La destruction de la centrale hydroélectrique de Kakhovka aujourd’hui signifie que le côté gauche de Kherson sera bientôt inondé, y compris plusieurs villages, que la Crimée aura l’approvisionnement en eau coupé. En outre, le réservoir de Kakhovka était la clé du système d’irrigation dans le sud de l’Ukraine.
Le barrage de Kakhovka touché, les deux parties s’accusent
Selon l’armée ukrainienne, dont les propos sont relayés complaisamment par toute la presse occidentale aux ordres de l’OTAN, « la centrale hydroélectrique de Kakhovka a été détruite par les forces d’occupation russes ». Le commandement sud des forces armées ukrainiennes a également déclaré qu’il enquêtait actuellement sur l’étendue des dégâts, ainsi que sur la vitesse et la quantité d’eau qui affecteraient les zones inondables probables. Le conseiller de Zelensky, Andriy Yermak, accuse la Russie d’« écocide », assurant que les autorités régionales et nationales ukrainiennes s’emploient à assurer les populations locales contre les risques d’inondation. Yermak pense également que l’action de Moscou constitue une menace pour la centrale nucléaire voisine de Zaporizhzhia.
La version de Moscou est totalement différente. Des agences russes, telles que Tass, écrivent qu’un lance-roquettes multiple de type Olkha, fourni par les forces armées ukrainiennes, a été utilisé pour frapper le barrage. Un lance-roquettes qui utilise des munitions guidées et a été développé en 2010 en Ukraine. Il serait alors en service à partir de 2018 et serait utilisé à partir de 2022 avec l’invasion russe. Le chef de l’administration locale pro-russe, Vladimir Leontiev, a déclaré que l’approvisionnement de la péninsule ne devrait pas être interrompu. Le barrage n’aurait été endommagé que « par un bombardement ukrainien » ce qui aurait provoqué une élévation de 2,5 mètres du niveau d’eau dans le bassin. Cependant, le barrage lui-même « n’a pas été détruit » et « il n’y aura pas de catastrophe », a précisé Leontyev, précisant toutefois que l’évacuation d’environ 300 maisons en aval, dans les localités de Korsunki et Dnepryan, pourrait être nécessaire.
Un barrage tellement stratégiqueLe barrage de Kakhovka est situé sur le fleuve Dniepr, à 60 kilomètres de la ville de Kherson. Il s’agit en fait d’une usine stratégique pour l’approvisionnement en eau de la Crimée, annexée à la Russie comme on le sait. La structure a été construite en 1956, mesure 30 mètres de haut et plusieurs centaines de large. Le bassin contient environ 18 kilomètres cubes d’eau et pourrait provoquer d’impressionnantes inondations, au point d’impliquer même la ville de Kherson, reconquise par l’armée ukrainienne fin 2022.
Le gouvernement de Kiev, il y a quelques mois, avait déjà accusé les forces armées russes, qui contrôlent la zone où le barrage a explosé, d’avoir posé des mines dans l’usine dans le but de provoquer des inondations catastrophiques dans les zones voisines, afin de ralentir l’avancée de l’armée ukrainienne.
Avant l’explosion du barrage de Kakhovka, les analystes occidentaux admettaient que l’Ukraine avait le mobile mais pas la Russie
« Toutefois, écrit The Moscou Times, -le quotidien de langue anglaise publié à Moscou, de sensibilité atlantiste-, en raison de la configuration du terrain, les inondations seraient probablement plus graves sur la rive gauche du Dniepr tenue par les Russes, ce qui rendrait peu probable la mise à feu d’explosifs sur le barrage pour Moscou. « Détruire le barrage reviendrait pour la Russie à se faire sauter le pied », a déclaré le mois dernier l’analyste militaire Michael Kofman sur le podcast War on the Rocks. « Il inonderait la partie de la région de Kherson contrôlée par la Russie, bien plus que la partie occidentale que les Ukrainiens sont susceptibles de libérer. L’abaissement du niveau de la rivière derrière le barrage menace à la fois l’approvisionnement en eau de la Crimée annexée par Moscou et risque de couper l’accès à l’eau de refroidissement de la centrale nucléaire contrôlée par la Russie dans la région ukrainienne de Zaporizhzhia. »
De plus, il est essentiel pour alimenter la centrale hydroélectrique de Kakhovka. Sur le papier, ce barrage est donc nécessaire autant à Moscou, si ce n’est plus, qu’à Kiev.
Avant l’explosion du barrage de Kakhovka, les analystes occidentaux « admettaient » d’ailleurs que l’Ukraine avait le mobile mais pas la Russie. Ainsi, le 21 octobre 2022, le représentant permanent de la Russie auprès de l’ONU, Vasily Nebenzya, avait envoyé une lettre au secrétaire général de l’ONU au sujet des plans du régime de Kiev visant à détruire la centrale hydroélectrique de Kakhovskaya.
Maintenant, ces mêmes experts occidentaux essaient d’effacer ces faits d’Internet et prétendent que cet énième acte terroriste, qui pénalise durement la Russie, a été tout de même ordonné par Poutine, comme l’attaque du pont de Crimée et le sabotage de Nord Stream 1 et 2.
Francesca de Villasmundo
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