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lundi 8 juillet 2024

Mélenchon : le grand soir est arrivé !


mélenchon 
 

 

Évidemment, il a été le premier à parler, les résultats à peine tombés, Mélenchon. Lyrique, emphatique, sûr de lui et dominateur, M. le maudit tenait sa revanche.

 Enfin, le grand soir qu’il attendait depuis si longtemps ! Mélenchon, flanqué de Panot, Bompard et Obono, n’a pas peur des mots et n’y va pas par quatre chemins : « la gauche, une fois de plus a sauvé la République ».

 Parce que, paraît-il, la République était en danger. Si, si.

En bon révolutionnaire

Ce Nouveau Front populaire qui ne pouvait pas gagner, à en croire les macronistes (soit ils sont sots, soit ils sont criminels), est donc arrivé en tête du scrutin de ces élections législatives. Parler le premier, parler fort, parler haut, parler brutalement. Ce dimanche soir, 7 juillet 2024, 20 heures à peine passées, c’est Mélenchon qui, médiatiquement, donne le la. Certes, il ne devrait y avoir que huit dizaines de députés LFI à entrer au Palais Bourbon, guère plus qu’en 2022, mais si on ajoute les écolos tendance LFI comme Sandrine Rousseau, LFI devrait peser pas loin de la moitié de cette nouvelle NUPES poutouïsée. Et, en bon révolutionnaire, admirateur des Révolution française et bolchevique, Mélenchon sait très bien qu’il n’est pas nécessaire d’avoir la majorité pour peser sur le débat et, au final, s’imposer. On comprend tout de suite cela en écoutant son discours. Fini, les finasseries. Ce n’est pas parce qu’on s’est désisté ici et là pour certains macronistes afin de « faire barrage » qu’on va leur faire des concessions. « Le Président doit admettre sa défaite… Le Premier ministre doit s’en aller… Le Président doit appeler le Nouveau Front populaire à gouverner… Le Président doit s’incliner… »

Mélenchon ne fait pas dans la dentelle sociale-démocrate. Pas son genre. D’ailleurs, poursuit le vieux leader, « nous refusons de rentrer dans des négociations » avec le parti du Président. Ultimatum. Imposer le tempo, imposer le ton. À Macron, bien entendu, mais aussi à la gauche sociale-démocrate, Hollande en tête, qui s’est embarquée dans cette aventure du Nouveau Front populaire, cap à l’extrême gauche. Du haut de la majorité relative du Nouveau Front populaire et du poids tout aussi relatif des Insoumis, Mélenchon met la pression. Le programme du NFP ? Ce n’était pas de la rigolade, pour faire joli : le NFP n’appliquera « que son programme » mais « tout son programme ». À bon entendeur, salut ! Ce soir, on pense très fort à la phrase de Lénine (« Les capitalistes nous vendront la corde avec laquelle nous les pendrons ») et aux gentils bourgeois, tendance Édouard Philippe ou Xavier Bertrand, qui ont préféré voter NFP que RN. N’avaient-ils pas lu ce programme NFP et son cataclysme fiscal en perspective ? « Tout le programme », qu’il a dit Mélenchon. On ne parle même pas de l’immigration... Ils l'avaient sans doute lu, mais ils ne voulaient, ne pouvaient y croire.

Cela dit, on donnera, pour une fois, raison à Darmanin qui voit dans cette déclaration de Mélenchon « beaucoup de prétention ». En effet, car, repétons-le, cette majorité du NFP n’est que relative. Car, aussi, il ne faut pas balayer l’hypothèse que Macron réussisse à s’entendre avec les sociaux-démocrates du NFP pour tenter de dégager une majorité relative alternative. Le diktat de Mélenchon (« nous refusons de rentrer dans des négociations… ») suffira-t-il pour transformer la coalition électorale en coalition gouvernementale ? François Hollande, réélu député, dont on ne peut sous-estimer les qualités tacticiennes, va sans doute peser beaucoup dans les prochains jours. Il fallait lire entre les lignes sa déclaration de ce dimanche soir : « chercher des majorités pour faire voter des textes… » Ce n’est pas tout à fait le grand soir… En revanche, il est un facteur qu’il ne faut surtout pas sous-estimer non plus : c’est la rue, les banlieues. Mélenchon le sait. L’entrée d’un Raphaël Arnault à l’Assemblée sous les couleurs LFI, désormais député de Vaucluse dans la ville où Édouard Herriot fut député, est plus qu’un symbole : l’expression d’une réalité qui nous rapproche peut-être des pires heures de la Révolution française.

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