Depuis plusieurs semaines, il se passe quelque chose du côté de la macronie.
Quoi, exactement ? Une grosse fatigue du candidat ? Une lassitude des électeurs par rapport au « en même temps », à ces coups de barre à gauche et à droite qui ne satisfont personne et agacent tout le monde ? Un bilan du quinquennat dérisoire, voire catastrophique ? Les sondages comme les réactions de l’homme de la rue laissent deviner un puissant vote de rejet.
Il y a d’abord la malchance : dommage que l’affaire McKinsey tombe au moment décisif de la campagne électorale, dommage que notre pouvoir d’achat s’effondre, dommage que l’inflation soit annoncée à 4,4 %, soit le plus fort taux de ces 35 dernières années, dommage que la délinquance ne baisse pas et que l’immigration ne soit toujours pas maîtrisée, dommage que la gesticulation présidentielle n’ait pas évité l’agression de l’Ukraine, alors même que la France présidait le Conseil de l’Union européenne, dommage que l’on déterre ses « erreurs » dans l’affaire Alstom, et dans l’affaire Ghosn…
La chance est un facteur important dans la réussite d’un président, comme dans celle d’un chef d’entreprise. Macron n’en a pas manqué, en cinq ans, mais le voici prisonnier d’une spirale de l’échec. On l’a vu encore avec son rassemblement de La Défense, sa seule réunion électorale : une salle partiellement vide, ce qui reflète une motivation altérée de ses partisans. On l’a vu avec ses terribles lapsus, comme sa condamnation de la légitime défense et ses diatribes outrancières contre « l’extrême droite », contre le « nationalisme », alors même que le monde entier est invité à se mobiliser en faveur du nationalisme ukrainien.
Comme un avion qui se met en vrille, Macron est désormais trop près du sol, c’est-à-dire trop près de l’échéance de dimanche, pour réussir un atterrissage correct.
Un extraordinaire signal pour le second tourLes premières alertes sont venues d’un Edouard Philippe, par exemple. Puis les sondages ont commencé à enregistrer ce qui n’était jusqu’alors qu’un sentiment diffus, celui d’un quinquennat pour rien, en tout cas pour rien de bien, rien de révolutionnaire au bon sens du terme. Au début du mois de mars, alors que s’ouvrait la campagne officielle, Macron flirtait avec les 30 % de voix au premier tour. Mais depuis lors il n’a cessé de baisser, et les derniers sondages (celui de Paris Match, par exemple) le placent à 27 %, tandis que Marine Le Pen est annoncée à 23 %. 4 points d’écart, ce n’est pas rien.
En principe ces chiffres n’annoncent nullement une suprématie de la candidate du RN au soir du premier tour, ni la défaite de Macron le 24 avril. Mais une autre lecture de ces chiffres est possible : celle qui tient compte des dynamiques des deux candidats. Le vote Macron s’érode, les votes Le Pen et Mélenchon progressent. Si Macron recule encore de deux points, et si Marine Le Pen progresse symétriquement, les courbes s’inverseront. Une telle inversion constituerait un extraordinaire signal pour le second tour.Bien entendu le réveil des abstentionnistes peut théoriquement remettre en cause ces sondages prometteurs. Mais ce que l’on sait déjà, c’est que l’abstentionnisme concerne tout particulièrement les classes d’âge les plus jeunes, et les catégories socio-professionnelles en difficulté. Autrement dit un abstentionnisme qui diminuerait le vote Le Pen, alors que les électeurs de Macron se trouvent dans les catégories les plus aisées, et chez les retraités, celles où l’on vote en rangs serrés. Les sondeurs ont tenu compte de cette sociologie électorale pour définir les scores des candidats. Une éventuelle augmentation – même marginale – des votants peut donc créer la surprise dans la surprise.
Tribune reprise de Présent
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