L’association musulmane qui dérange Villeneuve-le-Roi

Craignant de nouveaux débordements, le maire UMP a pris un arrêté de fermeture administrative de locaux où une centaine d’hommes se sont réunis la semaine dernière.

ANTHONY LIEURES AVEC ANNE-LAURE ABRAHAM | Publié le 11.05.2013, 06h57

Villeneuve-le-Roi, rue du docteur-Ageorges, hier. L’association qui se présente sous le nom d’Institut de transmission du savoir - Aujourd’hui t’appartient s’est installée dans les anciens locaux d’une société de câbles électriques.
 (LP/A.-L.A.)

Plusieurs dizaines d’hommes en djellaba réunis le week-end dernier au coeur d’un quartier pavillonnaire de Villeneuve-le-Roi, c’en était trop pour le maire (UMP) Didier Gonzales, qui vient de prendre un arrêté de fermeture administrative pour ce local situé rue du Docteur- Ageorges. S’y trouverait, selon lui, une « association […] qui se présente comme une école coranique […] », et qui « prône officiellement une doctrine radicale ».

L’élu craint un nouveau rassemblement ce week-end. Demain, il sera sur le marché pour lancer une pétition.

Ce bâtiment d’un étage, protégé par une barrière qui masque la vue, ne dispose « d’aucune autorisation d’accueil du public », selon le maire, qui évoque la présence de « près de 200 pratiquants venus de toute la France » la semaine dernière. Ce qui a entraîné, selon lui, des « débordements » et « un certain émoi dans la ville ».
« Il y avait des croyants jusque dans la rue. Cela a créé des problèmes de voisinage. Plusieurs mains courantes ont été déposées », assure Didier Gonzales.

 Sur place, hier, les témoignages confirment le bruit et les problèmes de stationnement : « On avait du mal à se garer, à un moment ils ont pris un haut-parleur ! se souvient une dame. A part ça, je n’ai aucun problème avec eux. » Un voisin qui les connaît un peu est surpris d’apprendre la décision municipale. « Ils ne me gênent pas. Ils sont polis, ils disent bonjour.

 Je trouve la réaction du maire un peu exagérée. » Une autre voisine approuve au contraire la décision de Didier Gonzales : « C’est très bien. On est dans un quartier pavillonnaire et ce type d’activité est inapproprié. »

L’association, qui se présente sous le nom d’Institut de transmission du savoir - Aujourd’hui t’appartient, confirme avoir organisé un « séminaire » uniquement « réservé aux frères », le week-end dernier.

Son directeur, Ibrahima Sy, fonctionnaire à la ville de Créteil, explique avoir réuni « des amis d’un peu partout dans le monde » à l’occasion d’un « rappel religieux », mais aussi afin de les « solliciter pour l’aider financièrement à acheter ces locaux », que loue l’association depuis fin 2012. « Il y avait un peu plus de cent personnes, mais il n’y a eu aucune prière dans la rue, assure-t-il. Tous les voisins étaient prévenus. Nous avons régulé la circulation pour éviter, justement, les problèmes de voisinage.

 C’est un procès d’intention du maire de Villeneuve- le-Roi qui cherche à nous mettre des bâtons dans les roues depuis le début, poursuit-il. Nous sommes dans notre droit et mon avocat lui répondra très prochainement. »

Ibrahima Sy se défend également de prôner une doctrine radicale. La séparation entre hommes et femmes sert juste à « éviter les tensions », selon lui. L’association, qui a récemment déménagé de Vitry à cause d’« un environnement hostile », ne compte que cinq membres actifs et effectue actuellement une mise aux normes des lieux afin d’accueillir diverses activités, comme du soutien scolaire.

Avant de prendre son arrêté, Didier Gonzales a saisi différentes autorités : Premier ministre, ministre de l’Intérieur et Défenseur des droits pour les alerter sur la situation. « Le ministère de l’Intérieur n’a pas pris les dispositions nécessaires. L’arrêté ne pouvant être que temporaire, il est nécessaire qu’il prenne la mesure de la situation », conclut-il. Le ministère de l’Intérieur n’a pas répondu à nos sollicitations.


Le Parisien