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lundi 26 février 2024

D’extrême droite, le journal d’extrême gauche La Marseillaise : rien ne les arrête !


 

 Arnaud Florac 25 février 2024

On aura beau dire, malgré toutes les choses qui ne vont pas, et malgré la haine pré-révolutionnaire qui entourait Emmanuel Macron lors de son arrivée au Salon de l’agriculture, il y aura toujours, grâce aux macronistes, des occasions de rigoler. 

Cette semaine, c’est Nadia Hai qui s’y colle. Vous ne la connaissez pas ? 

C’est bien dommage, car son parcours est en quelque sorte exemplaire. Originaire de Trappes, conseillère en patrimoine, elle s’est lancée en politique en 2017 en créant le mouvement « Femmes en marche avec Macron ». Élue députée dans la foulée, elle a été nommée ministre délégué sous Jean Castex. Précisons qu’elle avait été obligée de démissionner de son mandat en 2019 - et donc de provoquer une élection partielle -, car son suppléant avait été mis en examen pour trafic de stupéfiants, afin que ce dernier ne siège pas à l'Assemblée.

Nadia Hai, donc, maintenant que les présentations sont faites, a été choquée par la malveillance de ceux qui  prêtent à Emmanuel Macron des propos qu'il n'aurait jamais tenus. Une phrase malheureuse qu'il aurait prononcée devant les représentants d'un petit syndicat agricole (le Mouvement de défense des exploitations familiales, MODEF) et reprise dans le journal La Marseillaise. L’entretien avec le MODEF date du 19 février, mais les propos ont été rendus publics le 24 février 2024, alors même que le président de la République était en train de trottiner dans les allées du Salon de l’agriculture pour échapper aux paysans - l’image est en train de faire le tour du monde. Emmanuel Macron aurait donc prononcé une phrase « choc », qui se retrouve en couverture : « Les smicards préfèrent des abonnements VOD à une alimentation plus saine. » Cette phrase figure sur le compte rendu de l’audience présidentielle qu’ont rédigé les quatre représentants du MODEF qui y ont assisté. Tous persistent et signent.

 


Comment rattraper cette énième marque de mépris de classe ?

Avec le recours aux vilains pas beaux d’extrême droite, bien sûr ! Nadia Hai n’hésite pas à en faire des caisses : « Jamais le Président Emmanuel Macron n’a prononcé les propos sur les "smicards" qui lui ont été attribués par le journal la Marseillaise. Méfiez-vous des fake news car l’escroquerie intellectuelle de l’extrême droite atteint son paroxysme. » D'abord, elle en sait quoi, la dame, qu'il a jamais dit ça : elle était là, dans un coin de la pièce ? Ensuite, d’extrême droite, La Marseillaise ? C’est un peu léger. Fondé par des communistes en 1943, le quotidien provençal est demeuré exclusivement d’extrême gauche jusqu’en 1997, date à laquelle il a ouvert ses colonnes à d’autres opinions politiques. Parmi ses auteurs phares, on peut citer l’excellent Jean-Claude Izzo, auteur de la trilogie policière Total Khéops (et créateur du héros Fabio Montale), qui fut objecteur de conscience et poète communiste. D’extrême droite, La Marseillaise ! Rien ne les arrête !

L’Élysée, évidemment, a dû sortir les rames. Après avoir affirmé que personne n’avait invité les gauchistes des Soulèvements de la Terre à débattre avec le Président, les conseillers doivent désormais redoubler de fourberie pour expliquer, avec le même aplomb, que jamais Emmanuel Macron n’a eu ces propos sur les smicards. Il n’est pas sûr du tout que cela suffise. Et, même si ces propos sont possiblement vrais, quand on est président de la République, on ne dit pas ça en parlant d’une bonne partie du peuple que l’on dirige.

On dit qu’Emmanuel Macron préfère tout faire lui-même. C’est sûr que, si on était entouré d’une équipe de bras cassés de cet acabit, on ne serait pas loin de l’approuver. L’inculture (voire la bêtise) étend son ombre sur tout le pays : à l’heure où la ville de Carcassonne se trompe dans l'orthographe de ses noms de rues (« Pierre Curry » pour Pierre Curie !), un ex-ministre assimile un journal de gauche à la « mauvaise foi » de « l’extrême droite ». Ils sont épuisants… mais au moins, comme on l’a dit, ils nous font encore rigoler.


 

À ce sujet — [Point de vue] Macron au Salon : entre démentir et mentir… Du calme, M. le Président !

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