Le 23/10/2016
Crédits Photo: Eric Bureau/LE PARISIEN
Par Figaro Vox
Publié le 20/10/2016
Publié le 20/10/2016
FIGAROVOX/TRIBUNE -
L'édile d'Argenteuil livre un témoignage choc de la gestion communautariste de certaines villes. Si beaucoup d'élus locaux sont complices du communautarisme, Georges Mothron dénonce l'impuissance de l'Etat face à ce mal qui prospère.
Ancien député et ancien vice-président du conseil général du Val d'Oise, membre du parti Les Républicains, Georges Mothron est maire d'Argenteuil depuis 2014.
Je suis maire d'Argenteuil, troisième ville d'Île-de-France comptant bientôt 110 000 habitants.
C'est mon second mandat de maire après celui de 2001 à 2008.
Je n'ai jamais cherché l'exposition médiatique, elle ne m'a jamais intéressé.
Mais, j'ai voulu cette tribune comme un témoignage en tant que maire.
Je parle en mon nom personnel, mais, je le fais aussi je pense en celui de centaines de mes collègues qui ont, comme moi, leur ville et la France chevillées au corps et qui sont confrontés, souvent avec moins de moyens qu'une grande ville comme Argenteuil, au communautarisme et à l'intégrisme islamiste de minorités agissantes.
Je veux parler de ces minorités qui poussent certains élus à composer avec l'incomposable pour des achats de voix, pour leur permettre de se maintenir en poste. Je parle de ces élus indignes de leur fonction qui ont délibérément fait le choix de fouler au pied les règles les plus fondamentales de notre République et notamment celle de la laïcité.
Ces situations sont loin d'être isolées.
Elles se retrouvent sur l'ensemble du territoire national.
Si je me montre inflexible et intransigeant avec ces maires qui ont délibérément fait le choix d'oublier les valeurs qu'ils ont le devoir d'incarner, je n'ai pas de mots assez durs contre l'Etat et notamment ses hussards, les Préfets, qui sont, je peux moi-même en témoigner, trop souvent aux abonnés absents, préférant bien souvent détourner la tête et laisser les maires seuls face à des conflits qu'ils n'ont pas les moyens légaux de gérer.
Il y a de cela quatorze ans paraissait un livre, Les Territoires perdus de la République.
Ce livre relate les importations dans les quartiers populaires du conflit israélo-palestinien ainsi que les références à un Islam simpliste, coupé de son évolution au fil de l'histoire, mais aussi la montée des petits caïds.
Lorsque je suis redevenu premier magistrat de ma commune, j'ai constaté un certain nombre de faits exposés dans ce livre que je n'avais pas décelés lors de mon premier mandat.
Ils existaient certainement, mais dans une proportion si faible que je ne les avais pas décelés.
Douloureusement, j'ai du constater à quel point ma ville avait si profondément changé.
Depuis plus de deux ans et demi, j'ai, avec mon équipe, élus et collaborateurs, redressé des situations qui ne devraient pas exister.
J'ai mis fin à de nombreux emplois de complaisance, dont des personnes qui avaient été embauchées pour leur influence supposée au sein de la communauté musulmane: un véritable mélange des genres entre espace professionnel et associations cultuelles.
J'ai réaffirmé l'égalité homme-femme en sanctionnant sévèrement les agents refusant de serrer la main aux femmes.
J'interdis systématiquement la tenue de salons dit «de la femme» discriminants et contraires à la laïcité sur le modèle qui s'est tenu à Pontoise et qui a défrayé la chronique.
J'ai fait en sorte de récupérer 1 million d'euros de la part d'une association cultuelle qui avait bénéficié, là encore dans un calcul purement électoral, d'une location d'un bâtiment municipal à titre gratuit ainsi que de travaux dans celui-ci pour un montant équivalent à la somme récupérée.
Voici des actes qui sont en mon pouvoir de Maire.
Cependant, je me trouve fort dépourvu et depuis trop longtemps lâché en rase campagne par l'Etat, lorsqu'il s'agit de prendre des décisions sur la fermeture de lieux de prière inopinés ou d'encadrement d'enfants qui se sont construits dans la plus totale illégalité.
Ces lieux ne sont d'ailleurs pas uniquement, dans le cas d'Argenteuil, d'obédience musulmane mais également évangéliste.
Il en va de même concernant l'absence de contrôle de l'Etat relatif aux financements de lieux de culte par l'étranger sur lesquels j'ai alerté à maintes reprises.
J'entendais il y a peu une chronique courageuse du philosophe Raphael Enthoven.
Celui-ci moquait justement la phrase hélas fort à la mode en ce moment: «Ne pas jeter d'huile sur le feu».
Il pointait du doigt cette expression en disant: «qu'elle était devenu le mantra des élus qui se donnent ainsi l'image de rassembleurs apaisants. C'est une formule magique. Elle installe celui qui la brandit dans la position du souverain qui, quand le monde s'enflamme, conserve son sang-froid...Alors qu'en réalité, c'est lui, le pyromane».
Et d'ajouter pour conclure: «Ne pas jeter d'huile sur le feu c'est la formule qui préserve les conflits en posant un voile dessus. Celui qui ne veut pas jeter d'huile sur le feu c'est celui qui ne veut pas se salir les mains, celui qui a peur et qui a honte d'avoir peur donnant à sa peur les contours flatteurs de la pondération…».
Malgré tout, face à ces situations qui apparaissent parfois désespérées et désespérantes et qui ont déjà causé de profonds dégâts dans notre société, je reste convaincu, comme beaucoup de mes collègues maires, que cet état de fait n'est pas irréversible.
Je reste intimement persuadé que la non-renonciation, la force du courage et la volonté de voir les valeurs de notre République triompher face à l'obscurantisme, est plus que jamais possible.
Ce sera sans aucun doute l'une sinon la mission prioritaire du prochain président de la République qui succèdera à François Hollande.
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