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jeudi 25 juin 2015

L’Algérie de carte postale existe-t-elle encore ?

                                                    


Le 25/06/2015

Ne serait-il pas plus honnête de présenter aux Algériens et aux Français le visage de l’Algérie telle qu’elle est devenue après un demi-siècle d’indépendance, et non pas de tenter de l’enjoliver pour le plaisir de quelques-uns et un déni de la réalité ?

En accompagnement du voyage éclair de François Hollande à Alger, la télévision française nous a proposé deux documentaires sur l’Algérie : « L’Algérie vue du ciel » par Yann Arthus-Bertrand, sur France 2.
 Un documentaire magnifique qui nous a enchanté, mais, hélas, commenté par Yazid Tizi dans un texte très engagé et rempli de contre-vérités historiques.
 Tout à fait regrettable et inutile, car la beauté des paysages se suffisait à elle-même.
Le second, en revanche, offert par France 3 et son magazine « Thalassa » sous le titre « L’Algérie, une mer retrouvée », est fortement sujet à polémique, notamment de la part des Algériens eux-mêmes.
En effet, relaté par Mediapart le 13 juin, des reporters de l’émission se sont livrés à des commentaires peu flatteurs sur ce document filmé en Algérie et distribué dans plusieurs cinémathèques.
Selon le quotidien algérien Liberté du 15 juin 2015, ce documentaire (« L’Algérie, une mer retrouvée ») nous a présenté une Algérie de carte postale, avec des allures d’eldorado touristique, une sorte de Nouvelle-Calédonie sans Kanak.
 Des plages immaculées car nettoyées avant chaque prise de vues et filmées en vertu d’autorisations délivrées par huit ministres, sans que cela soit mentionné à l’antenne par les producteurs et réalisateurs.
Le documentaire a consterné les Algériens qui l’ont visionné.
 Il présentait des sites paradisiaques, des sports d’été, une harmonie de vie sans faille, etc.
Les Algériens avaient la réelle impression de découvrir les côtes d’un pays étranger et non pas les plages jonchées d’ordures de toutes sortes que le commun des citoyens algérien fréquente.


Pourquoi vouloir à tout prix, même au prix de mensonges, vouloir donner de l’Algérie actuelle l’image de l’Algérie d’il y a soixante ans, l’image de l’Algérie « vivante », propre, gaie, où il faisait bon être venu au monde, grandir, vivre ?
 Écoutons certains intellectuels algériens qui ne sont pas aveuglés par une propagande destructrice et une indignation de mauvais aloi.


L’Algérie qui fait s’écrier, à la journaliste Raïna Raïkoum dans Le Quotidien d’Oran : « Des milliers de bouteilles vides d’eau minérale emportées par le vent, roulant sur l’asphalte. Une terrible saleté sur les plages algériennes, des sachets, des détritus. Pas la saleté habituelle mais une saleté plus ample, plus grave, qui dure. Fallait-il libérer ce pays avec du sang pour, au final, le noyer dans la saleté ? »


Et toujours dans Le Quotidien d’Oran, Ahmed Farrah : « Le malheur d’une certaine frange d’Algériens (les vieux), c’est d’avoir des repères que les jeunes n’ont pas. L’indépendance a fait la fierté de notre peuple, mais peut-on, aujourd’hui, parler de fierté en Algérie alors que la régression est partout visible à rendre myope ? […] Il n’est nullement question de sentiments nostalgiques “pieds-noirisés”, ni de l’idéalisation d’un passé décomposé, mais simplement de rappeler que l’Algérien était alors travailleur, laborieux, appliqué, consciencieux, bien élevé, respectueux, sociable, pacifique et civilisé. Une fois le « colon » chassé, où en sommes-nous un demi-siècle plus tard ? On récolte ce que l’on a semé ! »


Le lac de Reghaïa, ce joyau de la nature à seulement 30 km d’Alger, est décrit comme un paradis puant, dans El Watan du 11 avril : « Un marécage aux odeurs pestilentielles, des marais aux eaux verdâtres où il est nécessaire de se boucher le nez pour l’approcher. »


Ne serait-il pas plus honnête de présenter aux Algériens et aux Français le visage de l’Algérie telle qu’elle est devenue après un demi-siècle d’indépendance, et non pas de tenter de l’enjoliver pour le plaisir de quelques-uns et un déni de la réalité ?

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