Guillaume Peltier voudrait montrer qu’il est le modèle parfait de l’opportunisme politique qu’il ne s’y prendrait pas autrement.
Avant les élections régionales, il déclarait qu’« [il ne se] lève pas le matin contre le Rassemblement national » et qualifiait le front républicain d’« imposture ».
Il se disait proche de Robert Ménard et affirmait que, face à un duel Macron-Le Pen à la présidentielle, il voterait blanc. À la veille d’une réunion des Républicains pour définir les modalités du choix de leur candidat, le numéro 2 du LR pratique un rétropédalage, annonçant dans Le Parisien son soutien à Xavier Bertrand.
Le parcours de Guillaume Peltier est fluctuant, la constance de ses positions n’est pas sa qualité première. Après avoir, dans sa jeunesse, milité au Front national, il rejoint le MNR de Bruno Mégret, puis rallie, en 2001, le Mouvement pour la France de Philippe de Villiers, qu’il quitte en 2009 pour adhérer à l’UMP. En 2012, il lance le mouvement La Droite forte, avant d’être nommé deuxième vice-président des Républicains, quand Laurent Wauquiez est aux commandes, et vice-président délégué du parti après l’élection de Christian Jacob. « Ce n’est pas la girouette qui tourne, c’est le vent » : cette formule d’Edgar Faure lui va comme un gant.
Cet « ambitieux au parcours sinueux », comme titrait Le Monde du 19 septembre 2020, n’a pas fini de nous surprendre par sa capacité à jouer le caméléon en fonction de ses intérêts. Si l’on ne lui dénie pas, à ses débuts, une certaine fidélité à la droite souverainiste, il semblait déjà avoir une fâcheuse tendance à marcher dans les pas de celui qui avait le vent en poupe, ce qu’on peut, à la rigueur, lui pardonner. Mais la volonté d’être toujours du côté du présumé gagnant le conduit à renoncer à ses convictions, s’il en a : il soutient aujourd’hui Xavier Bertrand, dont l’ennemi n° 1 est le Rassemblement national et qui ne représente pas, loin de là, la droite dure.
Qui sait ? Peut-être se justifiera-t-il en expliquant à ses amis Républicains que Xavier Bertrand est le candidat de droite le mieux placé contre Emmanuel Macron, oubliant, ou feignant d’oublier, que le président réélu des Hauts-de-France ne s’affiche en adversaire résolu du locataire de l’Élysée que depuis qu’il aspire à prendre sa place.
Peut-être invoquera-t-il aussi son amitié indéfectible pour cet homme, dont il a dit l’an dernier, selon Le Courrier picard, qu’il « incarn[ait] la droite populaire » et se targuera-t-il d’être l’aile droite de son ami dans sa course à la fonction suprême.Il n’est pas certain que Xavier Bertrand apprécie cet ami encombrant, prêt à manger à tous les râteliers. Il est vrai que le prétendant à l’Élysée semble de la même veine. En 2015, il a accepté, sans sourciller, que la gauche se désistât en sa faveur et il ne cache pas qu’en cas de duel Macron-Le Pen au second tour, il appellerait sans hésiter à voter Macron. Sans compter qu’après avoir dénoncé les « dérives » du parti LR et s’en être séparé, il aspire à s’imposer comme le sauveur de la droite. Parions que tous les Républicains ne lui accorderont pas d’emblée leur faveur.
Bref, Guillaume Peltier ne tirera pas grande gloire de ce nouvel épisode. Il aura du mal à faire croire qu’il est autre chose qu’un opportuniste, avec pour seule motivation l’appétit du pouvoir et la quête d’un portefeuille. Non content de rabaisser encore davantage la confiance qu’on peut avoir dans la classe politique, il risque fort d’être déçu à l’arrivée. Dans cette partie de poker menteur, il pourrait bien tout perdre, y compris le peu de crédit qui lui reste.
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