Les heurts au Salon de l’Agriculture confirment que l’année 2016 ne sera pas une année comme les autres!
Jamais la contestation du pouvoir exécutif sur des sujets structurants n’avait atteint une telle puissance.
L’agriculture défie le pouvoir central
Les images sont accablantes: une profession, lors de son salon « publicitaire » à Paris, insulte collectivement le Président de la République qui la visite, puis démonte le stand du ministère de tutelle.
Le pouvoir central est ici clairement défié.
C’est le monarque républicain en personne qui est visé, conspué, et même bousculé par des jets de bouse de vache.
Le spectacle est immédiatement amplifié par les réseaux sociaux, et même déformé.
Des rumeurs circulent sur « l’exfiltration » du Président.
Pour le monde entier, l’image donnée par la France est forcément cataclysmique.
Trois mois et demi après les attentats du 13 novembre qui auraient dû souder les Français, la colère gronde dans le peuple.
Derrière cette image déplorable, c’est l’idéologie européiste de François Hollande, et son incurie politique qui sont visés.
En digne représentant du gouvernement profond, François Hollande semble en effet encourager la crise dont souffrent nos éleveurs.
Il se satisfait des sanctions contre la Russie qui ont justifié un embargo russe sur la viande, créant ainsi une crise de surproduction.
L’agriculture face au paradoxe européiste
L’agriculture: dernière spécificité nationale à éradiquer
L’agriculture: enjeu régalien
L’agriculture: coup d’envoi d’une crise sociale à répétition?
Il a laissé passivement les quotas laitiers disparaître l’an dernier, favorisant les exploitations allemandes au détriment de la production française.
Non content de contempler le désastre, il l’encourage!
Il n’est pas un discours de Hollande qui ne fasse l’apologie de l’Europe et plaide en faveur d’une intégration politique renforcée.
Peu à peu, les Français comprennent que, dans une telle hypothèse, ils disposeraient d’encore moins de marges de manoeuvre pour faire face à leur crise.
Les européistes béats touchent ici au paradoxe qu’ils n’expliquent jamais.
À les entendre, l’Europe, c’est forcément la prospérité, le progrès, la paix, le bonheur des peuples.
Au nom de cette idéologie bêlante, toujours présentée de façon péremptoire et méprisante comme le seul discours sérieux qui puisse être tenu quand on est intelligent et responsable, une intégration renforcée dans l’Union est la seule façon de retrouver la croissance.
En dehors de l’Europe, point de salut.
Dans le même temps, toutes les statistiques publiques produites depuis l’avénement de l’euro montrent le contraire: la croissance est plus faible dans la zone euro que dans le reste du monde, et la France reste accrochée à un chômage de masse, avec des armées d’exclus et des marges dégradées pour les entreprises.
Des difficultés sociales sérieuses apparaissent.
La désindustrialisation galope.
Il y a bien entendu un paradoxe caché derrière l’idéologie européiste, qu’aucun de ses défenseurs ne prend le temps d’éclaircir: l’Europe, c’est la prospérité assurée pour certains Européens, mais pas pour tous.
Et c’est le progrès pour certains, mais pas pour tous.
Dans le « pas pour tous »… il faut comprendre que l’Europe, telle qu’elle est conçue par les europhiles français, a une utilité première: débarrasser la France de ses spécificités nationales, qui sont autant de freins dans la course à une intégration au coeur d’un monde atlantiste.
Parmi ces freins, notre agriculture constitue un mets de choix.
Avec nos petites exploitations plus ou moins rétrogrades, souvent subventionnées, chouchoutées, nous disposons d’une sorte de réduit national qui fait horreur au grand monde lisse rêvé par les adeptes de l’Europe mondialisée.
La passivité de Le Foll depuis début 2015 sur la disparition des quotas laitiers en est une preuve: au-delà de la posture de regret, pourquoi se battre contre un mouvement historique souhaitable?
Et qu’y a-t-il de plus souhaitable que de voir la France débarrassée de cette vieille scorie que sont ses paysans?
Tout dépend, évidemment, de nos options politiques.
Voulons-nous une France intégrée à une irréversible division européenne du travail, ou nous dépendrons, pour notre suffisance alimentaire, de nos voisins? et où nos vieilles exploitations personnelles disparaîtront au profit d’une industrie de la terre? ou voulons-nous garder notre indépendance régaliennes en subventionnant une agriculture moins rentable que celle de nos voisins, plus chères, mais qui nous garantira notre suffisance alimentaire le jour venu?
C’est ce débat-à qu’il nous faut avoir, et notre naufrage politique, c’est que ce sujet-là est tabou.
L’ultime question de cette affaire porte sur le caractère précurseur ou non de la jacquerie à laquelle nous assistons.
Les jets de bouse de vache au Salon de l’Agriculture sont-ils un geste isolé ou annoncent-ils un printemps chaud qui mettra le pouvoir finissant de François Hollande dans une impasse difficile à surmonter?
Le rapport de la Commission Européenne sur la situation française rappelle que la France a pratiqué peu de réformes de structures depuis 2008, et singulièrement depuis 2012.
La loi El-Khomri illustre la difficulté pour le pays de s’attaquer aux sujets de fond.
Cette difficulté tient d’ailleurs autant à la réticence civile qu’à l’incompétence de notre classe politique.
Il fallait en effet être irresponsable pour confier ce dossier à une jeune ministre apparatchik qui n’a jamais mis les pieds dans une entreprise.
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