Translate

mercredi 14 mai 2025

Rixe au tribunal de Bordeaux : ces jeunes « n’ont plus peur de rien » !

© Capture écran Sud Ouest 
 
© Capture écran Sud Ouest

 

 

Dans l'affrontement, des policiers ont été directement visés. Certains souffrent de blessures superficielles. 

La Guerre des boutons, version France Orange mécanique. Ce lundi 12 mai, en début de soirée, alors que l’audience du procès sur la fusillade des Aubiers venait d’être suspendue, une violente rixe a éclaté, au sein du tribunal de Bordeaux. Des jeunes, vêtus de survêtements sombres avec une casquette vissée sur la tête, se sont mis à distribuer des coups dans la salle des pas perdus du palais de justice, entraînant une violente cohue. Ils sont même allés jusqu’à se battre au sein de la salle d’audience. Du jamais-vu pour les avocats et forces de l’ordre présents sur place. Au cœur de l’affrontement, des policiers, qui tentaient de ramener le calme, ont également été visés. Certains « souffrent de blessures superficielles » au visage, à la tête ou encore à l’épaule, nous confie un policier. Une enquête a été ouverte pour déterminer l’origine de la bagarre et pour identifier les auteurs. Les vidéos prises lors de l’affrontement sont en cours d’examen.

 

 

Une fusillade mortelle

La fusillade des Aubiers, objet de ce procès ? Souvenez-vous. Huit hommes, âgés de 23 à 30 ans, sont jugés pour leur implication présumée dans cette fusillade survenue le 2 janvier 2021 au nord du centre-ville de Bordeaux, dans le quartier des Aubiers. Ce jour-là, vers 22 heures, Lionel Sess et un ami vendent devant leur immeuble des confiseries afin de financer un séjour au ski. Une berline sombre arrive dans la cité et s’arrête sur la place Ginette-Neveu. Les occupants du véhicule ouvrent rapidement le feu et tirent en rafales en direction des jeunes présents dans la rue. Quatre adolescents sont blessés. Lionel Sess, jeune garçon sans histoire, est retrouvé mort. Les accusés, présents au tribunal de Bordeaux ce 12 mai, nient tous les faits qui leur sont reprochés. Trois d’entre eux — Abdoulhadre S., Marwan S. et Yassine S — comparaissent pour meurtre en bande organisée et tentatives de meurtre en bande organisée. Les cinq autres hommes sont jugés pour des délits connexes, à savoir association de malfaiteurs en vue de préparer un crime ou encore violences aggravées.

Cette fusillade « s’inscrit dans un contexte de bandes rivales entre le quartier des Aubiers et le quartier Chantecrit-Saint Louis », explique Marouane Ziane, délégué zonal Aquitaine du syndicat Alliance Police nationale, contacté par BV. Une rivalité ancienne entre ces quartiers qui ne cesse de s’aggraver. Il y a d’abord eu une « battle » de rap qui a dégénéré en fusillade, en 2019. L’année suivante, un jeune des Aubiers, qui se rendait chez un ami à Chantecrit-Saint Louis, a été pris au piège et tabassé. Il doit son salut à l’intervention d’un certain Amir B. Et le soir-même, Amir B. était visé par une tentative de meurtre. Une escalade qui mène, trois semaines plus tard, à la mort de Lionel Sess...

Une rixe dans un tribunal : du jamais-vu !

Avec le règlement de comptes au tribunal, un nouveau stade a été atteint dans l’affrontement entre les deux bandes rivales qui, jusque-là, limitaient leurs exactions à leur quartier : « à l’issue de la première journée d’audience, des incidents graves ont eu lieu dans la salle d’audience et dans la salle des pas perdus », rapporte le tribunal, dans un communiqué. « Alliance Police nationale condamne fermement ces agissements intolérables dans un tribunal, déclare Marouane Ziane. Nous sommes extrêmement choqués qu’une rixe puisse se produire dans un palais de justice, temple de la République. » Le policier, qui apporte son soutien à ses collègues blessés, déplore que ces jeunes « n’aient plus aucune peur des autorités, ni même de la justice ». Il y a deux ans, BV avait déjà assisté à des tensions aux abords du tribunal de Bordeaux, lors du procès de militants antifascistes. Des soutiens des accusés avaient insulté les journalistes dans la salle des pas perdus et un groupe s'était réuni à l'extérieur du palais de justice. Le calme avait été maintenu au sein de la salle d'audience. Cette fois-ci, la violence n'a plus de limites...

Une surveillance renforcée a été mise en place, dès ce 13 mai, deuxième jour du procès qui doit se tenir jusqu’au 23 mai prochain. L’accès à la salle d’audience a par ailleurs été restreint. Au vue de la tension qui règne, la cour réfléchit à un huis clos.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Ici, les commentaires sont libres.
Libres ne veut pas dire insultants, injurieux, diffamatoires.
À chacun de s’appliquer cette règle qui fera la richesse et l’intérêt de nos débats.
Les commentaires injurieux seront supprimés par le modérateur.
Merci d’avance.