Les juges du tribunal d’instance de Lille sont-ils stupides, inconscients, ou carrément machiavéliques ?
On dit souvent, dans ce pays, que la justice est malade.
Elle souffre : du manque de temps, du manque de personnel, du manque de crédits, avec et sans s, n’ayant ni fonds suffisants ni reconnaissance à la hauteur de ses services.
De fait, en prenant connaissance de certains jugements, on se dit que les magistrats sont gravement atteints.
Neurones bouffés par la fumette, les anxiolytiques ou le désir de vengeance, on ne saurait le dire, mais il est clair que leurs sentences ne vont pas – mais alors pas du tout ! – dans le sens d’un apaisement social.
On apprend ainsi ce matin que le tribunal d’instance de Lille vient d’accorder à une plaignante qui croyait avoir gagné le gros lot à la loterie « un préjudice de déception ».
Suzanne pensait en effet avoir remporté un beau voyage à Istanbul.
C’est ce que lui promettait le prospectus sur papier glacé.
La voilà donc qui fait ses bagages, dit à Eugène « Jojo, prends ta laine, on va voir le harem », et attend de pied ferme le jour du départ.
Qui n’arrive pas.
Privée d’Istanbul, Suzanne se rend au tribunal.
Et gagne, cette fois.
L’organisateur de loteries est donc condamné à lui payer le voyage et 500 euros supplémentaires pour « préjudice de déception ».
Fin septembre, déjà, 163 personnes emmenées par SUD Rail se retrouvaient devant le conseil des prud’hommes, face à la SNCF qu’elles poursuivent pour « préjudice d’anxiété ».
Ces malheureux craignent, ayant croisé l’amiante, d’avoir un jour à en souffrir ou – pire – à en mourir.
En 2010, la Cour de cassation reconnaissait le fondement de la procédure.
On saura en juin prochain si les prud’hommes lui emboîtent le pas : 10.000 euros à la clé par tête d’angoissé.
La dernière turquerie de madame Suzanne, d’Épernay, va assurément faire jurisprudence et ouvrir la voie à un avenir radieux.
Comme dit la dépêche annonçant cette bonne nouvelle : « Ce jugement est en effet applicable à la plupart des litiges commerciaux ou privés. Pratique et facile à démontrer, il risque désormais d’être souvent invoqué devant les tribunaux. »
Et imaginez que l’on puisse, demain, invoquer le préjudice d’anxiété + le préjudice de déception qui très souvent lui succède.
Tout le monde va s’y ruer, les avocats les premiers.
On leur suggère d’ailleurs de réserver tout de suite leurs billets pour la Coupe du monde de football : ils pourront pêcher les anxieux déçus à la porte des stades.
À la porte des chirurgiens esthétiques aussi, et pourquoi pas à la sortie des lycées le jour des résultats du Bac, histoire de demander à une Éducation nationale controversée de dédommager les cancres.
Alors, Mesdames et Messieurs les juges du tribunal d’instance de Lille, je vous en prie, répondez-moi : êtes-vous stupides, inconscients, ou carrément machiavéliques ?
On dit souvent, dans ce pays, que la justice est malade.
Elle souffre : du manque de temps, du manque de personnel, du manque de crédits, avec et sans s, n’ayant ni fonds suffisants ni reconnaissance à la hauteur de ses services.
De fait, en prenant connaissance de certains jugements, on se dit que les magistrats sont gravement atteints.
Neurones bouffés par la fumette, les anxiolytiques ou le désir de vengeance, on ne saurait le dire, mais il est clair que leurs sentences ne vont pas – mais alors pas du tout ! – dans le sens d’un apaisement social.
On apprend ainsi ce matin que le tribunal d’instance de Lille vient d’accorder à une plaignante qui croyait avoir gagné le gros lot à la loterie « un préjudice de déception ».
Suzanne pensait en effet avoir remporté un beau voyage à Istanbul.
C’est ce que lui promettait le prospectus sur papier glacé.
La voilà donc qui fait ses bagages, dit à Eugène « Jojo, prends ta laine, on va voir le harem », et attend de pied ferme le jour du départ.
Qui n’arrive pas.
Privée d’Istanbul, Suzanne se rend au tribunal.
Et gagne, cette fois.
L’organisateur de loteries est donc condamné à lui payer le voyage et 500 euros supplémentaires pour « préjudice de déception ».
Fin septembre, déjà, 163 personnes emmenées par SUD Rail se retrouvaient devant le conseil des prud’hommes, face à la SNCF qu’elles poursuivent pour « préjudice d’anxiété ».
Ces malheureux craignent, ayant croisé l’amiante, d’avoir un jour à en souffrir ou – pire – à en mourir.
En 2010, la Cour de cassation reconnaissait le fondement de la procédure.
On saura en juin prochain si les prud’hommes lui emboîtent le pas : 10.000 euros à la clé par tête d’angoissé.
La dernière turquerie de madame Suzanne, d’Épernay, va assurément faire jurisprudence et ouvrir la voie à un avenir radieux.
Comme dit la dépêche annonçant cette bonne nouvelle : « Ce jugement est en effet applicable à la plupart des litiges commerciaux ou privés. Pratique et facile à démontrer, il risque désormais d’être souvent invoqué devant les tribunaux. »
Et imaginez que l’on puisse, demain, invoquer le préjudice d’anxiété + le préjudice de déception qui très souvent lui succède.
Tout le monde va s’y ruer, les avocats les premiers.
On leur suggère d’ailleurs de réserver tout de suite leurs billets pour la Coupe du monde de football : ils pourront pêcher les anxieux déçus à la porte des stades.
À la porte des chirurgiens esthétiques aussi, et pourquoi pas à la sortie des lycées le jour des résultats du Bac, histoire de demander à une Éducation nationale controversée de dédommager les cancres.
Alors, Mesdames et Messieurs les juges du tribunal d’instance de Lille, je vous en prie, répondez-moi : êtes-vous stupides, inconscients, ou carrément machiavéliques ?
Quand je joue au loto, je suis anxieux puis déçu, ça pourrait peut être fonctionner :D
RépondreSupprimer