Vercingétorix jette ses armes aux pieds de César - Lionel Royer, 1899, Musée Crozatier du Puy-en-Velay.
Le 29/10/2016
Gregory Vanden Bruel
Les dirigeants wallons ont donc dit oui au Canada, oui au CETA, oui à la mondialisation.
La résistance aura duré une semaine.
Non, ils ne signeraient pas le CETA, cet accord de libre-échange catastrophique pour les agriculteurs. Non, ils ne céderaient pas aux ultimatums, aux pressions, au chantage des instances européennes. Non, ils ne se placeraient pas du côté des négociateurs qui ont agi dans le dos des peuples.
Et, finalement, ils capitulèrent.
Avec fierté.
Les dirigeants wallons ont donc dit oui au Canada, oui au CETA, oui à la mondialisation.
Paul Magnette, célébré dans le monde entier comme héraut de la résistance et apôtre de l’antimondialisme, n’avait rien du rebelle.
Un social-démocrate, européen convaincu et intellectuel émargeant au politiquement correct pouvait-il l’être, d’ailleurs ?
On en doutait : on en a eu la preuve.
En réalité, le Parti socialiste wallon, confronté à la montée en puissance des communistes du PTB (Parti du travail de Belgique), voulait se racheter une virginité à gauche : c’est chose faite.
Sur tous les plateaux télévisés, pourtant, le gouvernement régional wallon ne cesse d’afficher sa morgue d’avoir trouvé un accord.
Grâce à lui, plus jamais le commerce mondial ne sera comme avant.
Grâce à lui, les peuples vont enfin pouvoir respirer l’air du commerce équitable.
Grâce à lui, l’Europe est enfin en train de se démocratiser.
Mais qu’a obtenu la Wallonie pour afficher tant de fierté ?
Rien, ou si peu.
Des précisions sur les tribunaux d’arbitrage.
La certitude que des entreprises américaines ne pourront profiter du CETA pour inonder les marchés européens via leur filiale canadienne.
Des garanties sur les OGM.
De pouvoir activer une clause de sauvegarde en cas de dérèglement des marchés agricoles.
C’est toujours mieux que rien, mais pas suffisant.
Pas de quoi, en tout cas, sauver les 200.000 emplois mis en péril par le CETA, selon un expert de l’ONU, abondamment cité par les opposants au traité.
Pas de quoi rassurer le peuple sur la mondialisation en cours.
Pas de quoi sauver identité et souveraineté.
Dans la foulée de la signature de l’accord, Paul Magnette a osé déclarer que le CETA modifié signifiait « la fin du TTIP ».
On croirait davantage DSK parlant de chasteté.
Surtout, la capitulation sur le CETA, en une semaine, est un bon indicateur des capacités réelles de résistance de la Belgique – de ses régions, dans ce cas-ci – et, partant de là, de l’Europe face aux menaces charriées par la mondialisation jusque dans ses contrées les plus reculées.
Élément qui relèvera probablement du détail pour les lecteurs français, mais tout de même : le vaudeville autour du CETA aura marqué, une nouvelle fois, les divergences profondes entre Flamands et Wallons puisque, selon un sondage réalisé pour RTL, les deux tiers des premiers étaient opposés à la rébellion wallonne, tandis que les trois quarts des seconds y étaient favorables. 90 % du commerce avec le Canada, il est vrai, est réalisé par le nord du pays.
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