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dimanche 7 juillet 2024

Présidence hongroise de l’Union européenne : ça déboîte déjà !


ORBAN

 

On sait que la présidence de l’Union européenne est tournante. 

Il fallait bien que ce fût un jour le tour de la Hongrie. 

Viktor Orbán concentrait contre lui, depuis des années, toutes les critiques de la gauche et des pays dits progressistes : on l’annonçait fasciste, ennemi des libertés, on dénonçait depuis des années sa politique illibérale. Aussi n’était-ce pas sans une certaine gourmandise que ses voisins européens attendait qu’il s’installe à la tête des institutions bruxelloises, réputées intangibles, et en tous les cas peu enclines à voir ce chef d’État si opposé à leurs priorités s’emparer des leviers de commande.

On peut dire qu’Orbán n’a pas déçu. À peine installé à son poste, il a immédiatement joué les médiateurs envers Vladimir Poutine, qui l’a invité à venir le voir à Moscou. « Seul pays d’Europe capable de parler à tout le monde », la Hongrie, s’il faut en croire son Premier ministre, n’a rendu compte de cette initiative à aucun des autres pays membres. Tollé général, évidemment, mais cette rencontre a le mérite de la franchise, de la singularité et, au-delà de l’effet d’annonce, permet aussi de sortir l’Europe des postures toutes faites et du psittacisme collectif. Allait-il s’arrêter là ? Bien sûr que non !

Le parti Identité et Démocratie (ID), traditionnellement classé très à droite au Parlement européen, est traditionnellement celui du RN, et il reste marginal du fait de la radicalité de certaines de ses prises de position. Reconquête avait fait de sa proximité avec les conservateurs d’ECR, le parti dont dépend Giorgia Meloni à Bruxelles, l’un de ses arguments phares pour la campagne. Or, voici qu’Orbán et Marine Le Pen pourraient former autour d’eux un grand parti de droite à l’échelon européen ; les pourparlers avancent dans ce sens. On apprend, ces jours-ci, que le PVV du Néerlandais Geert Wilders va se joindre à cette coalition dont le Fidesz hongrois est le centre de gravité.

On disait Orbán pro-russe, inféodé à Poutine : il vient de prouver, au contraire, que malgré des dissensions et des désaccords sur des positions qu’il qualifie lui-même de « très éloignées », il est à ce jour le seul président « tournant » à s’être comporté comme un adulte vis-à-vis de la Russie. On disait les conservateurs, et les alliés du Fidesz de manière générale, cinglés et populistes, incapables de bâtir quoi que ce soit de constructif – et, du côté des gens raisonnables autoproclamés, on avait tendance à s’en réjouir. Là encore, c’était mal les connaître. Sous-estimer son adversaire, une erreur facile et assez répandue.

Bref, Orbán est à peine arrivé à la tête de l’Union européenne que ça déboîte déjà. Diplomatie non alignée sur les outrances de Washington et alliance des droites : pas trop mal, pour un début. On attend avec impatience les prochains mois. Il n’en a que six pour faire changer les choses, mais ça devrait suffire pour que quelques trucs avancent.

« La chute de Constantinople est un malheur personnel qui nous est arrivé la semaine dernière », disait la princesse roumaine Bibesco (1886-1973), citée par Jean Raspail à la fin du Camp des saints. Il y a, chez les Hongrois, le même douloureux sentiment de proximité du tragique, ce qui explique peut-être la vivacité des décisions d’Orbán. Les Hongrois ont été le rempart de l’Europe contre les Turcs à plusieurs reprises et ont connu le communisme. Les dangers que représentent l’islamisme et le gauchisme leur sont donc parfaitement connus. 

Ils n’ont peut-être pas envie de rouvrir les plaies profondes que ces deux idéologies démoniaques ont faites dans leur Histoire collective. En tout cas, ça commence bien !

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