Le 28/08/2017
Pascal Célérier
Le baromètre mensuel Ifop-JDD est formel : ce n’est plus un tassement ou une chute, c’est un effondrement.
Le baromètre mensuel IFOP-JDD est formel : ce n’est plus un tassement ou une chute, c’est un effondrement qu’accuse la courbe de popularité du président de la République au mois d’août.
Après une baisse de 10 points en juillet, il perd 14 points en août, totalisant désormais une majorité de 57 % de mécontents, dont 20 % de « très mécontents ».
Du jamais-vu pour un Président au bout de quatre mois. Imaginez : Nicolas Sarkozy bénéficiait encore de 69 % d’opinions favorables à la même date, François Hollande de 54 %, et même Chirac n’avait perdu « que » 20 points, et non 24…
Voilà pour le record.
Les raisons ?
Évidentes. Les causes conjoncturelles ?
Tous les petits rabotages budgétaires.
Baisse de l’APL ?
Macron perd 14 points chez les 18-24 ans.
Hausse de la CSG et cafouillage sur la taxe d’habitation ? -16 chez les retraités.
S’il est donc logique que Macron dévisse davantage encore chez les ouvriers pour qui la question du portefeuille est légitimement centrale (-18), il est assez étonnant qu’il fasse un –15 chez les « cadres et les professions intellectuelles supérieures » et un –22 chez les écologistes.
Visiblement, M. Villani et M. Hulot ont du mal à assurer le service après-vente de leur produit.
Et c’est toucher ici la grande fragilité de notre Jupiter : entre lui et nous, aucun intermédiaire, et donc aucun fusible.
Sa majorité parlementaire a montré son amateurisme.
Son gouvernement est muet, en dehors des numéros comiques de M. Castaner.
Quant à M. Philippe, qui brille surtout par une inconsistance qu’il a lui-même théorisée (« Je ne suis pas un super héros »), le Président l’entraîne dans sa chute.
Mais cet effondrement généralisé, qui touche toutes les tranches d’âge, toutes les catégories sociales et toutes les préférences partisanes (-14 au PS, -15 chez LR) est aussi structurel.
C’est la rançon du « et de droite et de gauche ».
M. Macron perd sur les deux tableaux, et doublement.
Ses mesures d’économie libérales lui aliènent la gauche.
Sans pour autant lui rallier la droite, car timides et violemment dirigées contre les ministères régaliens (Armées, Intérieur).
Et l’on pourrait faire la même analyse avec la politique migratoire.
Pour toutes ces raisons (fragilité originelle de l’électorat disparate qui l’a élu et nouvelles mesures de rigueur budgétaire encore à venir), l’effondrement du Président va se poursuivre.
Car n’oublions pas qu’il dispose encore de 40 % de satisfaits, lui qui n’avait obtenu que 24 % au premier tour.
Quand on se souvient que M. Hollande fit un 28 % et finit cinq ans plus tard à un 10 % d’opinions favorables qui l’empêcha de se représenter, on se dit que M. Macron a encore une bonne marge de régression.
Comment ?
Par la même recette qui lui a si bien réussi en 2017 : susciter l’ascension d’un opposant « extrémiste » qui lui assurerait une seconde élection par défaut.
De ce point de vue, les débuts de M. Macron sont exemplaires : il s’est choisi l’opposition qu’il fallait, avec la complicité d’une droite sans unité et sans leader.
Car, de ce sondage IFOP-JDD, on a moins commenté un autre chiffre révélateur : celui de la personnalité qui « peut le mieux incarner l’opposition à Emmanuel Macron dans les années à venir ». Et c’est M. Mélenchon qui arrive en tête, à 59 %, devant Mme Le Pen, à 51 %.
Nul doute que la perspective Mélenchon remobiliserait, derrière M. Macron, les armées d’électeurs retraités qui craignent tant pour leurs portefeuilles, ainsi que les vestiges de la droite libérale et conservatrice.
Alors, Macron, pire que Hollande ?
Une chose est sûre : il n’a pas fini d’aligner les records.
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