Le 17/06/2017
Joachim Véliocas
Il va falloir que Yanis Khalifa nous explique comment concilier le programme politique des Frères musulmans avec celui de La République en marche.
Ce jeune ingénieur informatique de 27 ans a un engagement civique déjà dense : membre du bureau du MoDem de son département, membre du conseil d’administration d’une association de dialogue interconfessionnel (Coexister), il a surtout commencé son activisme aux Étudiants musulmans de France (EMF), dont il fut le chargé de communication.
Ce syndicat étudiant, qui a fait des scores honorables dans les années 2000, est le pseudopode estudiantin de l’UOIF, les Frères musulmans, en France.
D’ailleurs les galas de fin d’année se célèbrent au sein de l’école d’imams de l’UOIF, l’IESH (Institut européen des sciences humaines), dans ses bâtiments de Saint-Denis.
Il n’est donc pas étonnant de retrouver Yanis Khalifa dans plusieurs éditions du congrès annuel de l’UOIF, appelé pompeusement Rassemblement annuel des musulmans de France, en tant que conférencier en 2015 et repéré sur une estrade avec Tariq Ramadan en 2016.
Lors de l’édition 2016, Khalifa était donc aux côtés des prédicateurs islamistes suivants, stars de la journée :
Issam Al Bachir, Frère musulman pro-Hamas, secrétaire général adjoint de l’UISM (Union internationale des savants musulmans) que préside le psychopathe Youssef Al-Qaradawi.
En juin 2013, il a signé un communiqué d’appel au djihad armé en Syrie.
Omar Abdelkafy, d’origine égyptienne mais interdit de résidence en Égypte pour appartenance à la confrérie islamiste.
Au début des années 90, Abdelkafy prêchait à la télévision publique, mais fut censuré en 1994 pour avoir interdit aux fidèles de saluer les chrétiens.
Il s’est fait remarquer pour avoir menacé du « châtiment de la tombe » les femmes non voilées en 2011.
Au lendemain des attaques de janvier 2015 à Paris contre Charlie Hebdo et l’Hyper Cacher, Abdelkafy livra son analyse toute personnelle des événements : « Cette pièce de théâtre, dans laquelle les musulmans sont confinés ad nauseam dans le monde entier, est la suite de la comédie du 11 septembre. »
On l’écoute militer pour le retour d’un califat conduit par les Frères musulmans, nier le génocide arménien et préconiser le djihad, notamment contre les « hypocrites » (conférence du 14 juillet 2013 à Saint-Louis de La Réunion).
Pour Iquioussen, « les évêques, les curés, les rabbins exploitent les petites gens en prenant leur fric, abusent de leurs femmes » (conférence du 5 octobre 2013 à la mosquée de Dunkerque).
Il est évident que Yanis Khalifa sait où il met les pieds lorsqu’il se rend au rendez-vous annuel des Frères musulmans en France.
D’ailleurs, il est le premier à prendre la plume pour défendre les Frères en Tunisie.
Ainsi, le 30 août 2012 sur sa page Facebook, il pestait contre les médias français accusés de « parti pris anti-Ennahda », nom du parti islamiste de Rached Ghannouchi, lui aussi star du congrès de l’UOIF dans de nombreuses éditions.
Ghannouchi a prévenu : « On ne saurait concevoir de société islamique laïque, ou de musulman laïc que si ce n’est en renonçant à ce qui est essentiel en islam » (interview accordée au quotidien Algérie actualité du 12 octobre 1989).
Il va falloir maintenant que Yanis Khalifa nous explique comment concilier le programme politique des Frères musulmans avec celui de La République en marche.
L’exercice s’annonce périlleux.
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