C’est dans un appartement de la rue de la République, à Beaumont-sur-Oise (Val-d'Oise), qu’Adama Traoré a été interpellé.
LP/Frédéric Naizot
LP/Frédéric Naizot
|Frédéric Naizot|31 juillet 2017
Me Bosselut, l’avocat d’un des trois gendarmes ayant arrêté Adama Traoré le 19 juillet 2016 à Beaumont-sur-Oise, s’exprime pour la première fois sur les conditions de l’interpellation.
Dans le salon de l’appartement de la rue de la République à Beaumont-sur-Oise (Val-d'Oise), Adama Traoré est interpellé par trois gendarmes le jour de ses 24 ans, le 19 juillet 2016.
Il décédera peu après dans la cour de la gendarmerie.
Dans un rapport adressé ces derniers jours à sa hiérarchie, que nous avons pu consulter, le chef de patrouille revient sur les détails de cette arrestation, confirmant son audition en tant que témoin devant l’Inspection générale de la Gendarmerie nationale (IGGN).
Le gendarme écarte catégoriquement que le jeune homme aurait eu à supporter le poids des trois militaires sur son corps.
Il conteste la thèse défendue par la famille d’Adama Traoré, pour qui cela aurait entraîné une mécanique fatale au jeune homme, dénonçant ainsi depuis un an une bavure des gendarmes.
La scène se déroule «dans l’obscurité», Adama est «en position ventrale au sol».
Il se débat.
Le chef de patrouille décrit tout d’abord l’action du gendarme G. : «Il s’est occupé d’immobiliser les membres inférieurs.
Il a utilisé la technique d’enroulement de la jambe.»
Et cite la fiche 52-02 «Maîtrise sans arme de l’adversaire - technique élémentaire» correspondant à cette technique.
Le chef de patrouille indique qu’Adama refuse de présenter ses mains.
«Il gardait les bras fortement contractés sous son corps, ne nous permettant donc pas de nous assurer qu’il était non armé.»
Il décrit son collègue H. qui s’occupe du bras gauche : «Il a tiré mécaniquement jusqu’à parvenir à le faire sortir, puis a immobilisé le bras jusqu’au menottage effectué par mes soins.
Il n’a à aucun moment été sur le dos d’Adama.
Dans le même esprit, je me suis occupé du bras droit.
Je n’étais pas alors sur l’individu. »
Ce qui est selon lui « mécaniquement impossible».
Il souligne l’absence de violences.
Les gendarmes «sont traînés dans la boue depuis un an»
Pour son avocat Me Rodolphe Bosselut, qui avait jusqu’à présent préféré garder le silence tout comme ses clients, ces déclarations sont en phase avec les conclusions des experts : deux autopsies et deux expertises anatomopathologiques (analyses des tissus).
«J’ai lu avec attention ce qui a été écrit sur les expertises. Elles confirment à 100 % ce que disent les gendarmes», indique-t-il.
«Ce qui est aujourd’hui clairement acté, c’est qu’il n’y a pas de traces de violences. Rien qui puisse être à l’origine du décès. Le menottage et l’immobilisation des jambes n’ont pas entraîné la mort.» Les traces relevées aux chevilles et à l’épaule valident, selon lui, la version des gendarmes.
Tout comme l’absence d’hématomes au niveau du dos ou du thorax.
La côte cassée étant le fruit des manœuvres de réanimation des secours.
«Il n’y a pas d’asphyxie mécanique. Il arrive un moment où les faits sont têtus», ajoute l’avocat.
Il précise que les gendarmes, «qui sont traînés dans la boue depuis un an», n’ont reçu à ce jour aucune convocation pour être entendus prochainement par le magistrat instructeur.
Ils ne sont aujourd’hui pas mis en examen.
«Pour moi, il est évident que ce n’est pas une asphyxie mécanique liée à l’intervention des gendarmes. On perd connaissance au moment de l’asphyxie, pas plusieurs minutes plus tard», souligne pour sa part Me Caty Richard, l’avocate des autres militaires intervenus avant qu’Adama ne se réfugie dans l’appartement.
L’origine de l’asphyxie aiguë toujours inconnue Adama Traoré est mort des suites d’une asphyxie aiguë.
Mais l’origine de celle-ci, malgré deux autopsies et deux expertises anatomopathologiques (examen des tissus), n’a pas pu être déterminée avec certitude.
«La mort est secondaire à un état asphyxique aigu, lié à la décompensation - à l’occasion d’un épisode d’effort et de stress - d’un état antérieur plurifactoriel association notamment une cardiomégalie (NDLR : un cœur volumineux) et une granulomatose systémique de type sarcoïdose (NDLR : une maladie inflammatoire)», indiquent dans leurs conclusions du mois de juin les derniers experts.
Concernant le cœur volumineux, les experts indiquent dans leur rapport que ses causes précises «ne peuvent être établies ici».
Mais que cette cardiomégalie «témoigne bien d’une anomalie qui peut s’être décompensée sur un mode aigu à l’occasion d’un effort».
Ils posent la question d’un trouble du rythme cardiaque, d’une poussée d’insuffisance cardiaque.
Ils évoquent aussi, avec prudence, l’éventualité d’une asphyxie mécanique.
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Mais l’origine de celle-ci, malgré deux autopsies et deux expertises anatomopathologiques (examen des tissus), n’a pas pu être déterminée avec certitude.
«La mort est secondaire à un état asphyxique aigu, lié à la décompensation - à l’occasion d’un épisode d’effort et de stress - d’un état antérieur plurifactoriel association notamment une cardiomégalie (NDLR : un cœur volumineux) et une granulomatose systémique de type sarcoïdose (NDLR : une maladie inflammatoire)», indiquent dans leurs conclusions du mois de juin les derniers experts.
Concernant le cœur volumineux, les experts indiquent dans leur rapport que ses causes précises «ne peuvent être établies ici».
Mais que cette cardiomégalie «témoigne bien d’une anomalie qui peut s’être décompensée sur un mode aigu à l’occasion d’un effort».
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Ils évoquent aussi, avec prudence, l’éventualité d’une asphyxie mécanique.
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