche en revanche ostensiblement dans ses discours, en commençant ses phrases par « celles et ceux ».
Parce que cette règle grammaticale qui veut que « le masculin l’emporte sur le féminin » est jugée abominablement phallocrate, on va donc rajouter « celles » à « ceux » même si c’est inutile… et, mieux, commencer par « celles », comme quand on s’efface devant une porte pour laisser passer les dames. (Je me gratte le menton, cette galanterie syntaxique ne procède-t-elle pas de ce que les féministes appellent le sexisme bienveillant ? Je soumets ce dilemme à leur sagacité.)
Sauf que, pas de bol, il n’y avait aucune femme députée en 1905.
Jusqu’en 1945, les femmes ne votaient pas…
Et si, d’ailleurs, ce changement a été si tardif, c’est que les élus de gauche le redoutaient, persuadés que les femmes seraient influencées par leur curé ; c’est dire toute l’estime dans laquelle ils tenaient leur indépendance d’esprit.
Gageons qu’à la prochaine commémoration, Macron évoquera « celles et ceux » dont le nom figure sur le monument aux morts de 14-18.
En attendant, journaux et réseaux sociaux font la collec’ des boulettes et se tapent sur le ventre, dans ce qui commence à s’apparenter à un Macron bashing : à quelques semaines des élections, cela peut faire des dégâts…
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