On connaît la susceptibilité de l’actuel président de la Turquie, Recep Erdoğan, son nationalisme viscéral et son islamisme radical.
Meilleur allié des Frères musulmans conquérants, il est leur cheval de Troie au cœur de l’Europe, comme on l’a déjà montré au sujet de la Bosnie-Herzégovine .
La Syrie et la Libye ne sont que des moyens détournés pour contrarier les diplomaties occidentales ; c’est contre l’Europe, en premier lieu, qu’Erdoğan est en guerre diplomatique, économique et financière.
Tout est bon pour « laver l’affront » – ressenti, interprété comme tel – des réticences de pays européens à l’entrée de la Turquie dans l’Union européenne.
Il est vrai que, depuis trente ans, les dirigeants européens n’ont pas été clairs ni constants sur ce sujet, y compris en France.
On se souvient du revirement inexpliqué de Jacques Chirac qui était résolument contre avant son élection en 1995, puis favorable.
On doit avoir, à ce niveau de responsabilité, des informations et des visions auxquelles « le petit peuple » dont nous faisons partie n’a pas accès.
À moins qu’en secret, la Turquie se soit déclarée prête à reconnaître en contrepartie le génocide des Arméniens (1.200.000 morts en 1915-1916) ou ses torts dans l’annexion, toujours illégale depuis 1974 mais tolérée, de 30 % du territoire chypriote – ce dont on peut douter.
Parmi les moyens de vengeance internationale – autant de motifs symétriques de glorification nationale –, il y a l’argent, bien sûr.
Pour affaiblir économiquement l’Union européenne qui en manque et la diviser politiquement, et pour faire diversion de la désastreuse politique économique turque, dont Erdoğan cherche à faire endosser la responsabilité à l’Union européenne et aux États-Unis.
Rappelons que plus de dix milliards d’euros ont déjà été donnés par l’Union européenne à la Turquie – et continuent d’être déversés de la sorte chaque année – au double titre de la préparation à son adhésion (!), programmée en des temps pourtant révolus, et à la protection de ses frontières face à l’immigration clandestine en provenance d’Asie, du Moyen-Orient et d’Afrique.
C’est là qu’Erdoğan a trouvé le point faible de l’Union européenne, sujet de discorde entre immigrationnistes idéologiques ennemis des États-nations et tenants réalistes d’une immigration maîtrisée à l’échelle nationale, choisie, comme ailleurs dans le monde.
Entre naïveté et incompétence – les deux allant souvent de pair, parfois armés de bons sentiments – et volonté délibérée de dissoudre les pays européens, « familles de familles » selon Gabrielle Cluzel dans son dernier ouvrage Enracinés, les activistes et leurs innombrables relais et idiots utiles ne manquent pas.
« Il n’y aura pas d’appel d’air migratoire en Europe. »
Combien de fois a-t-on entendu répéter ce discours dans tous les médias gauchisants dominants français, y compris par des démographes, des économistes et autres experts autoproclamés ? Évidemment, on a été nombreux à ne pas croire ce mantra, mais le sujet est maintenant utilisé comme moyen de rétorsion et de chantage par le président de la Turquie.
Soyons lucides, honnêtes et courageux.
La Turquie, qu’on a longtemps présentée avec naïveté comme « le meilleur élève de l’OTAN », n’est plus un membre crédible de l’Alliance atlantique.
Siège du Centre d’excellence OTAN contre le terrorisme auquel la France a été bien inspirée de ne pas participer, la Turquie en a perdu sa légitimité.
On connaît le fantasme d’Erdoğan : que l’Union européenne supplie la Turquie de bien vouloir lui faire l’honneur d’entrer dans ses rangs.
Les technocrates européens auront-ils le courage de résister ?
Jean-Michel Lavoizard
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