François Hollande et la courbe du chômage : un nouveau CDD en 2017 ?

                                                    

Le 19/01/2016

Nicolas Gauthier

 

De manière aussi sotte que présomptueuse, il avait fait de l’inversion de la courbe du chômage la première condition d’une éventuelle candidature à la prochaine échéance présidentielle.

   

François Hollande comme un poisson rouge qui se débattrait dans un filet à papillons ?
Voilà qui y ressemble bigrement.
De manière aussi sotte que présomptueuse, il avait fait de l’inversion de la courbe du chômage la première condition d’une éventuelle candidature à la prochaine échéance présidentielle.
 Depuis, chiffres à l’appui, même torturés, la hausse pourrait glisser à la baisse, les feux passeraient du rouge à l’orange, ladite courbe s’inverserait de façon médiane et l’augmentation serait à la régression. Bref, ça continue à caguer dans la choucroute.
D’où ce nouveau et énième plan miracle, ce lundi annoncé dans une indifférence qu’on ne qualifiera pas de générale, par élémentaire souci de charité chrétienne.
 De nouveaux sigles, après le CIP, le CPE et le SCHMURTZ, s’annoncent, nouveaux bidules aux acronymes imbitables ; pas grave : ils seront tôt oubliés, au même titre que leurs prédécesseurs. Après, il paraît que toute l’usine à gaz aurait vocation à être simplifiée ; comme toujours, mais avec, néanmoins, un nouveau système d’aides, de réductions d’impôts et de primes d’État, inventaire à côté duquel le Talmud aurait presque des airs de Manuel des castors juniors.
Et puis, la sacro-sainte formation. Former les jeunes et reformer les vieux.
 Les premiers, n’apprenant pas à l’école – ne serait-ce qu’à lire, écrire et compter -, ne sont évidemment pas les mieux formés.
Quant aux seconds, on se demande bien à quoi sert de former des quinquagénaires déjà démonétisés sur le marché de l’emploi tout en leur expliquant qu’il faudra qu’ils travaillent jusqu’à bientôt 65 ans…
Former des chômeurs centenaires serait-il devenu l’un des enjeux majeurs de ce quinquennat finissant ?

Lire aussi : Pour réduire le chômage, il faudra une révolution
 

Et comme si ce début d’année 2016 n’était suffisamment pas assez morose pour le Résident de l’Élysée, voilà qu’une autre courbe, celle des sondages, se mêle de la partie. François Hollande y fait du parachute sans parachute, du saut à l’élastique sans élastique.
Emmanuel Macron en est le chouchou, un peu loin devant Manuel Valls.
Le premier, las des brimades du second, songerait à prendre ses cliques et ses claques.
Le second miserait 36 fois la mise sur 2022.
Pour tout arranger, voilà que le serpent de mer des primaires à gauche refait surface, au lac de Solférino.
Et là, le loustic de Julie Gayet ne part pas exactement en pole position, largement distancé par Valls et Macron.
Que faire, comme jadis s’interrogeait Lénine ?
Ne rien faire, justement.
 Attendre, laisser le temps au temps.
Jouer Manuel contre Macron, Emmanuel contre Valls, conserver Christiane Taubira, histoire qu’elle ne mette pas en œuvre la menace consistant à se présenter en 2017 ; elle avait fait chuter Lionel Jospin en 2002 et, comme on sait, les records ont vocation à être un jour ou l’autre battus.
Bien sûr, il y a toujours la divine surprise.
Une nouvelle guerre, de nouveaux attentats… mais comme la zumba et les Pokémon, ces modes et ces états de grâce ne sont jamais qu’éphémères.

La preuve en est que la question des primaires à gauche est de plus en plus ouverte.
 73 % des Français y seraient favorables.
Et comme Félicie, Julien Dray aussi : « François Hollande est comme tout le monde, il a compris qu’il y a un risque d’élimination de la gauche au premier tour de la présidentielle. Il a vécu le 21 avril 2002. […] Il n’a pas envie de le revivre et de faire revivre ça à la gauche… »

Si l’on résume, François Hollande n’est pas prêt de sauver son emploi.