De notre envoyé spécial à Cologne, Frédéric Therin
Publié le | lepoint.fr
Après une absence très remarquée le soir du nouvel an, où ont eu lieu des centaines d'agressions, la police de Cologne doit maintenant affirmer sa présence dans toute la ville, comme ici aux abords de la gare centrale. © DPA/ MAJA HITIJ
Les centaines d'agressions commises le soir du nouvel an ont mis en exergue les lacunes des forces de l'ordre de la ville, invitées à faire leur autocritique.
La gêne est perceptible, l'embarras évident.
Les journalistes étaient nombreux à s'être déplacés pour assister à la conférence de presse réunissant tous les hauts gradés de la police de Cologne, ce vendredi.
Une équipe de télévision canadienne avait même fait le déplacement pour l'occasion.
Tous voulaient connaître l'avancée de l'enquête concernant les événements de la Saint-Sylvestre durant laquelle plusieurs centaines de femmes ont été victimes d'agressions sexuelles devant la gare centrale de la ville.
Mais, avant de laisser la parole à ses chefs, le tout nouveau porte-parole de la police a tenu à mettre les choses au clair en expliquant que les intervenants ne répondraient à aucune question ayant rapport aux attaques de la nuit du nouvel an.
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Le chef de la « crim » et celui de la sûreté ont alors expliqué que la ville souffrait d'une hausse de la petite criminalité.
Les vols à la tire et le trafic de drogue douce semblent être des business en plein essor sur les bords du Rhin, surtout depuis l'apparition ces cinq dernières années de bandes organisées de jeunes hommes originaires du Maghreb.
Pour contredire les xénophobes qui accusent les migrants de tous les maux, les policiers ont tenu à rappeler que 60 % des vols à l'arraché constatés l'an dernier avaient été commis par des Allemands, et non par des étrangers.
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Ce sujet est aujourd'hui extrêmement sensible, car la quasi-totalité des agresseurs du nouvel an était originaire d'Afrique du Nord et du Moyen-Orient.
Les forces de l'ordre savent donc qu'elles marchent sur des œufs depuis deux semaines.
La très lente avancée de l'enquête confirme également les difficultés de la police.
L'absence d'agents en uniforme devant la gare durant cette nuit traditionnellement sensible, le manque criant d'images montrant les agresseurs et l'incapacité des autorités à trouver les responsables de ces crimes ont jeté une lumière crue sur l'inefficacité des forces de l'ordre.
La région a déjà promis de recruter 500 policiers supplémentaires, qui viendront s'ajouter aux 40 000 fonctionnaires qui travaillent en Rhénanie-du-Nord-Westphalie.
Les hauts gradés sur la sellette
L'ensemble du personnel responsable de la sécurité publique a également été prié d'annuler ses vacances à l'approche du carnaval.Des caméras de surveillance vont enfin être installées près de la gare et de la cathédrale toute proche.
« La population a toujours eu l'habitude de nous faire confiance, reconnaît Peter Römers, le chef de la police pour le centre-ville, mais cette confiance s'est fortement érodée depuis la Saint-Sylvestre.
Nous devons donc tout faire pour rassurer les gens. »
Le responsable de la sûreté de Cologne fait, lui aussi, son mea culpa.
« Je suis policier depuis quarante ans et j'ai choisi de faire ce métier pour aider mon prochain, résume Michael Temme. Je suis donc très mécontent de constater que nous n'avons pas rempli cette mission durant la Saint-Sylvestre. Nous faisons notre autocritique et nous voulons tirer les leçons de ce qui s'est passé ce soir-là. »
Ces hauts gradés ont bien conscience d'être sur la sellette.
Leur grand patron, Wolfgang Abers, a déjà été « incité » à prendre sa retraite anticipée à tout juste 60 ans et la chef du service de presse, qui avait publié le 1er janvier un communiqué pour expliquer que les célébrations de la Saint-Sylvestre s'étaient déroulées comme à l'accoutumée, a été licenciée.
Cette liste pourrait s'allonger si les auteurs des attaques ne sont pas rapidement désignés.
Refuser de répondre aux questions ne semble pas être une stratégie très efficace pour calmer les critiques...
"les policiers ont tenu à rappeler que 60 % des vols à l'arraché constatés l'an dernier avaient été commis par des Allemands, et non par des étrangers."
RépondreSupprimerA la limite, je trouve cela normale, il me semble et j'espère qu'en Allemagne les allemands dits de souche sont encore majoritaires. Mais comme dirait Mr Cazeneuve, rien n'est prouvé.