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mercredi 28 septembre 2016

Cette France des classes moyennes qui paye tout deux fois !

 


Le 28/09/2016
Gabrielle Cluzel


Cette France-là n’est ni la France périphérique – celle d’en bas – ni la France stratosphérique, celle de l’élite, tout en haut.

La lecture du Figaro de ce mardi 27 septembre suffit à esquisser les contours de la France de demain.

On y lit qu’entre santé et éducation, un quart des dépenses des ménages est pris en charge par la collectivité.
 On y découvre, plus loin, qu’à l’hôpital, « il y a une agression toutes les 30 minutes ».
 On y apprend, encore ailleurs, que l’école est « toujours plus inégalitaire » et « fait partie des pays de l’OCDE dont le niveau des élèves défavorisés a le plus baissé ».

L’école est en ruine : le niveau y est de plus en plus faible, l’insécurité de plus en plus forte, les professeurs de plus en plus démunis, les élèves de plus en plus disparates, les programmes de plus en plus abscons.
L’hôpital va mal, en particulier les urgences – surpeuplées, accueillant du furoncle à l’AVC, sorte de tour de Babel à l’ambiance électrifiée où chacun se désole à voix forte de devoir attendre.
 Et attendre. Et attendre.
Où les patients étrangers s’énervent de ne pas être compris et de ne pas comprendre, quand ils ne font pas montre de « revendications religieuses ».
 Où les médecins en renfort ne parlent pas toujours, eux-mêmes, correctement français.
Où le personne médical en général court et fait claquer les portes, parque l’un sur un brancard, fait rouler l’autre jusqu’à un box, ne sachant plus où donner de la tête.


Alors, peu à peu, une certaine France des classes moyennes en prend son parti, par force.
 L’État-providence est devenu l’État-imprudence, puis l’État-défaillance, enfin l’État-impuissance.

Parce que, contrairement à ce que son nom indique, il n’est pas Dieu.

Il a ses limites. Et par un orgueil insensé, le nie. Le tonneau des Danaquoi ?

Cette France-là ne ne pourra plus compter sur lui.
 Il le lui a d’ailleurs clairement fait comprendre en l’excluant peu à peu du champ des allocations familiales – modulées, soumises à conditions de ressources, à plafond, à plancher, à palier… -, allez ouste, du balai, bande de bourges.
Mais, en revanche, on comptera toujours sur elle pour cracher au bassinet, car en contribuable solvable, elle continuera à financer des services publics défaillants, boiteux, mais dispendieux, « prenant en charge un quart des dépenses des ménages ».
 Enfin, des autres ménages.

Pour l’école, la cantine, elle passera deux fois à la caisse : la première, par ses impôts, la deuxième, en réglant l’école privée de ses enfants.
Où ils trouveront enfin la sérénité.

Il en sera bientôt de même de l’hôpital, qui devient peu à peu impraticable.
Bienvenue dans les cliniques privées, où des médecins correctement rémunérés viendront – viennent déjà – se réfugier.
Et peut-être, aussi, à moyen terme, des forces de l’ordre : certains disent déjà qu’agent de sécurité est un métier d’avenir… pour faire des rondes, dans quelques années, dans des quartiers protégés où les riverains, excédés des « incivilités », se seront organisés ?

Cette France-là n’est ni la France périphérique – celle d’en bas – ni la France stratosphérique, celle de l’élite, tout en haut.
La première n’a pas les moyens de s’offrir un service privé, la deuxième y recourt depuis très longtemps.
C’est la France médiane pour laquelle budgétiser un double « service » représente un sacrifice, mais est encore possible. Bientôt, on l’accusera d’avoir créé un pays à deux vitesses.

Quand, en réalité, son acceptation tacite de désengorger les services publics qu’elle a pourtant financés permet à ceux-ci, quoique branlants, de donner encore le change.

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