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jeudi 12 mars 2015

Un site de vengeance anti-flics et anti-matons scandalise la police et la pénitentiaire

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Par Jean-Marc Leclerc
Mis à jour le 11/03/2015 à 16:02
Publié le 11/03/2015 à 13:07

Plusieurs fonctionnaires de police ont été visés sur internet, mais aussi leurs familles.

Plusieurs fonctionnaires de police ont été visés sur internet, mais aussi leurs familles. Crédits photo : PATRICK KOVARIK/AFP
 
Un groupe proche de l'extrême gauche a mis en ligne, sur un blog très explicite, les photos de fonctionnaires de police et de gardiens de prison de la région de Rennes, mais aussi de leurs enfants. Le parquet a ouvert une enquête.

La police indiscrète victime d'indiscrétions, piégée par ses propres armes.
C'est un peu le sens du blog qui fait scandale au ministère de l'Intérieur et à l'administration pénitentiaire.
Sous le titre «Vengeance», on y voit publiées des photos d'agents de ces deux administrations en poste dans la région de Rennes.
Avec en prime des clichés de leurs conjoints, de leurs proches, mais aussi des dates de naissances, des noms, des adresses personnelles.
 Autant d'éléments que ces fonctionnaires ont eux-mêmes posté imprudemment sur leurs propres pages Facebook notamment.
Le talon d'Achille des réseaux sociaux et du désir de se raconter a donc été exploité cyniquement par des personnes proches de la mouvance d'extrême gauche qui expose ses thèses et communique via les sites d'information alternatifs du collectif Indymedia.
 Ils reproduisent, à leur façon, ce que le réseau de délation «anti-bavures policières» Copwatch avait tenté d'implanter en France, avec la publication de photos de 450 fonctionnaires en action en Ile-de-France et dans le Nord.
 Avant que la justice française ne mette un terme à cette provocation en septembre 2011.

Des enfants visés et même des bébés

Mais cette fois, la transgression va plus loin.

 Ce nouveau site à pour objectif non pas la dénonciation d'exactions réelles ou supposées.
 Il vise gratuitement des familles, des enfants d'agents, parfois des bébés, de quelques semaines à peine, en photo dans les bras de leurs parents.
 Sans même un floutage des clichés, avec les prénoms des enfants mentionnés, mais aussi leur âge.
«C'est intolérable et le terme de vengeance employé par ceux qui se livrent à de telles dérives laisse craindre le pire pour ces familles d'agents exposées à la vindicte de n'importe quel fou!», déplore Nicolas Comte, le secrétaire général adjoint du syndicat de policiers Unité-SGP-Police.

Les «matons» pointés du doigt travaillent à la maison d'arrêt, les policiers à la Sécurité publique ou à la PJ de Rennes.
Les blogueurs, qui ont posté leur dernière photo de gardien de prison à reconnaître le 20 février dernier, ironisent sur leurs «cibles».
 Ici, ils reprennent la formule d'un surveillant qui indique sur sa page personnelle: «Marié, à Fabienne, qui m'a fait 3 beaux enfants. Heureux…».
 Là, ils livrent les «plaques de flic, BAC, brigade cynophile et autre variété de poulets nocturnes», avec des photos de véhicules.
Ailleurs, ces sont les policiers des ex-RG qui sont «démasqués».
Et cette fois, ce sont des photos prises dans la rue qui sont dévoilées.
Avec cette légende: «Notez que le petit dernier au look de nazi est désormais en uniforme. Il avait sans doute faim de cailloux.»
 Il y a aussi les «plaques de matons» et même les «plaques du SPIP» (Service d'insertion et de probation).

Difficultés juridiques pour fermer le site

La Direction générale de police nationale (DGPN) a été saisie par les syndicats, tout comme la Chancellerie, à Paris.
Le parquet de Rennes a ouvert une enquête pour «accès frauduleux à un système de traitement automatisé de données» et «menaces».
 Il a confié les investigations à la PJ de Rennes, ainsi qu'à l'Office central de la lutte contre la criminalité liée aux technologies de l'information et de la communication (OCLCTIC).
Pour les syndicats de policiers, il est urgent de fermer l'accès à ce site.
Mais le syndicaliste Nicolas Comte n'est guère optimiste: «Le site est encore accessible, malgré la saisine des magistrats, et il y a fort à parier que les problèmes juridiques qui se poseront vont compliquer l'action des autorités françaises».

Souvent, en effet, les blogs d'Indymedia sont hébergés à l'étranger, dans des pays réticents à toute coopération judiciaire.

 Les syndicats de policiers et des personnels pénitentiaires se disent ulcérés de voir des photos d'enfants d'agents, parfois de bambins, aujourd'hui menacés, toujours diffusées sur la Toile.

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