Cela fait partie de ces signes qui font douter d'une réélection de maréchal pour Emmanuel Macron : comment la flambée des prix de l'énergie qui se traduit douloureusement sur les pleins d'essence et les factures de chauffage pour des millions de Français n'aurait-elle aucune conséquence sur le score du candidat Macron ?
Certes, il n'est pas responsable de tout (version lucide des hyperboles macronistes : « Toutes ces crises qu'il a traversées... Quel héros ! »), mais c'est la loi du genre : le Président en exercice est là pour encaisser les colères du moment. Voyez Louis XVI : au mauvais endroit au mauvais moment, comme disent certains quand vous êtes agressé par des racailles.
Mais cette colère « énergétique » contre Macron atteint aussi un autre cercle, relais indispensable entre tout Président et tout candidat et la France profonde, celui des élus locaux des petites et moyennes communes, et pourrait peser dans les urnes le 10 avril.
Le symbole de ce choc énergétique sur les finances des communes est symbolisée par la fermeture de la piscine municipale d'Oissel-sur-Seine, en Seine-Maritime, depuis le 20 mars. Stéphane Barré, le maire communiste de cette commune de 12.000 habitants, a justifié sa décision à Libération : « En 2021, pour les deux premiers mois de l’année, nous avions dû payer 40.000 euros de chauffage pour tous les bâtiments de la ville. Cette année, sur la même période, la facture s’élève à 165.000 euros. »
Et pour les communes comme pour les particuliers, c'est la double ou triple peine : hausse du gaz, de l'électricité et du carburant. Or, elles doivent boucler leur budget pour le 15 avril. Une enquête de l’Association des petites villes de France (APVF) citée par Libé indiquait que 90 % des petites villes étaient concernées. Inutile de dire ce qu'auront en tête ces dizaines de milliers d'élus locaux au moment de préparer l'élection et de glisser leur bulletin dans l'urne.
D'ores et déjà, ces communes ont réagi. Dans l'urgence et de façon spectaculaire. Elles disposent de quatre leviers qui vont démultiplier le mécontentement des administrés. D'abord, des économies de bon sens : extinction de l'éclairage public, baisse de la température de 1 degré. Ensuite, la réduction des services proposés à la population, comme l'illustre la fermeture de la piscine.
Certaines communes ont même suspendu les ramassages scolaires. Et puis il y a les coupes plus nettes dans les budgets municipaux : report d'investissements, non-renouvellement des départs à la retraite. Enfin, la hausse des impôts.Or, avec la suppression de la taxe d'habitation, qui avait privé les communes de leur principale source de financement, Emmanuel Macron avait déjà mécontenté les élus locaux. Ce nouveau choc financier ne va pas resserrer les liens. Certains, interrogés par Libé, ne mâchent pas leurs mots. Pour Christophe Bouillon, président ex-PS de l’APVF et maire de Barentin (Seine-Maritime), « c’est une course sans fin, les maires sont au bord de la crise de nerfs ». Pour Philippe Ginoux, maire LR de Sénas en Provence, « le gouvernement était bien content de nous trouver quand il fallait ouvrir des centres de vaccination du jour au lendemain. Mais lorsqu’on demande de l’aide, plus personne ne nous répond. Quand on est dans la merde et qu’on crie au secours, on nous laisse crever la bouche ouverte. »
« Avec vous » ? Ce n'est pas vraiment ce que ressentent les élus locaux en passant devant l'affiche du Président sortant. Et leurs administrés - « nous tous » , comme dit aussi la propagande électorale du candidat Macron - vont donc être impactés financièrement par de multiples canaux, y compris local.
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