Et l’Union européenne, dans tout ça ? La réaction de la présidente de la Commission européenne ne s’est pas fait attendre à l’annonce de la prise de Kaboul par les talibans.
Ursula von der Leyen a immédiatement relayé le tweet de Josep Borell i Fontelles. C’est qui, celui-là ?
C’est le « haut représentant de l’UE pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, vice-président de la Commission européenne ». Avec un titre ronflant comme ça, on a tout de suite une idée de l’importance du personnage et de son inutilité.
Human life needs to be protected and security and civil order restored. Afghans deserve to live in safety, security and dignity.
— Josep Borrell Fontelles (@JosepBorrellF) August 16, 2021
International community supports and calls on all parties to facilitate safe departure of foreign nationals and Afghans who wish to leave the country. https://t.co/biHeBZqYTY
Ce tweet ? « La vie humaine doit être protégée et la sécurité et l’ordre civil restaurés. Les Afghans méritent de vivre dans la sûreté, la sécurité et la dignité. La communauté internationale soutient et appelle toutes les parties à faciliter le départ en toute sécurité des ressortissants étrangers et des Afghans qui souhaitent quitter le pays. » Tout est dit. Tout est résumé là.
L’impuissance de l’Union européenne réduite à une ONG à la ramasse, condamnée au rôle de suiveuse de l’Histoire. Passons sur les deux premières phrases qui consistent à aligner des lieux communs. Car entre nous, existe-t-il des peuples qui ne mériteraient pas de vivre dans la sûreté, la sécurité et la dignité ? Reconnaissons qu’au concours du meilleur fakir hors-sol, ce monsieur a pris une sérieuse avance. Il est vrai que le pape François n’est pas loin en appelant, lui, à prier « afin que cesse le vacarme des armes et que des solutions puissent être trouvées à la table du dialogue ». Là aussi, l’ONG se surpasse. Les croisiéristes de Kaboul doivent bien s’amuser en lisant ces perles de culture occidentale pondues par les lointains héritiers des croisés.
Dans les prochains jours, probablement, l’Union européenne, la France, Emmanuel Macron se satisferont, certes à raison, que l’évacuation des ressortissants étrangers se sera bien déroulée. Au moment où nous écrivons ces lignes, des renforts militaires et des moyens aériens sont sans doute en train d’être déployés aux Émirats arabes unis pour procéder à l’évacuation de nos compatriotes, comme l’a indiqué, dimanche, Jean-Yves Le Drian, ministre de l’Europe (!) et des Affaires étrangères. Mais cette évacuation, opération militaire et logistique délicate s’il en est, ne doit pas cacher l’échec total de l’Occident en Afghanistan. Comment ne pas repenser à toutes ces théories sur la conquête des « cœurs et des esprits », à la fameuse « tâche d’huile » inspirée de Gallieni, largement diffusées et enseignées dans nos armées occidentales au plus fort de la présence « otanienne » dans ce pays indomptable ?
À la remorque de l’Histoire, le haut représentant de l’UE pour les affaires étrangères et la politique de sécurité demande que l’on facilite le départ des Afghans qui souhaitent quitter leur pays. Quitter le pays est une chose. Mais pour aller où ? On a déjà une petite idée. On a eu la Syrie, nous aurons sans doute l’Afghanistan. Les fabricants de bougies peuvent se frotter les mains. Pour le coup, l’Histoire risque de bégayer. C’est cynique ? Si on raisonne en ONG, oui. Si on raisonne en État, non.
Mais, très certainement, le grand Européen qu’est Emmanuel Macron voudra nous faire croire que l’échec de l’Occident en Afghanistan est la démonstration qu’il nous faut plus d’Europe. Bravo, en tout cas, pour la réactivité de Mme von der Leyen.
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