Le 21/07/2016
Marie Delarue
Et pourquoi pas l’Irak ou la Syrie, puisqu’il s’agit de donner aux Parisiens le goût des échanges culturels hauts en couleurs ?
Elle n’a pas de chance, madame Hidalgo, ou alors elle a un flair qui devrait lui ouvrir toutes grandes les portes de la reconversion quand elle aura quitté la mairie de Paris : voyante extra-lucide.
Une jolie petite roulotte sur le parvis de l’hôtel de ville, avec des géraniums en plastique aux fenêtres sous un rideau de cretonne rouge : « Madame Hidalgo, voyance, retour d’affection, prévision d’attentats, inversion des courbes du chômage », etc.
Paris Plages, ses tonnes de sable, ses palmiers, ses brumisateurs, ses policiers en arme, ouvre aujourd’hui ses transats et ce cru 2016 s’annonçait sous les meilleurs auspices.
Sauf que… sauf que madame Hidalgo a eu l’idée de coupler des opérations de tourisme mercantilo-culturel avec la bronzette.
Autrement dit de parrainer la quinzaine commerciale de nos amis du Maghreb.
Et là, comment vous dire, la pythie n’a rien vu venir, ou alors trop bien…
L’an passé, déjà, en août 2015, Anne Hidalgo s’était attiré les critiques avec sa journée joliment intitulée « Tel Aviv sur Seine ».
Il s’agissait d’une « journée culturelle et festive » visant à faire « découvrir la culture, la gastronomie ou les loisirs » de la deuxième plus grande ville d’Israël.
Bronca du côté du Parti de gauche, la conseillère de Paris Danielle Simonnet soulignant « l’indécence » de cette manifestation « une année après les massacres sur la bande de Gaza par l’État et l’armée israélienne (sic), et alors que le gouvernement israélien intensifie sa politique de colonisation ».
Bruno Julliard montait alors à la tribune pour défendre sa patronne : il ne faut pas faire « l’amalgame entre la politique brutale du gouvernement israélien et Tel Aviv, ville progressiste, symbole de paix et de tolérance », disait-il.
Et l’on envoya la troupe en nombre et armée jusqu’aux dents pour surveiller la distribution des falafels.
Cette année, une semaine après l’attentat de Nice dont l’auteur est tunisien, c’est… la Tunisie qui est à l’honneur.
« Du 20 au 24 juillet, une partie de la voie Georges-Pompidou se transformera en “Quai Jasmin” pour promouvoir la destination tunisienne et ses atouts culinaires, artisanaux et culturels. Tunis et Sousse, particulièrement affectées par les attaques terroristes, sont cette année en tête d’affiche », se réjouit la mairie de Paris.
Comme le rapporte Jeune Afrique, « pour 2016, le cœur de la capitale française “battra au rythme de l’été tunisien”, a fièrement indiqué Bouraoui Limam, le responsable de communication de l’ambassade de Tunisie à Paris ».
En un sens, il n’a pas tort, monsieur Bouraoui Limam : la Tunisie sera cet été au cœur des Français.
À l’heure où je vous écris, on attend l’inauguration de cet événement.
Il doit avoir lieu tout à l’heure en présence de madame Hidalgo bien sûr, mais aussi de Selma Elloumi Rekik, ministre du Tourisme et de l’Artisanat de Tunisie, ainsi que des maires de Tunis et de Sousse et de l’ambassadeur de Tunisie à Paris.
Je me demande si l’on aura invité l’ineffable Estrosi et son ombre Philippe Pradal, le maire de Nice que tout le monde cherche…
Quant à madame Hidalgo, si elle cherche des idées de partenariat pour l’année prochaine, on peut lui suggérer l’Égypte du maréchal Sissi ou, peut-être, la Turquie d’Erdoğan, à moins qu’elle ne préfère le Yémen ?
Et pourquoi pas l’Irak ou la Syrie, puisqu’il s’agit de donner aux Parisiens le goût des échanges culturels hauts en couleurs ?
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