Le 09/02/2017
Jean-Michel Leost
Najat Vallaud-Belkacem, telle une Atride, pourrait donc bien jeter sa malédiction sur Benoît Hamon et se perdre avec lui.
Si Benoît Hamon l’emportait, Najat Vallaud-Belkacem aimerait bien rester ministre de l’Éducation nationale : c’est ce qu’elle a indiqué, mardi, dans un entretien au journal Libération.
Ne croyez pas que ce soit par goût du portefeuille.
Non !
C’est par serviabilité.
Si elle souhaite rempiler, c’est parce que « le meilleur service à rendre à l’Éducation nationale, au-delà des personnes, serait de lui consacrer un ministre durable qui conduise une politique cohérente sur le long terme ».
Il faut la remercier pour son abnégation.
Après avoir échangé quelques mots acerbes avec Manuel Valls pour une histoire de burkini, elle l’a soutenu lors de la primaire, le considérant comme « le leader naturel de la gauche de gouvernement ».
L’ex-Premier ministre défait, elle trône, dimanche, à la gauche de Jean-Christophe Cambadélis, à la cérémonie d’investiture de Benoît Hamon.
Elle se dit « prête à mener le combat ».
N’allez pas l’accuser d’opportunisme !
Elle ne mange pas de ce pain-là.
C’est parce qu’elle respecte le verdict des urnes et la discipline du PS.
D’ailleurs, « Benoît Hamon n’est pas le doux rêveur que certains ont décrit », rassure-t-elle.
C’est « quelqu’un qui a exercé des responsabilités durant ce quinquennat et qui a fait adopter des textes intéressants quand il était en charge de l’Économie sociale et solidaire ».
Merci de montrer, dans un théâtre politique où trop d’acteurs sont enclins à changer de masque, l’exemple de la constance et de la discipline !
Il faut dire qu’elle n’a pas grand mal à s’inscrire dans le projet éducatif du vainqueur de la primaire.
N’estime-t-il pas que la refondation de l’école voulue par Vincent Peillon va dans le bon sens ?
Lui-même l’a prolongée durant son bref séjour rue de Grenelle et Najat Vallaud-Belkacem, avec sa fameuse réforme du collège, a mis la cerise sur le gâteau.
Dévouement suprême : elle affirme être « en train de rédiger [des] propositions pour enrichir [son programme] ».
Le problème, c’est que la loi Peillon et ses nouveaux rythmes scolaires, la réforme du collège et ses EPI en trompe-l’œil sont rejetés par une grande majorité des Français, y compris de gauche.
Quelles que soient, par ailleurs, leurs options, ils ne veulent surtout pas que se poursuivent, dans ce domaine, les errements passés : ils ne veulent pas reconduire la bonne élève du gouvernement mais lui donner congé.
« Le quinquennat va s’achever sur un bilan en matière d’éducation dont je suis éminemment fière ! », s’est-elle félicitée, la veille, sur France Inter.
Elle est bien la seule à partager ce sentiment, avec les idéologues qui l’ont inspirée : de plus en plus de parents et de professeurs – cela fait du monde ! – contestent son bilan.
Les électeurs de gauche, abusés par Maître Hollande, ont juré qu’on ne les y prendrait plus : beaucoup penchent vers Jean-Luc Mélenchon.
À supposer qu’il rejoigne Hamon – hypothèse hautement improbable dans la conjoncture actuelle –, leurs politiques éducatives, notamment, sont irréconciliables : le candidat socialiste devrait manger son chapeau.
Najat Vallaud-Belkacem, telle une Atride, pourrait donc bien jeter sa malédiction sur Benoît Hamon et se perdre avec lui.
Peut-être même la candidate aux législatives, dans la circonscription de Villeurbanne, sera-t-elle remerciée.
l est vrai qu’il lui reste la possibilité, selon les résultats du premier tour, de rallier Emmanuel Macron, l’homme pour qui « il n’y a pas de culture française ».
Alors, elle se mettra « en marche ».
Dans l’intérêt de l’Éducation nationale, bien sûr !
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