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lundi 22 juillet 2024

BFMTV au service de Sarkozy : les preuves d’une manipulation

 

 

La rédaction de Mediapart

Dans une enquête vidéo, Mediapart retrace l’opération de manipulation menée par BFMTV pour essayer de sauver Nicolas Sarkozy dans l’enquête sur les financements libyens. 

Des SMS révèlent la collusion entre la communicante de l’ancien président et plusieurs figures de la chaîne. 

L’affaire ne relève pas uniquement du fiasco journalistique mais aussi de la manipulation. Des SMS saisis par la justice et révélés par Mediapart le 10 juillet illustrent l’incroyable mobilisation de responsables et figures de BFMTV pour soutenir Nicolas Sarkozy dans le dossier des financements libyens. Une affaire gravissime dans laquelle l’ex-chef de l’État, qui est soupçonné d’avoir perçu des fonds du dictateur Mouammar Kadhafi pour le financement de sa campagne présidentielle victorieuse de 2007, doit être jugé à partir de janvier 2025.

Le 11 novembre 2020, un mois après une nouvelle mise en examen décisive de Nicolas Sarkozy dans cette affaire (pour association de malfaiteurs), la première chaîne française d’information en continu avait diffusé de manière aveugle une courte vidéo, tronquée et non vérifiée, dans laquelle l’intermédiaire Ziad Takieddine revenait sur toutes ses déclarations précédentes, réhabilitant soudainement l’ancien président. En relation constante avec Véronique Waché, conseillère de Nicolas Sarkozy, l’état-major de BFMTV avait ensuite organisé sa communication les jours suivants, calomniant également Mediapart, à commencer par son président de l’époque, Edwy Plenel (l’intégralité de l’interview téléguidée contre Edwy Plenel est à retrouver ici).

Interrogée lors de notre enquête publiée le 10 juillet, Véronique Waché, véritable tour de contrôle médiatique de l’ancien président, a fait part de son « indignation la plus totale » et de sa « consternation la plus vive » dans une longue réponse envoyée à Mediapart. Le directeur général de BFMTV, Marc-Olivier Fogiel, a quant à lui défendu les choix rédactionnels de la chaîne dans la couverture de l’épisode de la rétractation de Takieddine. « Dans notre relation avec toutes les forces politiques, nous temporisons, faisons redescendre la pression pour que les équipes puissent travailler en toute indépendance, nous a-t-il écrit. Sur la séquence visée comme pour le reste, aucune consigne évidemment n’a été donnée. Chacun a pu travailler en toute liberté en recevant tout le monde. »

La journaliste Ruth Elkrief a pour sa part réfuté toute manipulation. « Lorsque je fais ma proposition d’interview et pendant tout le cours de ces échanges, à aucun moment je ne suis au courant d’une manipulation ou d’un délit quelconque. Je vois d’abord un rebondissement dans une affaire de première importance et c’est en tant que journaliste que j’y vois une opportunité professionnelle. » Concernant la nature de ses échanges avec la communicante Véronique Waché, elle parle enfin de relations « cordiales » et « en aucun cas [d’]une manifestation de sympathie ».

L’éditorialiste Bruno Jeudy a de son côté indiqué qu’il n’avait pas écrit « sur cette partie du dossier Takieddine », ni n’avait été « associé du tout » à la fausse rétractation de l’intermédiaire. Il n’avait été amené à la commenter qu’une ou deux fois sur BFMTV, où il dit avoir découvert en plateau les images de la fameuse interview. Les propos qu’il a tenus auprès de Véronique Waché dans la foulée de la diffusion, faits « à chaud », sont « forcément maladroits, et non destinés au public ».

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