15 mars 2020 / Hervé Kempf (Reporterre)
Le gouvernement a publié dimanche 15 mars un décret préparant le recours aux personnels de l’armée.
Celle-ci envisage depuis quelques années la possibilité d’une pandémie comme celle d’aujourd’hui, ainsi que le montre un scénario qu’elle avait commandé en 2014, que révèle Reporterre.
Le gouvernement a publié au Journal officiel du 15 mars un décret relatif à l’affectation temporaire des militaires.
Le texte permet l’affectation temporaire dans des organismes civils de militaires pour une durée limitée.
Parmi ces organismes, on relève notamment les établissements de santé publics ou privés, les groupements de coopération sanitaire.
Décryptage du texte par un général interrogé par Reporterre : « Le texte organise le cadre réglementaire pour pouvoir affecter des spécialistes de l’armée — notamment les infirmiers et médecins des armées — dans un hôpital en temps de crise. »
L’armée est en effet équipée pour pouvoir gérer des situations sanitaires d’urgence, et ses moyens pourraient venir compléter un service hospitalier public en surchauffe.
« Ce dispositif ne concerne pas le maintien de l’ordre », précise le gradé, en pensant au confinement général envisagé par les autorités. « Ce serait l’objet d’autres textes. »
Lundi 16 mars après-midi, le ministère des Armées a publié un tweet indiquant que le texte n’avait « aucun lien avec le Covid-19 » et était « une simple mesure de rédaction juridique ».
Qui permettra donc aux militaires compétents d’être affectés, par exemple, dans des services de santé.
Si le ministère des Armées avait répondu aux questions que Reporterre lui a posées dimanche après-midi, nous aurions bien sûr informé nos lectrices et lecteurs de cette réponse.
DANS LES DOSSIERS DE L’ARMÉE, LE SCÉNARIO DE LA PANDÉMIE
Les services d’analyse de la Défense nationale élaborent en
permanence des scénarios sur des situations apparemment improbables.Le texte permet l’affectation temporaire dans des organismes civils de militaires pour une durée limitée.
Parmi ces organismes, on relève notamment les établissements de santé publics ou privés, les groupements de coopération sanitaire.
Décryptage du texte par un général interrogé par Reporterre : « Le texte organise le cadre réglementaire pour pouvoir affecter des spécialistes de l’armée — notamment les infirmiers et médecins des armées — dans un hôpital en temps de crise. »
L’armée est en effet équipée pour pouvoir gérer des situations sanitaires d’urgence, et ses moyens pourraient venir compléter un service hospitalier public en surchauffe.
« Ce dispositif ne concerne pas le maintien de l’ordre », précise le gradé, en pensant au confinement général envisagé par les autorités. « Ce serait l’objet d’autres textes. »
Lundi 16 mars après-midi, le ministère des Armées a publié un tweet indiquant que le texte n’avait « aucun lien avec le Covid-19 » et était « une simple mesure de rédaction juridique ».
Qui permettra donc aux militaires compétents d’être affectés, par exemple, dans des services de santé.
Si le ministère des Armées avait répondu aux questions que Reporterre lui a posées dimanche après-midi, nous aurions bien sûr informé nos lectrices et lecteurs de cette réponse.
DANS LES DOSSIERS DE L’ARMÉE, LE SCÉNARIO DE LA PANDÉMIE
En 2014, l’armée a commandé à l’Iris, un centre d’études internationales, un rapport sur les effets que pourrait avoir le changement climatique sur les activités militaires (Conséquences du dérèglement climatique pour le ministère de la Défense).
Plusieurs scénarios avaient été établis par les chercheurs, dont celui d’une pandémie.
Le voici, tel que présenté dans le rapport, p. 69 :
Au cœur de l’été 2026, la France savoure quelques semaines de répit. L’année a été difficile, notamment marquée par une grève de plus de 45 jours de tous les fonctionnaires des services publics de santé, épuisés par les coupes budgétaires opérées sans discontinuer depuis dix ans. Une grève populaire, alors que les indices de morbidité ne cessent de se dégrader. Personne n’a remarqué que, comme en Grèce, en Italie et en Espagne, les services de surveillance des maladies vectorielles et tropicales se sont largement étiolés durant ces années. Le gouvernement n’a cependant rien cédé sur le fond, sauf à la marge, ce qui a permis au mouvement de s’arrêter avec la satisfaction d’avoir obtenu une contrepartie.
À la suite d’un printemps singulièrement pluvieux, une canicule s’est abattue sur le pays pendant le mois de juin. L’État, les collectivités locales et les populations ayant appris à s’adapter, ses conséquences n’ont pas été trop graves : on ne dénombre qu’environ 300 décès dus à une chaleur intense, un chiffre dans la moyenne des quatre canicules de la décennie passée. En juillet, il a plu abondamment, mais sans excès, et enfin, au début du mois d’août, la météo retrouve une tonalité estivale plus classique.
Cependant, dans le nord de l’Italie, a éclaté une épidémie de dengue : par dizaines, et bientôt par centaines, des Lombards meurent de fièvre hémorragique. Les services hospitaliers, eux aussi affaiblis par des années de crise, sont débordés, les médicaments manquent, le gouvernement est démuni et rapidement renversé à l’Assemblée.
Mais à peine les médias français répandent-ils les nouvelles transalpines que la panique se propage à Nice, à Toulon, à Marseille, tout au long de la Côte d’Azur. Des cohortes de moustiques envahissent la région : les victimes sont encore peu nombreuses, mais les routes sont encombrées de touristes qui fuient en masse le littoral. Les services publics, en latence durant l’été, tardent à prendre la mesure du phénomène et ne réagissent pas immédiatement. Les chiffres de l’infection commencent à être connus — plus de 500.000 personnes touchées, selon le professeur de l’Institut Pasteur, Jean-Marc Marnac, descendu en urgence, et de sa propre initiative, à Marseille. Le 12 août, il tient une conférence de presse avec des collègues médecins, pour dénoncer l’impéritie des autorités et annoncer que plus de mille personnes sont déjà décédées. Le lendemain, alors que le gouvernement tient une réunion d’urgence, c’est au tour de collègues lyonnais de déclarer devant les caméras de télévision que l’épidémie a gagné Lyon, où ils recensent déjà 224 décès dus à la dengue.
Le soir même, la Première ministre, Charlotte Bonfait, intervient solennellement à l’hôpital du Val de Grâce, à Paris. Elle annonce une série de mesures : mobilisation de tous les fonctionnaires des hôpitaux qui doivent revenir de vacances ; réorganisation de la Protection civile sous la houlette du préfet du Nord, Pascal Hansin, en remplacement de Pierre Pitoef, qui est destitué ; mobilisation de tous les services de gendarmerie pour réguler les flux de populations et d’automobiles qui ont transformé, depuis trois jours, le couloir rhodanien en un embouteillage géant où ambulances et autres véhicules prioritaires peinent à se frayer un passage. La Première ministre annonce aussi le recours à l’armée :
Dès le soir, le chef d’état-major, le général Justin de La Rafort, annonce la mise en œuvre de ces mesures, non sans faire remarquer devant les micros tendus que l’armée déploie en même temps une importante mission en Arctique. »
- les engins militaires seront requis pour déblayer les routes ou déplacer les véhicules immobilisés ;
- les militaires passeront dans les habitations distribuer des lettres d’information et des kits de protection ;
- ils répandront des pesticides dans les zones repérées par les spécialistes sous la coordination du Professeur Jean-Marc Marnac.
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