Le 08/03/2018
Marie Delarue
Comme son clone Alain Minc, voilà bien quarante ans qu’Attali a table ouverte dans les médias de toute sorte pour nous asséner la fulgurance de ses analyses.
Jacques Attali, vous connaissez ?
C’est l’homme qui sait tout sur tout et le fait savoir.
Il le susurre à l’oreille des puissants, il le tartine à longueur d’ouvrages et le claironne dans des conférences fort lucratives.
Attali prétend penser pour nous le monde de demain.
Décryptant l’avenir, il est le visionnaire que le monde nous envie, penseur « au service des nouvelles générations », comme dit sa fiche Wikipédia, concepteur d’un monde nouveau où l’on délaissera l’« économie individualiste » fondée sur le court terme pour évoluer vers une économie « fondée sur l’intérêt général et l’intérêt des générations futures ».
Toutefois, donneur de leçons appartenant au vieux monde, il a su profiter au maximum de l’économie individualiste avant d’imposer aux autres le partage…
Comme son clone Alain Minc, voilà bien quarante ans qu’Attali a table ouverte dans les médias de toute sorte pour nous assener la fulgurance de ses analyses.
Homme moderne, il utilise les outils de la modernité et précise, sur son compte Twitter : « Je bloque toutes insultes, je ne réponds pas aux fausses citations de moi, j’utilise Twitter pour informer et apprendre. »
Sauf que… Sauf que l’information est plutôt de la désinformation et qu’on ne sait dans quel sens il faut entendre le verbe apprendre.
Car, à l’évidence, Attali ne comprend rien au monde dans lequel il vit et n’a jamais appris de ses erreurs !
Pour preuve, ce dernier post :
« Les élections italiennes montrent ce qui peut arriver aux pays européens qui ne font rien pour intégrer les exilés légalement présents sur leur territoire. Et en particulier pour leur permettre de travailler au plus tôt. »
Voilà, donc, la fine analyse d’un monsieur qui a publié plus de 70 ouvrages pour nous expliquer la marche du monde.
Les réponses, cinglantes, peuvent se résumer à celle-ci : « J. Attali, prenez votre retraite. Vous n’avez plus rien à apporter à notre pays (si tant est que vous lui ayez un jour apporté qque chose) C’est à cause de visions déconnectées de la sorte que le PS a fait faillite et que notre pays est dans un tel état. Un peu de modestie, dégagez ! » « Exilé est un mot snob pour qualifier l’état de migrant et la légalité n’est qu’un euphémisme pour dire qu’on ne maîtrise pas l’illégalité. Tout cela pour expliquer la présence de l’extrême droite alors qu’elle est simplement la conséquence d’un ras le bol du peuple… » écrit un autre, analyste de bon sens sur une réalité qui crève les yeux.
C’est aussi le sens de la chronique de Sylvie Kauffmann, éditorialiste au Monde.
Le « point commun à toutes les insurrections électorales qui secouent les démocraties occidentales depuis trois ans » en Europe, écrit-elle, « c’est la résistance à l’immigration massive ».
Face à l’aveuglement des « élites » façon Attali, elle affirme : « C’est un fait politique majeur, il est incontestable, et il faut l’analyser avant que tout le continent ne bascule dans le rejet total d’un phénomène qui, qu’on le veuille ou non, ne s’arrêtera pas. »
À mesure, en effet, que déferlent les flots migratoires, on voit les États de l’Union européenne et les démocraties occidentales basculer vers la droite comme des dominos.
En 2015, c’est la Pologne.
En 2016, « deux scrutins ébranlent l’Europe et le monde » : en juin, les Britanniques optent pour le Brexit, et en novembre, Trump s’installe à la Maison-Blanche.
Au printemps 2017, le Front national arrive en seconde position à la présidentielle française, et à l’automne, « l’extrême droite entre au gouvernement à Vienne, au Parlement à Berlin ».
Enfin, ce 4 mars 2018, c’est l’Italie où « la frustration de l’électorat face à l’absorption forcée de plus de 600.000 étrangers, réfugiés et migrants économiques arrivés par la mer, a engendré un euroscepticisme sans précédent ».
Alors, comme écrit Sylvie Kauffmann, « le moment est peut-être venu d’affronter cette question comme ce qu’elle est, une tendance structurante de long terme, et non une crise accidentelle ».
Sans le secours d’Attali, ce serait mieux.
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