Son interview au média local LeGlob-Journal, orienté résolument à gauche, tourne en boucle sur les réseaux sociaux.
Interrogée par le journaliste mayennais - subtil comme un éléphant dans un magasin de porcelaine - au sujet de la xénophobie et du racisme de son parti, la candidate RN Paule Veyre de Soras qualifiée au second tour dans sa circonscription de la Mayenne est donc définitivement crucifiée sur l'autel de la dérision bien-pensante pour avoir prononcé ces mots certes assez maladroits mais juridiquement non répréhensibles : « C’est faux et archi faux ! Dans le Rassemblement National, nous avons des juifs, des musulmans, des Espagnols. Moi-même, je suis catalane, mon grand-père est né à Barcelone. J’ai comme ophtalmo un juif. Et j’ai comme dentiste un musulman. »
🇫🇷 "C’est faux et archi faux !" : la candidate RN aux #legislatives2024 Paule Veyre de Soras affirme que le Rassemblement national n’est pas un parti raciste et précise avoir "comme ophtalmo un juif et comme dentiste un musulman". (leglob-journal) pic.twitter.com/WKkgV0JRi5
— Mediavenir (@Mediavenir) July 1, 2024
Depuis, c'est un tsunami de railleries sur les réseaux sociaux; sur les plateaux télés, les journalistes de l'entre soi parisien s'en donnent à cœur joie. Ils savaient déjà les militants du RN moches, méchants, ridicules, incultes, bas du front et mal fagotés; le tableau de chasse s'enrichit ! Sur le plateau de TF1, David Pujadas et ses journalistes en pleurent de rire. Sans chercher à savoir, sans considération aucune de ce qu'est réellement la « vraie » vie de Paule Veyre de Soras une fois la caméra coupée et le brouhaha médiatique retombé.
Quelques petites manip'
Certes la dame semble peu à l'aise ; elle prend le temps de réfléchir et choisit ses mots. À Pierre d'Herbais, qui tient le site local (www.mayenneaujourdhui.com) et qui, outré par le traitement médiatique de cette affaire, lui a consacré un long article sous forme de mise au point, elle s'est confiée sur la manière dont les choses se sont réellement passées : « Malheureusement, j’ai répondu spontanément, mal préparée, cette question m’a mise mal à l’aise (...) Je ne m’attendais pas à ce que l’on me pose ce genre de question stéréotypée, j’ai été prise au dépourvu ».
Et dévoile les dessous de la petite manip journalistique éculée, visible à l'œil nu : « La vidéo du Glob commence déjà par une coupure. Je voulais appuyer sur le respect et la tolérance mais le journaliste a coupé (...) j’ai été déstabilisée, je ne comprenais pas le rapport. » et avoue avec grande sincérité : « Je suis d’un tempérament timide, je n’ai pas eu le temps de gérer mes émotions ».
Si peu d'égalité des chances
Dans ce domaine, Paule Veyre de Soras ne jouit pas d'une réelle "égalité des chances", ce qu'elle explique avec beaucoup de simplicité à Pierre d'Herbais : « Née prématurée, j’ai été victime d’une lourde inflammation qui a impacté mes apprentissages moteurs, dont le langage » (Une information confirmée par son Carnet de santé, que BV a pu consulter). Un handicap qu'elle n'a jamais voulu faire déclarer à l'administration, un défi qu'elle a relevé avec l'aide de son seul courage : « Ce qui aurait pu être perçu comme handicap a été une force pour moi et un combat au quotidien. Toute ma scolarité j’ai du me battre pour lutter contre les stéréotypes et garder confiance en moi. ». Une perte de chance dont elle fait un atout « Mon handicap me rappelle constamment l'importance de l'empathie et de la patience » mais qui lui a été ôté depuis que «des centaines de milliers de commentaires se sont moqués de l’apparence physique et du malaise apparent » . Par méchanceté et par hargne de son étiquette politique.
Car Paule Veyre de Soras coche les mauvaises cases. En plus de concourir sous les couleurs du RN, la minorité à laquelle elle appartient, celle des personnes déficientes, n'est pas aussi glamour à porter que celle des racisés, des LGBT et des keffiehs. Elle n'intéresse personne et, cette affaire le révèle cruellement, autorise tous les coups même les plus bas.
Pourtant la disqualification de cette femme désintéressée qui s'est lancée spontanément dans la bataille électorale (le RN a «avait besoin d’une femme, et m’a dit que j’étais candidate. Pour l’amour du parti et de la France, j’ai dit oui ») est une perte de chance pour la France. « Je suis une personne profonde et voulais donner mon temps au services des Mayennais. Je ne fais pas cela pour la gloire.»
Elle s'est résignée, le cœur serré, «Toute ma scolarité, j’ai du me battre pour lutter contre les stéréotypes et garder confiance en moi. Aujourd’hui, c’est une nouvelle épreuve que je subis encore une fois.» Pourchassée par la presse locale sur son lieu de travail et jusqu'à son domicile encore hier, elle a dû, nous confie Pierre d'Herbais, trouver refuge chez des amis qui l'ont incitée à porter plainte pour harcèlement. «J’ai tellement de respect pour autrui que je ne pouvais imaginer un tel manque de respect envers moi. »
« Ce sont des braves gens qui se présentent parce que l'Assemblée nationale doit être à l'image de la France, pas à l'image de Sciences Po ni à celle de l'ENA » a réagi Marine Le Pen au micro d'Apolline de Malherbe ce jeudi 4 juillet lorsqu'interrogée au sujet de Paule Veyre de Soras. Elle qualifie de « maladresses » l'interview de la candidate au contraire de certains propos tenus par d'autres pour le coup « inadmissibles qui très certainement entraîneront des sanctions » .
La bienveillance et l'inclusion, invoquées comme un mantra et jetées à la figure de la droite par les bien-pensants, disparait dès qu'il s'agit du RN.
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