Depuis l’élection d’Emmanuel Macron et la fusion des partis politiques de l’ancien monde dans un monde nouveau et « en marche », mais aussi avec le développement du transgenre ou du genre indéterminé que chacun s’emploie à déterminer comme il le souhaite ou à laisser tel quel, notre société en général et son paysage politique en particulier foisonnent de mutations, toutes plus étranges les unes que les autres.
On avait déjà vu apparaître, dès 2015, dans l’agglomération de Béziers, un premier mutant, répertorié par les docteurs en sciences politiques sous le nom de « Lacasaboudupla » (union de divers élus d’étiquettes différentes pour empêcher Robert Ménard d’accéder à la présidence de l’Agglomération), précurseur du macronisme, et qui avait réussi à opérer, face au péril hitlérien, et dans le vivre ensemble, la fusion alchimique, physique et cérébrale de la droite, de la gauche et d’un centre indéterminé.
Ce phénomène a pris les formes les plus inattendues et les mutations, transmutations et autres recyclages se sont multipliés, un peu comme dans un monde de fiction sociologique, avec des êtres hybrides et colorés comme les Schtroumpfs de Peyo ou les non moins célèbres Shadoks (métaphore et préfiguration du gouvernement actuel) bercés et rythmés par la voix de Claude Piéplu (qui fit connaître aux auditeurs de France Culture, en 2002, la prophétie annonçant le futur mouvement d’union En Marche !), ils pompaient et pompaient invariablement et à longueur de temps, pour n’arriver à rien du tout.
Mais voilà que, ces derniers jours, à la surprise générale, on apprenait l’existence d’une nouvelle mutante, une entité politique androgyne, inconnue à ce jour, une sorte de sphinge qui pose des questions dont tout le monde se fiche : la « Schiappanouna ».
Incarnation parfaite du en même temps macronien, être fémino-masculin intégralement paritaire, puisqu’il est homme et femme à égalité, composé d’un corps de ministre dans lequel on a greffé un cerveau d’animateur de télévision, la « Schiappanouna » est censée pouvoir se rapprocher d’un peuple que, jusqu’à présent, le macronisme avait chassé de ses cercles supérieurs et d’une élite technocratique tellement intelligente que plus personne ne comprend ce qu’elle fait ou ce qu’elle raconte, mais dont tout le monde voit les effets désastreux qu’elle produit sur notre pays.
La Schiappanouna est une créature particulièrement remarquable : à sa tendance naturelle, sa capacité inouïe à dire n’importe quoi, elle ajoute l’art de la blagounette.
Forte d’un organisme génétiquement modifié pour la télévision, elle est censée, par la magie de son propos de ministre animateur, être comprise d’un peuple qu’elle doit assimiler à une bande d’imbéciles, répondre à toutes ses interrogations et résoudre, ainsi, la crise des gilets jaunes.
La Schiappanouna se caractérise aussi par une volubilité qui la fait ressembler à un moulin à paroles incontrôlé, à tel point que certains ont même voulu créer une cagnotte qui lui serait remise si elle consentait à se taire, que ce soit en tant que femme politique ou en tant qu’animateur télévisuel.
Plus saoulante que l’alcool de navet, plus pénible qu’un trimestre de pluie lorsqu’on est seul avec un disque des discours de l’ex-Président Chirac, la Schiappanouna sera bientôt sur nos écrans.
Il paraît que Macron espère ainsi que les gilets jaunes, épuisés, demanderont grâce et accepteront ses conclusions, sans broncher, à l’issue d’un débat national qu’elle contribuerait à écourter.
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