Le 07/05/2016
Henri Saint-Amand
Jean-Paul Huchon serait recasé au poste de président de l’Autorité de régulation des activités ferroviaires et routières.
La France des copains et des coquins a encore frappé.
Selon les informations du Parisien et du Monde du 6 mai, l’ancien président de la région Île-de-France, Jean-Paul Huchon, serait recasé par le gouvernement de Manuel Valls au poste de président de l’Autorité de régulation des activités ferroviaires et routières (ARAFER).
En soi, ça ne poserait pas de problème si l’homme était loin du départ de l’âge à la retraite et si le poste était bénévole.
Mais voilà, Jean-Paul Huchon va fêter ses 70 ans en juillet prochain et le poste, qu’il va prendre pour six ans, va lui rapporter la coquette somme de 148.000 euros bruts par an !
Pas loin de 10.000 euros nets par mois.
Chacun ou presque ignore que l’ARAFER a été créée en décembre 2009 pour réguler les transports ferroviaires en France, et qu’elle était présidée, jusqu’à présent, par l’ancien député-maire de Chanteloup-les–Vignes Pierre Cardo.
L’ARAFER est aux locomotives ce que l’ARCEP (Autorité de régulation des communications électroniques et des postes) est aux fréquences radio et ce que la Commission de régulation de l’énergie (CRE) est à l’électricité.
Qu’importe.
L’intérêt, ici, est de recaser ses copains.
Le népotisme est presque devenu la marque de fabrique de cette fin de règne. Hollande, qui a l’esprit de corps, a recasé d’ailleurs une bonne partie de ses amis de la promotion Voltaire.
À l’approche de l’élection présidentielle, le rythme va s’accélérer.
Mais tous, à gauche comme à droite, favorisent cette pratique depuis des décennies.
On recase un proche à un poste prestigieux : un ancien député à la Cour des comptes, un autre au FMI, un ancien conseiller dans la préfectorale ou bien dans l’inspection générale d’un ministère quelconque, etc.
François Mitterrand avait bien nommé son fils Gilbert conseiller aux Affaires africaines, Jacques Chirac avait chargé sa fille Claude de sa communication, tout comme Napoléon avait mis ses frères et ses sœurs sur les trônes des pays conquis.
Après tout, la puissance publique s’exprime aussi par ce pouvoir discrétionnaire.
À la décharge de Jean-Paul Huchon, on peut toujours arguer qu’il a présidé le Syndicat des transports d’Île-de-France (STIF) pendant neuf ans.
Ce qui lui confère une certaine légitimité.
Mais la ficelle est décidément trop grosse.
Cette nomination ne trompe personne.
Elle gêne d’autant plus et paraît d’autant plus scandaleuse que Jean-Paul Huchon va cumuler les bénéfices sonnants et trébuchants de cette fonction avec sa retraite d’administrateur civil, celle des différents petites « piges » dans le privé (il a notamment travaillé pour François Pinault) et de président de la région.
Ce qui lui procurera près de 20.000 euros (nets) de rente par mois…
Voilà de quoi fait bouillir de rage les cinq millions de chômeurs que compte notre pays.
Et celui qui voulait une présidence exemplaire s’est encore pris les pieds dans le tapis.
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